Reportage | Vente du producteur au consommateur, un «mini-souk» à l’avenue Habib-Bourguiba : Une affluence forte et inattendue

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Les consommateurs tunisiens, très regardants sur les prix, n’ont pas manqué d’affluer en nombre vers ce souk pour profiter des prix doux et des douceurs vendues sur place. A priori «abordables»… 

Un chapiteau se dresse au beau milieu de la plus grande avenue piétonne et commerciale de Tunis. A quelques mètres de l’horloge et de la fontaine jaillissante du centre-ville, un stand présentant exclusivement des produits alimentaires attire la curiosité et la convoitise. A l’initiative de l’Union tunisienne pour l’agriculture et la pêche, un souk improvisé de cinq jours promet au consommateur de faire de bonnes affaires. Avec l’avènement du mois de Ramadan prévu pour le 2 ou le 3 avril 2022, c’est l’occasion de faire quelques emplettes à prix doux a priori. Cela est possible à condition de flairer le juste prix et la bonne qualité. Sur une distance de cinquante mètres, il y a à peu près tout ce dont a besoin une famille pour se nourrir convenablement. Mais à l’heure où le pouvoir d’achat continue sa dégringolade inexorable, ce genre d’initiatives ne suffit pas pour aider les plus défavorisés. Il y a des efforts sur les prix comparativement à ceux pratiqués dans les supermarchés et les souks municipaux, mais cela est simplement dû à une initiative de courte durée. il n’est Parce que sûr la durée, pas sûr que ces prix proposés par les commerçants sûr place soient effectifs toute l’année.

Hormis quelques articles qui viennent de pays voisins tels que le Maroc ou l’Algérie, toute la marchandise est d’origine locale. Ainsi, un stand de produits du royaume chérifien à bas prix est profitable. On y trouve des préparations pour soupe à 2 D, de la mayonnaise et du ketchup en tube à 2 D, 1 D et d’autres conserves.

Produits locaux en vogue

A l’entrée du marché improvisé, on découvre des aliments de base, les plus essentiels et sans véritable attraction. De la charcuterie à la volaille en passant par la volaille, rien de bien exaltant au niveau des prix. Ainsi le paquet de 30 œufs est à 8,7 D, plus pour faire la promotion d’une marque agroalimentaire qu’autre chose. Au bout d’une dizaine de mètres, on découvre les attraits du salon pas comme les autres. Deux stands qui vendent de la «bsissa» aux multiples saveurs et arômes se concurrencent. Le paquet de 500 grammes de cette poudre savoureuse oscille entre 8 et 9 dinars selon le choix de l’arôme : sésame, caroubier, et même chocolat, un festival d’odeurs et de couleurs.

En effet, la cherté des prix à la consommation a vidé le portefeuille du Tunisien moyen qui doit jongler avec d’interminables dépenses. Cette occasion propice de flairer les bonnes affaires tombe à point nommé. Les dattes sont largement exposées, vendues à des prix défiant toute concurrence, la qualité en prime. Au fin fond du souk, on trouve des dattes branchées «deglet nour» empaquetées à dix dinars le kilo et une gamme inférieure à 8 D le kilo, mais bien avant dans l’espace, les prix sont encore plus acceptables. Des dattes de catégorie 1 de Kébili (sud) font fureur. A 5,2 et 6,4 D le kilo de dattes branchées ou en vrac mais dans leur emballage, on sent l’affaire. Car lorsqu’on descend à 3,5 D le kilo de dattes, il faut croire en une qualité plus médiocre. Une dame ravie achète un paquet à 10 D et certifie que son choix est juste et opportun. une autre, les bras chargés, sort du stand de fruits et légumes toute contente de ses provisions avec des carottes à 1 D le kilo et plein de légumes verts…Pourtant les tomates sont à 1,6 D le kilo et les poivrons à 3 D le kilo, pas de quoi sauter au plafond ou crier victoire. Ce sont davantage les producteurs de produits fait maison, naturels ou encore bio qui doivent susciter l’intérêt dans ce genre de manifestation gastronomique. Ainsi un stand de jus frais, naturels et sans conservateur propose des jus insolites comme celui au potiron plein de saveur…De nombreux stands proposent une dégustation à souhait pour faire découvrir leur originalité. Sauf pour ceux qui vendent du miel pur d’origine locale à 45 ou 50 D le kilo.

Rappelons que l’Utap organise, du 29 mars au 3 avril, le «Marché du producteur au consommateur». Ce marché offre aux Tunisiens une panoplie de produits agricoles et de pêche frais, à des prix abordables, selon l’organisation. Il s’agit, notamment, de fruits, de légumes, de viandes, d’œufs, de poissons, ainsi que d’autres produits transformés. Cet événement s’inscrit dans le cadre des efforts visant à préserver le pouvoir d’achat du citoyen et afin de lutter contre la spéculation. Un festival d’odeurs, de goûts et de couleurs qui ne manquera pas de ravir de nouveaux visiteurs.

crédit photo : © Koutheir KHANCHOUCH

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