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Le paradoxe de l’œuf et de la poule

Editorial La Presse

FIN décembre, le gouvernement Najla Bouden a présenté un budget fortement attendu. Pour ne s’en tenir qu’aux grandes lignes, le budget de l’État pour l’exercice 2022 s’élève à 57.2 milliards de dinars, soit 17.6 milliards d’euros. Une hausse de 3,2% par rapport à celui de 2021. Le déficit budgétaire est estimé à 8.5 milliards de dinars (2,6 milliards d’euros) ce qui représente 6,2% du PIB.

En effet, les finances publiques, à la peine, ont été fortement impactées par une crise politique qui perdure à laquelle est venue se greffer la crise sanitaire. Après une chute de presque 9% du PIB en 2020, une grave récession frappe lourdement le pays, accompagnée d’un taux de chômage qui franchit le seuil des 18%. En 2021, la croissance a connu une légère hausse, avec près de 3%. Pour 2022, un programme d’aide du FMI serait donc salutaire.

Or, les aides sollicitées par les autorités tunisiennes devront s’accompagner d’un train de réformes que les gouvernements successifs n’ont pas réussi à mettre en œuvre. Elles butent, entre autres, sur la réduction de la masse salariale de la fonction publique qui atteint l’un des niveaux les plus élevés au monde (16% du PIB), avec une pléthore de plus de 650.000 fonctionnaires.

Là où les Tunisiens croient dur comme fer que c’est la responsabilité du FMI de sortir le pays de la plus grave récession à laquelle il est confronté depuis l’indépendance. La plus grande responsabilité incomberait aux décideurs politiques et à la principale centrale syndicale du pays, l’Ugtt, rétorquent les plus bienveillants partenaires de la Tunisie. «C’est à vous de vous mettre d’accord pour réduire le poids de la fonction publique, stopper l’hémorragie de la caisse des subventions et réformer les entreprises publiques, au lieu de croiser le fer, comme vous faites, depuis plus de dix ans», martèlent ces derniers, lors des multiples et difficiles négociations.

Fort de ses atouts, comme la proximité géographique et culturelle de l’Europe, une main-d’œuvre qualifiée et la démocratisation du système politique — quoi que à cadence irrégulière —, le gouvernement se dit confiant pour convaincre les instances internationales et conclure avec elles un accord. Pendant ce temps, ces mêmes bailleurs de fonds attendent de voir une élaboration volontaire des réformes promises, avec une refonte totale du système économique et financier, pour se résoudre, enfin, à sortir le chéquier. Le paradoxe de l’œuf et de la poule. Qui en premier ? La mission du FMI annoncée à partir du 14 de ce mois parviendra-t-elle à trancher ?  

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Un commentaire

  1. KHEMIRI

    11 février 2022 à 20:57

    Intéressantes sont votre réflexion et votre analyse. Mais franchement, vous croyez vraiment que le Président et son gouvernement composé de « ministrions » comme des élèves à l’école, se préoccupent des problèmes économiques et financiers. On passe son temps à pourfendre les corrupteurs et corrompus, à décréter sans discontinuer et surtout à miroiter au peuple des inepties comme la consultation populaire par voie internet comme si tout le pays est connecté. Nous sommes loin très loin de voir le bout du tunnel… Hélas!

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