Vrai que le doute s’installe autour du «25 juillet».
Vrai, d’abord,qu’à part une certaine reprise en main du corona, rien ne s’arrange vraiment depuis. L’économie est toujours à l’arrêt ; la dette s’amplifie ; les prix s’envolent et avec eux le chômage et la pauvreté. Hésitante, rare, la lutte promise contre la corruption ; et que des annonces, encore, à propos de réouverture des grands dossiers. Vrai, aussi, que la feuille de route fixée par Kaïs Saïed ne convainc pas grand-monde. La consultation populaire via internet et la commission de spécialistes supposée en «tirer l’essentiel» paraissent floues et éveillent déjà des suspicions. Même chose pour ce qui est des législatives de décembre prochain,pourquoi seulement des législatives ?Et qui dit qu’elles ne seront pas orientées et acquises déjà ?
Vrai, surtout, que la gouvernance qui en résulte est une gouvernance solitaire, forcément abusive, voire arbitraire, et que, ce faisant, elle attise les rejets, pis(c’est hélas le cas à présent)elle isole le pays. Tout cela est réel, actuel, de plus en plus vérifié, mais est-ce un mal unique, sans excuses, sans issue ?
Les adversaires du «25 juillet» le clament aujourd’hui. A coups de manifs, de meetings, de plateaux radios et télés, jusque devant des instances étrangères. En insistant, durs ou modérés, sur «les atteintes faites à la démocratie et aux libertés individuelles», sur les «violences policières», sur les « complots et les dérapages d’Etat».
Une question demeure toutefois. Sûrement la question, et probablement la réponse entière : mais qui sont, en fait, les adversaires du «25 juillet» ? En majorité les islamistes d’Ennahdha, à peine 400.000 désormais, leurs associés de l’ex-ceinture parlementaire, leurs ex-partenaires de la Troïka et de Nidaa, des partis sans bases, des «libres au plus offrant», des sans-bases et des libres en crainte de disparition. Pour tout dire, pour être juste et précis, à peu d’exceptions près, tous ceux qui ont gouverné la Tunisie de la révolution au 25 juillet 2021. Entendre ceux-la mêmes qui l’ont mis dans l’état où elle est. Endettée, appauvrie, ruinée, isolée. Ceux, précisément, qui ont «trafiqué» lois et constitution à leur mesure. Ceux qui ont abusé, imposé, violenté. Ceux, les premiers à porter atteinte à la démocratie et aux libertés.
Vrai que le doute s’installe autour du «25- Juillet». Et c’est souvent à juste titre. Mais le mal n’est ni unique ni sans excuse; le mal a précédé. Et il menace de ressurgir derrière les mémoires courtes et les «bonnes intentions». Ayons, aussi, cela à l’esprit, ce sera, peut-être, l’issue.