Bien que le baromètre du commerce des marchandises de l’OMC ait signalé un ralentissement de la croissance du commerce au cours des derniers mois de 2021, il reste conforme à la tendance. Toutefois, l’émergence du variant Omicron semble avoir fait pencher l’équilibre des risques du mauvais côté, ce qui augmente la probabilité d’obtenir un résultat moins favorable.
L’Organisation mondiale du commerce (OMC) a publié, le 20 décembre dernier, une analyse sur le commerce international des marchandises pour le troisième trimestre de 2021. Cette analyse qui fait ressortir que malgré un contexte très défavorable, qui a contribué à la baisse au troisième trimestre, le volume des échanges a néanmoins augmenté de 11,9% entre le début de l’année et le mois de septembre. Un résultat qui reste, selon l’OMC, légèrement inférieur aux prévisions commerciales les plus récentes de l’Organisation datant du 4 octobre, et qui anticipaient une hausse de 12,7% au cours de la même période.
Des prévisions encore réalisables
La prévision d’une augmentation de 10,8% du commerce des marchandises, pour l’ensemble de l’année 2021, pourrait encore se réaliser si les données relatives au quatrième trimestre montraient une reprise de la croissance en volume. Selon l’OMC, il s’agit d’une réelle possibilité, puisque les mesures visant à débloquer les ports de conteneurs sur la côte ouest des Etats-Unis ont donné quelques résultats. De plus, bien que le baromètre du commerce des marchandises de l’OMC ait signalé un ralentissement de la croissance du commerce au cours des derniers mois de 2021, il reste conforme à la tendance. Toutefois, l’émergence du variant Omicron du Sars-CoV-2 semble avoir fait pencher l’équilibre des risques du mauvais côté, ce qui augmente la probabilité d’obtenir un résultat moins favorable.
Du côté des volumes échangés sur le plan international, la valeur du commerce mondial des marchandises a continué de grimper au troisième trimestre, car les prix à l’exportation et à l’importation ont fortement augmenté. Le commerce mondial mesuré par la moyenne des exportations et des importations a augmenté de 24%, en glissement annuel au troisième trimestre. Cette croissance est plus faible que le bond de 46% enregistré au deuxième trimestre, mais plus forte que l’augmentation de 15% enregistrée au premier trimestre. La valeur des échanges a été dopée par les produits primaires, y compris les combustibles, dont les prix ont plus que doublé entre le troisième trimestre de 2020 et le troisième trimestre de 2021.
Selon les statistiques du FMI, les prix des combustibles ont chuté en novembre après avoir culminé en octobre, mais ils ont augmenté de 137% en glissement annuel. Dans le même temps, les prix des produits alimentaires ont augmenté de 23% et ceux des métaux communs de 13% par rapport à l’année précédente. Les prix de nombreux produits manufacturés ont également augmenté, faisant grimper l’inflation mesurée dans de nombreuses économies.
Importations et exportations en baisse
L’OMC attribue la baisse du volume du commerce des marchandises au troisième trimestre et principalement aux importations plus faibles que prévu en Amérique du Nord et en Europe. Cela s’est traduit par une diminution des exportations en provenance de ces régions et également d’Asie. Les importations asiatiques se sont contractées au troisième trimestre, mais cette baisse a été anticipée dans les prévisions commerciales d’octobre.
Toujours d’après l’Organisation mondiale du commerce, les exportations corrigées des variations saisonnières ont diminué d’un trimestre sur l’autre au troisième trimestre en Amérique du Nord (-1,9%), en Amérique du Sud et Centrale (+2,5%), en Europe (+1,0%), en Afrique (+3,8%) et en Asie (-1,2%). Les exportations ont enregistré une hausse dans la Communauté d’Etats indépendants (CEI), y compris certains anciens membres et membres associés (3,8%) et au Moyen-Orient (2,6%). Les importations ont diminué de 0,5% en Europe au troisième trimestre, alors que l’on s’attendait à une hausse de 2,6%. Les importations ont également reculé au troisième trimestre dans la CEI (+3,2%), en Afrique (+0,7%) et en Asie (-1,3%). Les importations d’Amérique du Nord ont augmenté de 0,4% au troisième trimestre, alors qu’une augmentation plus forte, de 1,5%, avait été anticipée. Dans le même temps, les expéditions en provenance d’Amérique du Sud et du Moyen-Orient ont augmenté de 0,4% et 1,6%.
Valeurs du commerce des marchandises
Le commerce mondial des marchandises est ventilé par grande catégorie de produits. Les variations des valeurs du commerce des marchandises concernent principalement les produits manufacturés, car cette catégorie représente la majeure partie du total, 71% en 2020. Par comparaison, les produits agricoles représentent 10%, les combustibles et les produits des industries extractives 13% et les produits non spécifiés, les 6% restants. Les flux commerciaux de produits manufacturés et de produits agricoles ont augmenté de manière similaire au troisième trimestre, soit de 21% et 18%, respectivement par rapport à l’année précédente. Le commerce des combustibles et des produits des industries extractives a augmenté de 71% sur la même période, dopé par la multiplication par quatre des prix du gaz naturel.
Le fer et l’acier se portent bien !
Certains secteurs ont enregistré de fortes hausses au troisième trimestre, y compris le fer et l’acier (73%), les composants électroniques (26%), les produits pharmaceutiques (22%) et les autres produits chimiques (31%). D’autres ont enregistré une stagnation ou une baisse, y compris les produits de l’industrie automobile (0%), le matériel de télécommunication (5%), les vêtements (5%) et les textiles (-7%). La faiblesse des secteurs des produits de l’industrie automobile et du matériel de télécommunication reflète la récente pénurie des semi-conducteurs, qui a entraîné la fermeture des chaînes d’assemblage des produits qui nécessitent une utilisation intensive de ces intrants. La catégorie des textiles comprend les masques chirurgicaux, qui ont enregistré une forte augmentation plus tôt au cours de la pandémie. Le niveau de référence plus élevé pour ces produits peut expliquer leur baisse au troisième trimestre. L’analyse de l’OMC démontre, par ailleurs, certains des risques et défis auxquels le commerce des marchandises est actuellement confronté.
Les vagues d’infection par le covid-19 ont atteint leur point le plus bas en octobre, mais ont recommencé à augmenter depuis.
Cela pourrait occasionner de nouvelles perturbations susceptibles de peser sur le commerce mondial au quatrième trimestre et au-delà. L’Europe, qui représente plus de 35% du commerce mondial des marchandises, compte le nombre de cas le plus élevé de toutes les régions à l’heure actuelle. Les gouvernements commencent les vaccinations de rappel pour protéger les populations contre le variant Omicron hautement contagieux, qui devraient atténuer l’impact de nouvelles flambées, tant sur le plan de la santé que de l’activité économique.
Pour le trafic mondial de conteneurs (sur la base d’un indice englobant 94 ports dans le monde), l’OMC affirme que même si le trafic reste proche des niveaux records, il a marqué le pas ces derniers mois. En 2021, la manutention de conteneurs a augmenté d’environ 9% entre le début de l’année et le mois d’octobre, ce qui est comparable à la croissance du volume du commerce des marchandises sur la même période. Cet indicateur mérite d’être surveillé pour déceler les signes d’un éventuel redressement ou ralentissement du commerce.