La Mutuelle tunisienne des artistes a quatre ans d’âge. Aujourd’hui, elle tient son congrès, qui a été reporté l’année dernière à cause de la pandémie, afin d’élire un nouveau bureau. Nous avons eu cet entretien avec Mounir Baaziz, l’un de ses principaux fondateurs et son président actuel.
Aujourd’hui se tient le Congrès de la mutuelle tunisienne des artistes, mais dans quelles conditions ?
D’abord c’est un congrès dont la date a varié au gré de la pandémie du covid-19. Ainsi nous avons accumulé un retard d’une année. Ce qui a ramené le mandat à quatre ans au lieu de trois. Ça nous a obligés à improviser. Suite à la non tenue du congrès à cause de la pandémie, le ministère des Affaires culturelles a décidé de ne pas nous accorder de subventions pour le congrès de cette année. Mais malgré cela, on tient le congrès cette année au local de la mutuelle et avec les moyens du bord. Nous avons publié les communiqués il y a deux mois et nous avons actuellement 14 candidats en lice pour tout le bureau.
Quelles sont vos attentes
personnelles de ce congrès ?
Ce que j’espère, entre autres, c’est réfléchir à la manière d’installer la mutuelle dans le paysage de la culture. Parce que jusque-là les intentions sont bonnes, mais cela ne se traduit pas sur le terrain de la réalité. C’est également de faire le point sur l’évolution de la situation depuis la création de la mutuelle. Il n’y a pas eu, par exemple, de changement sur le plan législatif. On avait misé sur l’adoption du statut de l’artiste et on a failli aboutir n’eut été le gel du Parlement. Les artistes ont été les victimes du covid d’abord, ensuite de la situation politique du 25 juillet.
Mais même dans ces conditions, la mutuelle a continué à soutenir les artistes dans le besoin jusqu’au bout et jusqu’à ses derniers millimes. Mon souhait aussi c’est que la mutuelle demeure un organisme de solidarité et ne se transforme pas en un organisme de charité qui dévalorise l’artiste et paralyse la mutuelle en limitant ses libertés.
Avez-vous prévu un accord avec le ministère des Affaires sociales ?
Nous sommes, en effet, en contact avec le ministère, et cette année de perdue nous a permis de constater que la situation de l’artiste est beaucoup plus grave qu’on ne l’imaginait. Je parle aussi des artistes qui ont des pénalités de retard parce qu’ils n’ont pas payé la Cnss à cause de la pandémie qui a paralysé leurs activités. Et avec cela, ils trouvent les moyens d’envoyer des huissiers notaires chez les artistes. Le monde est en train d’évoluer vers le travail indépendant ou intermittent et nous avons toutes les lois qui sont contre ! Aujourd’hui, nous cherchons avec le ministère des Affaires culturelles une combinaison pour prélever un petit pourcentage sur les contrats et les subventions qui sera alloué à la mutuelle afin de créer une caisse de solidarité pour les artistes. Cela dit, nous avons pu convaincre le ministère des Affaires sociales d’annuler les pénalités dues aux retards de paiement sous condition d’un engagement de paiement des retards de cotisations. Reste le problème d’accès aux soins pour les artistes à régler avec le ministère des Affaires sociales.
Le ministère craint peut-être que n’importe quelle personne va se proclamer artiste pour avoir accès aux soins…
C’est une crainte non justifiée, puisque la normalisation sera faite avec la carte professionnelle. Si on fait des contrats unifiés, tout est déclaré car tout est transparent. Si l’artiste accepte d’être citoyen et de payer sa quote-part, c’est à l’Etat de promulguer des lois qui reconnaissent ces gens qui gagnent leur vie autrement que par un salaire mensuel. C’est au système de s’adapter à la réalité.
D’autre part, le ministère des Affaires culturelles donne l’impression d’être un organisateur de festivals…
Quelles sont selon vous les priorités de la mutuelle dans sa prochaine mission ?
A mon sens, il faut donner la priorité absolue à l’intervention de la mutuelle auprès de la Cnss pour régler la situation des artistes au chômage. Il s’agit aussi de créer une caisse noire financée par les adhérents qui permet à la mutuelle d’intervenir rapidement en cas d’urgence auprès des artistes. Pour que la mutuelle rayonne davantage à l’intérieur de la République, la mutuelle doit engager un chargé de communication qui sensibilise également les artistes à l’importance de l’adhésion à notre organisme.