Après le gnaoua et les tonalités du Maghreb, Sicca Jazz revient aux sources occidentales du jazz avec Boney Fields et sa trompette et le concert Woco Tribute Stevie Wonder. Deux soirées qui ont mis le feu au centre d’arts dramatiques et scéniques du Kef et qui ont fait vibrer le public venu nombreux. La Ville du Kef, une destination jazz par excellence. Mais au-delà des concerts, la ville foisonne d’énergie, déborde d’idées et défis des travers de la vie pour qu’une région, comme le Nord-Ouest, rayonne sur tout le pays et devient par la force et la détermination de sa jeunesse, une destination jazz, certes, mais aussi archéologique, culturelle et touristique aussi.
Vendredi soir, c’est la soirée jazz, blues and funk… À huit heures du soir, le trompettiste Boney Fields envahit la scène et injecte à grand jet, une énergie difficile à contrôler. Le public n’arrive pas à se retenir de danser et la fusion entre scène et salle fut totale. Boney Fields, ce monstre sacré du jazz et du blues, lui, qui appartient à cette génération d’artistes afro-américains nés pour dompter la scène, était l’hôte de Sicca jazz. N’est-ce pas un hasard que cet artiste a eu pour partenaires de jeu Lucky Peterson, Luther Allison, James Cotton, Buddy Guy, Liz Mc Comb, mais aussi George Clinton, Maceo Parker, Fred Wesley ou Bootsy Collins, des noms et pas des moindres de la planète jazz et blues.
Le concert de Boney Fields était un moment de pure magie. Le funk et le blues, ces deux versants d’une même Great Black Music, il les fusionne fidèlement et avec tout le savoir-faire d’une carrière passée à arpenter les scènes du monde entier. Ce point de rencontre entre ces variations était la marque de fabrique de Fields et son band.
Et comme chaque soir, le public de Sicca Jazz a reçu l’artiste dans une totale euphorie suivant la trace de la musique qui le mène à l’extase et le transcende jusqu’à la scène, le rythme s’intensifie et la voix de Fields, qui alterne chant et trompette, raconte les histoires… Des histoires qui ont nourri une mémoire, portent une identité et un souffle inégalable.
Les Woco vs Stevie Wonder
Le groupe qui a gravi la scène de Sicca Jazz ce soir-là était des plus originaux. Ils sont 11 comme une équipe de foot, réunis par l’amour du jazz et de la pop et surtout par Stevie Wonder. C’est cette référence mondiale qui donne sa raison d’être au Woco wonder collective. Faire des reprises n’est pas une mince affaire et surtout dans la pop ce n’est pas bien considéré. Mais les Woco ce groupe lyonnais a réussi à se frayer un chemin en respectant le répertoire d’origine en lui insufflant de leur identité et de leur talent. Des solos, des voix, une interprétation bien trempée. Leur belle prestation a séduit le public qui connaissait déjà les chansons par cœur. Un répertoire auquel un bel hommage lui a été rendu. Du Stevie Wonder on n’en a jamais assez et les Woco étaient les uns de ses meilleurs ambassadeurs.
Sicca Jazz dont la clôture a eu lieu dimanche avec le spectacle «24 parfums», spécial frigua de Mohamed Ali Kammoun est un bel exemple d’initiative citoyenne culturelle, artistique et touristique qui, via ce festival et d’autres évènements encore, s’engage dans la promotion et le développement par la culture de toute une région. Une semaine durant les regards se sont tournés vers Le Kef, les projecteurs se sont braqués sur la ville et ses alentours. La jeunesse de la région offre de sa créativité et de son énergie pour que Sicca Jazz rayonne encore et encore.
Les artistes, eux-mêmes, sensibles à tant d’efforts, d’amour, de volontariat, de passion et d’engagement, se sont, à leur tour, prêté au jeu, et ont offert à la ville une séance de shooting. Des albums photos viraux qui ont envahi la toile, dans la Kasba et ses alentours. Le Kef est le centre du monde, on l’aime, on l’admire et on le découvre sous le prisme de stars internationales. Une belle initiative qui vaut les plus grandes campagnes de promotion pour la Tunisie comme destination pour le tourisme culturel, archéologique, patrimonial alternatif.
En attendant Sicca Jazz Live Factory prévu au mois de septembre prochain, avec ses showcases sur les sites archéologiques de la région, on retiendra de Sicca Jazz mars 2022, les visages souriants de cette belle armée de jeunes volontaires qui prennent en main leur festival et croient dur comme fer en l’avenir de l’homme.