Comme un besoin pressant de tout passer en revue.
Les « dix ans de révolution » (la décennie de malheur), soit. Déjà sondés, triés, boudés par, pratiquement, tout un peuple. Non, plutôt ce qui en résulte aujourd’hui. Et, le plus urgent, ce qui risque de s’ensuivre, demain.
La décennie de malheur a bien mérité son nom. Pas un domaine qu’elle n’ait, petit à petit, mis à bas. Forfaits de gouvernants, bien sûr, partis et politiciens avides, sans scrupule, sans le moindre égard pour le pays, pour la patrie. Coup du sort, et pandémie corona aussi. Gangrène économique, voire. Corruption tous azimuts, marchés, circuits et réseaux parallèles. Surendettement «à l’infini». Et le social, et l’éducation. Et la Culture et les Arts. En berne sous la dictature, proprement à l’abandon depuis. La facture politique d’Ennahdha et de sa succession d’alliés est indubitablement lourde. Et elle a été sûrement la seule à l’origine de la rupture du 25 juillet 2021 et de l’adoption des mesures d’exception par le Président Kaïs Saïed. Reste que ces dernières non plus n’entrevoient toujours pas d’issues. Le gouvernement de la Troïka, les gouvernements de Chahed et de Mechichi ont causé bien du tort au pays, la Constitution de 2014 ne fut pas sans failles, loin de là, la justice et la magistrature furent sujettes à suspicions, à n’en pas douter, l’ARP, a fortiori, l’économie nationale a périclité, le chômage et la pauvreté ont doublé. Rien, ou si peu, n’a changé pour autant depuis le 25 juillet 2021. Six mois pleins sans encore de vraies solutions. Les vraies solutions. Les dettes qui arrivent à échéance surtout, et les négociations de plus en plus improbables avec le FMI. La crise corona se poursuit, hélas, elle aussi. Elle a paru se résorber après le renvoi de Méchichi et l’arrivée jusque-là inespérée des vaccins. Mais le doute renaît, semble-t-il avec le variant Omicron. Ce variant cumule qualités et défauts ; avantages et inconvénients. Terriblement contagieux, il ne provoque pas de formes graves. Mais pour léger d’atteinte, il est répétitif et résiste aux vaccins. Résultat, aujourd’hui, les virologues, partout dans le monde (les nôtres davantage désormais) multiplient les déclarations contradictoires. Impressionnistes plutôt que scientifiques. Montrant une certaine impuissance à faire face à la pandémie. Les chiffres de la dernière vague le prouvent malheureusement, y compris le nombre des récidives et des décès, ailleurs comme ici on n’en a pas fini encore avec le virus corona. Le social, pour finir, ne se limite pas aux problèmes du chômage et du coût de la vie. On oublie (on ne sait pourquoi) qu’il englobe aussi les lacunes et les manques de l’éducation et de la culture. L’école a suivi le reste depuis la révolution. Régression de l’enseignement, du contenu, du niveau. Pis : perte d’éthique et d’intérêt. Drogue aux alentours et abandons par milliers. Nos Arts témoignent, aussi, de l’état des lieux. Laissés pour compte, au plus fort de l’enthousiasme révolutionnaire,dénigrés et harcelés par les islamistes, puis astreints «au repos» sous le corona, ils périclitent, pas d’autre mot. Incréatifs désormais,et à court de ressources. Il n’y a pas pire qu’une culture qui s’appauvrit. Qu’on appauvrit.