La saison des soldes, qu’elle soit hivernale ou estivale, attire souvent les clients, soucieux de renouveler leur garde-robe et s’acheter de nouveaux vêtements pour rester toujours à la pointe de la mode. Cet événement, devenu une tradition, n’attire pas assez les clients aujourd’hui, notamment lors de la saison actuelle qui n’a pas bien «marché», selon les clients et certains vendeurs, et ce, pour de multiples raisons : cherté de la vie, des prix qui dépassent le budget du Tunisien et des articles qui ne sont pas de bonne qualité et pourtant se vendent à un prix très élevé… Les boutiques de prêt-à-porter, malgré les réductions qu’elles affichent, les démarques qu’elles proposent à leur clients, ne sont pas trop satisfaites du déroulement des soldes et trouvent que le client aujourd’hui n’est plus intéressé par les soldes comme jadis.
Idem pour le client, qui trouve que les prix qu’on propose, même pour ceux des articles, qui font partie généralement de la tendance de l’année dernière, sont hors de leur portée.
Au cours de la semaine, nous étions d’ailleurs dans un centre commercial qui a connu pourtant une affluence de clientèle venue pour découvrir ce qu’on leur offre comme réductions sur certains articles. Dans l’une des boutiques de prêt-à-porter pour femmes, la vendeuse nous a déclaré que l’affluence des clients a beaucoup diminué dès le début des soldes, et ce, par rapport aux années précédentes. «Les clientes se rendent à la boutique depuis le démarrage de la saison mais celles qui achètent ne sont pas très nombreuses. Nous n’avons pas enregistré de ventes importantes jusqu’à maintenant et c’est peut-être lié à la cherté des prix proposés. Nous avons remarqué également que les clientes ne profitent plus des soldes comme jadis, et si elles viennent à la boutique, c’est uniquement pour chercher un ou deux articles soldés correspondant à leur budget. Quant à la nouvelle collection qu’on propose à nos clients, elle a été déjà désertée dès le début des soldes», note la vendeuse de la boutique.
Cet avis est partagé par l’une des clientes qui s’est rendue à la boutique pour dénicher quelques articles lors de la troisième démarque. «Après une première visite aux boutiques lors du démarrage des soldes, j’ai attendu tout de même la troisième démarque et des réductions dépassant les 60% dans l’espoir de trouver quelques pièces à prix abordables pour garnir ma garde-robe de pièces neuves et à la mode. A ma grande surprise, je constate que les articles soldés sont plus chers que ceux de la nouvelle collection!», précise Sonia.
Et de renchérir : «Le budget que je consacre chaque année pour profiter des soldes ne me suffit plus pour acheter une seule pièce, du coup, je n’ai pas pu profiter des soldes et j’ai opté pour les articles de moyenne gamme, qui sont, certes, de qualité moyenne mais beaucoup plus adaptés à mon budget et à mon pouvoir d’achat qui a diminué à cause des hausses des prix».
Si les clients affluent lors de la saison des soldes, ceux qui en profitent pleinement ne sont pas très nombreux, puisqu’on peut trouver des articles soldés qui se vendent à prix très élevé dépassant les 70 dinars pour une seule pièce. Il faut prévoir un budget de plus de 300 dinars pour pouvoir s’offrir une nouvelle tenue, ce qui dépasse largement le pouvoir d’achat du Tunisien qui souffre déjà de la cherté de la vie et de son pouvoir d’achat qui est de plus en plus en baisse.
Le président de la Chambre nationale du textile et d’habillement, Mohsen Ben Sassi, confirme ces propos en expliquant que la crise économique par laquelle nous passons a impacté négativement le pouvoir d’achat des Tunisiens ce qui a marqué de la sorte un vrai désintérêt pour la saison des soldes, cet hiver. «Qu’on le veuille ou pas, le pouvoir d’achat a visiblement baissé, le facteur de la pandémie et ses répercussions sur le budget du Tunisien sont les causes principales pour le désintérêt remarqué auprès des clients pour cette saison des soldes», affirme-t-il.
Ce qui explique, entre autres, la cherté des articles que l’on propose même lors de la saison des soldes. Ben Sassi précise qu’il y a notamment une augmentation des prix de la matière première, tel le coton qui a dépassé les 50%, de l’importation et des droits douaniers, qui s’est élevé de 30% à 50% et la dévaluation du dinar tunisien qui font que les prix des vêtements soldés qu’on affiche dans les boutiques dépassent le pouvoir d’achat du Tunisien.