Les mesures d’exception se suivent, et la Tunisie est comme partagée entre espoir et crainte.
L’espoir que cette période de «mainmise» présidentielle ne corresponde qu’à une volonté sincère de sortir le pays des affres qui l’assaillent voilà plus de dix ans.
La crainte que, malgré tout, malgré son capital confiance et son intégrité reconnue, Kaïs Saïed ne finisse par trouver goût au cumul des pouvoirs. La faiblesse est humaine, qui sait…
La Tunisie entière, oui, sauf un «petit lot» qui ne lésine sur rien pour crier haut et fort son opposition au 25 juillet. Entendre Ennahdha et ses quelques alliés de circonstance, centristes à la dérive, centristes, opportunistes, politicards sans foi ni voix, idéalistes à bout de souffle et d’arguments. Les chiffres ne trompent pas. L’islam politique se réduit à 12- 13% aujourd’hui (à peine 400 mille électeurs), quant à ses alliés de circonstance, les statistiques les fuient depuis deux scrutins déjà. Les intentions, non plus. Voire les précédents. L’islam politique se fait à présent leader du mouvement «Citoyens contre le coup d’Etat», c’est-à-dire «défenseur du Droit» et, par là-même : «protecteur de la nation». La posture en est une, vraiment. Ce même islam politique a gouverné le pays depuis la révolution, en contournant et truquant son Droit, et en détruisant son économie. Le but dès lors est clair : Ennahdha prône un «énième» retour en dissimulant ses propres forfaits. Et l’objectif est quasi identique pour ceux qui lui servent de «pare-chocs»: remonter la pente. Peut-être un jour. Fût-ce de rien. Fût-ce après un aussi sombre passé . Rien à attendre, donc, des adversaires du 25 juillet. En mal, et, forcément pas, en bien. Tout «petit lot», on le redit. Nonobstant les manifs et les appels au secours à l’étranger. Nonobstant les lobbies et l’argent. Mais la Tunisie entière, la Tunisie du moment, se résume-t-elle, tout à fait, en sa seule confiance en l’intégrité de son président, et en la seule crainte de le voir déraper? Le tiraillement (le partage)est vrai. Kaïs Saïed a gelé le Parlement et une partie de la Constitution, et il vient de virer l’actuel Conseil supérieur de la magistature. En six mois «d’exceptions», tous les pouvoirs réunis. Les ex-députés, les ex-gouvernants, nombre de partis, invoquent le spectre de la dictature. Pas les 70% des Tunisiens qui doutent peut-être, mais gardent confiance en l’homme. Un partage entre espoir et crainte, soit. Mais, dans ce cas, dans le cas précis du président Saïed, le risque est qu’il n’y ait pas encore de solution. En politique, la droiture le sens moral et l’intégrité complètent une autorité, mais ne la font pas. Ce qui la fait avant toute chose, c’est le savoir-faire, c’est l’expérience des hommes, des relations et des dossiers. C’est l’habileté à jauger des rapports de forces internationaux.
Pour l’heure, ce n’est pas l’image que l’on nous renvoie, Juste des réactions, des prises de positions; pas même la perspective d’un changement. D’une solution.