En Tunisie, la société du Canal de Provence (SCP) travaille sur de nombreux projets d’ingénierie, notamment dans le domaine des infrastructures d’irrigation et de la gouvernance de l’eau. Une succursale « SCP Tunisie » a été créée en 2015. Ce bureau permet à la SCP d’être prestataire de services d’ingénierie dans le pays. Le mode de fonctionnement est d’établir une synergie entre les experts du siège et les experts tunisiens de SCP Tunisie et des bureaux d’études cotraitants
Pouvez-vous nous donner d’amples éclairages sur vos projets d’investissement en Tunisie?
Nos projets sont destinés à l’export, à l’exception de quelques- uns « clé en main », il est rare que nous investissions directement dans des infrastructures ou des équipements. En tant que prestataire de services d’ingénierie de l’eau et de l’environnement, nous investissons dans les ressources humaines. La SCP a ouvert plusieurs agences en Afrique, en Asie, aux Caraïbes ou dans les territoires d’Outre-mer. Notre agence en Tunisie est un modèle de développement que nous aimerions, à terme, reproduire dans les autres agences d’Afrique. L’atout de la Tunisie est, d’une part, sa proximité géographique, économique et culturelle avec la France et, d’autre part, de disposer d’un bon système d’éducation et d’experts de qualité. Aujourd’hui, notre agence en Tunisie s’appuie sur deux ingénieurs salariés et plusieurs experts indépendants avec lesquels nous essayons de partager notre savoir-faire et, au besoin, de leur assurer des formations.
Quelle appréciation faites-vous sur le climat des affaires en Tunisie ?
A l’échelle internationale, le climat des affaires a été fortement impacté par la crise sanitaire du covid-19. De même pour la Tunisie, dont l’environnement des affaires a été impacté par une crise aussi bien sanitaire que politique et économique. Pour ces raisons, dans cette période d’incertitude, qui a enregistré une augmentation vertigineuse de la dette publique, les bailleurs internationaux sont dans l’attente de plus de visibilité. La conjoncture devrait s’améliorer, car les entreprises et les financeurs auront besoin d’avoir confiance en la capacité de la Tunisie à relever les défis. La Tunisie, à l’instar du Maroc, doit être une porte d’entrée pour les entreprises d’Europe dans le continent africain.
Comment se portent les entreprises face à cette conjoncture difficile?
Il est vrai que la crise sanitaire pèse lourdement sur l’économie tunisienne, notamment sur le secteur du tourisme. Toutefois, les prévisions de croissance dans le monde pour 2022 sont plutôt prometteuses. Si la croissance a été faible en 2020, la reprise s’est amorcée en 2021 et devrait se poursuivre en 2022, et impacté la Tunisie qui est proche de l’Europe. La Tunisie a conclu des accords bilatéraux visant à renforcer les investissements avec plusieurs pays partenaires européens et devrait progressivement bénéficier de la reprise qui s’est amorcée en Europe.
La conjoncture au niveau mondial est impactée par le coût des matières premières, du transport et de l’énergie. Les entreprises se replient partiellement sur leur marché domestique, notamment du fait du coût du transport qui pèse de plus en plus. A travers sa proximité avec l’Europe, la Tunisie pourrait bénéficier de ce recentrage des activités.
En ce qui concerne la SCP, durant cette crise sanitaire, la plupart de nos expatriés sont restés dans leur pays d’expatriation, mais pour les ingénieurs du siège, les modalités de travail et de vie ont dû être revues pour assurer la continuité de l’activité. Nous restons confiants pour l’avenir, même si ce contexte difficile et les restrictions de voyage ont un peu ralenti notre activité d’ingénierie à l’international.
Les entreprises tunisiennes dans notre secteur d’activité (ingénierie) sont compétitives sur le marché africain et devraient continuer à s’y développer avec succès. Dans un contexte de forte concurrence, le défi pour les entreprises sera de développer les compétences, notamment dans les dispositifs innovants et de garantir un bon niveau de formation. Les entreprises ont besoin de professionnels capables d’innover, mais aussi de valoriser leurs services.
Pensez-vous que le cadre juridique existant est adapté au contexte économique post-covid ?
Le contexte économique post-covid sera de plus en plus numérique. La Tunisie devrait simplifier le cadre juridique et fiscal pour les entreprises nationales ou étrangères souhaitant y investir. Cela pourrait passer, notamment, par des services publics plus performants qui intègrent la transformation digitale. Pour s’installer et exercer en Tunisie, les entreprises internationales font face à des démarches administratives, comptables et fiscales assez lourdes qui sont parfois un frein au développement.
Comment peut-on évaluer l’évolution des relations économiques tuniso-françaises dans les prochaines années ?
L’évolution des relations bilatérales dépendra, bien sûr, de la stabilité politique en Tunisie. Néanmoins, la Tunisie restera toujours un partenaire économique de premier plan pour la France et vice versa. Le tissu économique et les nombreux programmes d’échanges universitaires avec la France favorisent une proximité et une façon de travailler assez proche entre nos deux pays.