Entre une démocratie et un régime autoritaire, il y a l’entre-deux. Un espace fait d’espoir et d’inconfort, parce que sans cesse changeant et dans lequel se trouve coincée la Tunisie depuis un moment déjà.
Plus le temps passe, plus les Tunisiens se rendent compte qu’instaurer un Etat de droit est loin d’être chose aisée. Pour que les libertés soient garanties, la justice impartiale, les finances publiques gérées de manière transparente, pour que le secteur public fonctionne et la presse soit indépendante, il faudra la conjugaison de plusieurs facteurs. Cela va des qualités requises chez les gouvernants, comme la compétence et l’intégrité associées au sens du devoir, à celles des gouvernés, comme la conscience de ses droits et devoirs.
Manifestement, il ne suffit pas de faire une révolution et de renverser un autocrate pour entrer de plain-pied dans l’ère démocratique. Cela s’applique si bien à la Tunisie qu’une partie non négligeable de l’opinion pense — et le fait savoir — que le pays fait du surplace depuis 2011, sinon recule.
Tout a été essayé pourtant: faire table rase de l’ancienne constitution, changer de régime, diversifier le personnel politique, rien n’y fait. Un malaise ambiant et grandissant pèse comme une chape de plomb sur le pays. La crise sanitaire est venue aggraver les problèmes et faire basculer les ménages à faible et même moyen revenus dans la précarité.
A ce propos, l’on se pose la question de savoir si le pays était prospère, les Tunisiens se porteraient-ils mieux ?
Les avis sont partagés. Un point cependant semble faire l’unanimité, celui relatif à un clivage social relié à un autre politique. Les requêtes des couches populaires sont concrètes, majoritairement d’ordre économique. Les revendications changent de nature avec les classes favorisées. Celles-ci touchent essentiellement aux droits et libertés, au pluralisme et à l’alternance politiques et à la liberté d’expression.
Entre les deux catégories, les nuances de gris se multiplient à l’infini. Ce qui signifie qu’on peut être confronté à de sérieux problèmes financiers et aspirer à devenir un citoyen respecté, respectant les lois et dont les droits sont garantis. Comme on peut vivre dans un grand confort et être totalement déconnecté des aspirations de la collectivité.
Et ce serait essentiellement l’instruction qui peut faire le lien entre les composantes d’une société, si disparates soient-elles. Sur le plan individuel, l’éducation est reconnue comme étant une clé de la prise de conscience citoyenne, le moyen le plus sûr pour forger l’estime de soi, imposer le respect et se frayer un chemin vers la liberté. Sur le plan collectif, l’enseignement-apprentissage avec la prise en compte de la dimension éthique favorise l’éclosion de femmes et d’hommes instruits, dotés de valeurs et aptes à servir leur nation, défendre des causes justes et être en phase, solidaires avec leurs concitoyens.
BRAHIM
8 février 2022 à 20:55
J’ai beaucoup apprécié votre analyse mais renvoyer dos à dos la démocratie et la dictature (régime autoritaire dites-vous !) n’est pas la solution pour répondre aux multiples maux dont souffre notre pays. Le pragmatisme impose d’avoir des dirigeants pas seulement intègres mais compétents pour sortir le pays de ce chaos inqualifiable régnant depuis le 25 juillet. Diriger un pays selon ses propres pulsions par des décrets, des aberrations quotidiennes n’est pas un facteur rassurant.