ANALYSE | Le redressement : une crise interminable…

La Tunisie se retrouve donc à la croisée des chemins.  Elle risque une nouvelle implosion économique et financière si les banquiers centraux de la Banque centrale, qui préside actuellement à la destinée du système financier, prennent les mauvaises décisions.

En préparant le monde de l’économie au décrochement graduel de la politique monétaire, la BCT fait parvenir au monde un message inopportun et prématuré.

Elle signale via sa «note sur les évolutions économiques et monétaires et les perspectives à moyen terme — janvier 2022» à l’investisseur que les autorités ne sont plus à même de lui offrir une embellie financière meilleure à celle réalisée jusque-là par le passé. Et ce, dans un environnement où la reprise économique est remise en cause par la résurgence de la pandémie.

En prévenant « implicitement » que « le maintien de la création monétaire en soutien au déficit budgétaire » est source de tensions inflationnistes, les orthodoxes de la BCT se déchargent sur les investisseurs et sur les entreprises, sans tenir compte d’un double gap :

D’abord, entre la formation des coûts de production et le prix d’offre industriel (charges financières, dépréciation du dinar); et

ensuite, entre le prix d’offres — industriel ou agricole — et le prix du marché.

Sans tenir compte non plus des taux d’utilisation des capacités de production qui sont au plus bas depuis des lustres.

Un double gap où s’insèrent une multitude « d’intervenants » : la BCT via sa politique monétaire (hausse des taux de l’intérêt, dépréciation du dinar), l’Etat, via sa politique fiscale (TVA et taxes à la consommation rémanentes), et enfin, des circuits de distribution en cascade qui s’adossent sur une politique des prix obsolète.

Déjà, sous l’influence des irréductibles orthodoxes néo-libéraux qui sont, comme chacun sait, les ennemis irréductibles de la création monétaire, le redressement et la relance sont renvoyés aux calendes grecques.

Exit la politique de l’emploi.

Exit le redéploiement industriel et régional…

Ainsi donc, grâce à l’ensemble des banquiers centraux, ardents défenseurs de « l’indépendance de la Banque centrale », qu’est remise en question la Relance dans la Rigueur de l’économie, sous le couvert que l’inflation structurelle les rend (les orthodoxes de la BCT) plus incontournables pour maintenir la stabilité macroéconomique, via une stabilité des prix… qui leur échappe.

Où va-t-on ? une question à dix dinars, et par les temps de sous-liquidités, qui courent…

Seront-ils capables de mettre en jeu leur indépendance et à coordonner avec le Pouvoir exécutif qui dispose du levier fiscal et du levier budgétaire pour relancer ensemble la machine ?

Ce n’est pas la hausse des dépenses publiques d’infrastructure qui suscite l’inflation.

Par contre, il n’y a pas de retour de la désinflation sans volonté politique.   

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