2022 est devant nous, et sa loi de finances, encore improbable, obligatoirement réductrice, est signée. Il y a des conclusions à tirer et des résolutions à prendre. C’est cela ou l’inconnu (le pire), ainsi l’exige la situation.
Deux conclusions s’imposent à tous. Précédent tout.
La première est que dix années de mauvaise gouvernance nous reviennent à la face, et que nous en supporterons inévitablement le coût. Trop de gaspillage, trop de négligence, trop d’imprévoyances, et un surendettement jamais atteint, à la longue le pays «trinque». Nous «trinquons». Les responsables ? Les politiques, bien sûr, gens de convoitises ou honnêtes incompétents, qu’importe, le résultat est là. Mais les politiques sont aussi nos élus. Nous avons voté et revoté pour eux. Quasiment les mêmes sur trois élections. La note est lourde, néanmoins avouons, ne l’avons-nous pas tous un peu cherché ?
Seconde conclusion, ô combien utile, nécessaire, désormais: pas besoin, pour l’heure, de brandir des enseignes, de clamer des slogans, de manifester, de contester, de défendre un idéal, de lancer un projet, la réalité seule, la dure réalité, doit dicter sa loi. Les adversaires du «25 juillet» dissonent, plutôt aujourd’hui. L’urgence vitale est-elle pour le «retour à la légalité» ou pour le salut économique du pays ? La feuille de route de Kaïs Saïed, sa consultation populaire et son référendum envisagé, jusqu’à certaines de ses «mesures d’exception» ne paraissent plus si opportuns, non plus. Le Président, lui-même, le reconnaît, malgré lui. Il parle d’une loi de finances qui ne «répond pas à toutes les attentes du peuple, mais qui prime, qui doit primer sur tout à présent».
2022 est devant nous, mais il ne comptera, vraiment, que par nos apports les plus réalistes, les plus adéquats. Par nos meilleures résolutions, tous, sans exception. Avec, tout d’abord, l’alerte économique et sociale étant, le retour au dialogue avec les principaux corps intermédiaires. Le propos concerne surtout le dialogue avec les syndicats des travailleurs et du patronat dont le FMI (unique prêteur restant) exige la présence et l’accord.
Avec, aussi, l’abandon des deux côtés, pour et contre le «25 juillet», des idéalismes qui ne servent, pour le moment, à aucune solution. La sagesse comme l’intérêt du pays dictent d’admettre la nouvelle configuration politique et de différer son traitement jusqu’après la sortie de crise. Car enfin ! A quoi sert-il d’investir les rues, de s’époumoner pour la légalité et la constitution à l’heure où la faillite menace ? A quoi rime d’entraîner la population dans une nouvelle forme de «démocratie» alors qu’il manque l’essentiel aux caisses de l’Etat ?
La sagesse et l’amour dû à ce pays rappellent enfin à une vertu historiquement nôtre : celle de l’union à l’heure du danger. Ce fut le cas pendant les invasions étrangères, ce fut le cas durant la colonisation. Ce fut le cas à Bizerte, et lors de l’édification. Le péril menace et insiste, hélas, voilà plus d’une décennie. Main dans la main, espérons, décidons, nous y mettrons fin dès ce 2022.