Le budget total mobilisé pour le projet Re-Med s’élève à 3 millions d’euros, dont une contribution de l’Union européenne (à travers le nouveau programme de coopération internationale transfrontalière du bassin méditerranéen IEV CTF) de l’ordre de 2,7 millions d’euros. Ce projet vise à développer l’économie circulaire dans quatre pays : la France, l’Italie, la Tunisie et le Liban. Plus de détails avec M.Chokri Ncib, coordinateur général du projet RE-Med. Interview.
Pouvez-vous nous présenter le projet RE-Med ?
RE-Med a été mis en place pour réduire les impacts environnementaux et sanitaires dus aux défaillances de la gestion des déchets de construction et de démolition (DC&D). Il vise à transférer et expérimenter des technologies permettant de transformer ces DC&D en ressources pour la construction et l’entretien des routes. Le projet comprend le développement d’une filière de recyclage des DC&D afin d’en faire un levier pour la transition sociétale, environnementale des territoires méditerranéens.
Le projet mettra en œuvre des formations structurées, des communications scientifiques et de vulgarisation, des guides méthodologiques, des projets de normes et des modèles économiques efficients pour intégrer la dimension du développement durable dans le secteur routier. Il entend également soutenir les ministères de l’Environnement tunisien et libanais afin de faire évoluer la réglementation, faciliter l’utilisation d’un ratio de granulats recyclés dans la construction de routes, et ouvrir un marché des déchets de construction.
En Tunisie, peut-on recycler tous nos déchets ?
Tous nos déchets non, mais on peut recycler un bon pourcentage qui peut atteindre 80% du gisement. Cela nécessite un tri sélectif en amont et une technologie qui permettrait d’extraire les gaz et les convertir en électricité. Le reste des déchets devrait être enfoui selon les normes environnementales.
Depuis la révolution industrielle, notre modèle économique est principalement linéaire : les ressources naturelles sont extraites en quantité croissante pour produire des biens et services, consommées puis jetées en fin d’usage. Aujourd’hui, il est possible de changer de modèle, en limitant notre consommation, utilisant le moins possible de ressources, recyclant ce qui peut l’être, passant ainsi à une économie circulaire.
Quels sont les enjeux de l’économie circulaire?
L’économie circulaire accorde une place aussi importante aux enjeux économiques, en l’occurrence l’emploi. Le développement de nouveaux business model, basés sur l’écoconception, la réutilisation, l’économie de la fonctionnalité ou la consommation collaborative, peuvent être d’importants gisements d’emplois dans les années à venir. La circularité de l’économie peut également avoir des effets bénéfiques sur la qualité et la pérennité des emplois créés. Le principe de proximité sous-jacent à l’économie circulaire implique la création d’emplois locaux non délocalisables. Changer de modèle économique permet d’envisager des voies de reconversion, plus pérennes aux secteurs industriels en déclin. Le recyclage, qui est l’un des piliers de l’économie circulaire nécessite quatre fois plus d’emplois que l’enfouissement.
Le projet va permettre après son évaluation, — si elle est concluante —, de généraliser cette expérience à toutes les communes, et de donner une seconde vie aux déchets de démolitions.
L’économie circulaire couvre toutes les étapes de la vie des ouvrages/produits, à savoir : la conception, la production et la réalisation, la distribution et l’usage sans oublier la valorisation des déchets. Selon l’Ademe, l’économie circulaire peut se définir comme un système économique d’échange et de production qui, à tous les stades du cycle de vie des produits (biens et services), vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources et à diminuer l’impact sur l’environnement tout en développant le bien-être des individus.
Les entreprises du secteur de bâtiment peuvent se baser sur les principes de l’économie circulaire afin d’améliorer leurs performances environnementales, et ce, à travers l’approvisionnement durable, c’est-à-dire l’élaboration et la mise en œuvre d’une politique d’achats responsables (sélection des fournisseurs sur des critères environnementaux…). L’Écoconception est une démarche qui consiste à diminuer, dès sa phase de conception, les impacts environnementaux d’un produit ou d’un service tout au long de son cycle de vie. L’Écologie industrielle et territoriale est une recherche de synergies éco-industrielles à l’échelle d’une zone d’activités ; les déchets d’une entreprise pouvant devenir les ressources d’une autre. L’Économie de la fonctionnalité est une forme d’économie collaborative qui privilégie l’usage à la possession et tend ainsi à vendre des services liés aux produits plutôt que les produits eux-mêmes. Le recyclage est un traitement et une valorisation des matières contenues dans les déchets collectés.
Les principaux défis auxquels l’économie circulaire fait face s’articulent autour de plusieurs axes dont la synergie entre les différents intervenants dans la chaîne de valeur des produits (fournisseur, producteur, consommateur, recycleur, …), le renforcement du partenariat public / privé et l’adaptation des travaux de recherche et de développement scientifiques dans le domaine de recyclabilité des déchets.
Après l’adoption par la Commission européenne du pacte vert en décembre 2021 visant la neutralité carbone à l’horizon 2050, plusieurs plans d’action introduisant l’économie circulaire et l’émission carbone sont en cours de réalisation.