«En l’absence de l’appui de l’Etat, l’entreprise fait face aujourd’hui à de grandes difficultés. J’étais, malheureusement, dans l’obligation de réduire le nombre d’employés. Le chiffre d’affaires de l’entreprise a baissé drastiquement. Cette situation pèse énormément sur la santé financière de l’entreprise et je suis devenu incapable d’honorer mes engagements envers les grandes surfaces», témoigne Lotfi Souissi, émetteur de tickets-restaurant.
Depuis deux ans maintenant, les PME tunisiennes vivent au rythme de l’épidémie de la Covid-19. Entre perte de marché, fermeture, confinement et baisse du pouvoir d’achat et, donc, de la demande, ces entreprises ne savent plus à quel saint se vouer. Aux prises avec des difficultés de financement et de trésorerie, beaucoup d’entre elles sont à bout de course. Mais dans ce contexte de léthargie économique où la lancinante menace de l’insoutenabilité de la dette plane sur les finances publiques, les entreprises privées fournisseuses de services pour l’administration publique, subissant une double peine, sont lésées et menacées.
D’une part, il y a l’onde de choc de la crise Covid qu’elles subissent de plein fouet. De l’autre, ces entreprises pâtissent de la crise des finances publiques, étant donné la lourdeur des impayés de l’Etat. Dans ce contexte, Lotfi Souissi, fondateur et dirigeant d’une PME opérant dans le secteur des tickets-restaurant livre son témoignage. L’émetteur de titres repas déplore, en effet, le non-paiement de ses dus depuis juin 2021. Il affirme que, à elles seules, les sommes dues par le ministère des Affaires sociales à son entreprise s’élèvent à 600 mille dinars. Il précise que cette situation pèse lourdement sur la santé financière de son entreprise et impacte son fonctionnement. Souissi affirme que, accablée, l’entreprise souffre aujourd’hui de difficultés de trésorerie l’ayant conduit à perdre des dizaines de marchés. «En l’absence de l’appui de l’Etat, l’entreprise fait face aujourd’hui à de grandes difficultés. J’étais, malheureusement, dans l’obligation de réduire le nombre des employés, qui est passé de 14 à 3. J’ai adressé maintes correspondances aux autorités concernées, mais en vain. Elles font la sourde oreille. Le chiffre d’affaires de l’entreprise a baissé drastiquement. Cette situation pèse énormément sur la santé financière de l’entreprise et je suis devenu incapable d’honorer mes engagements envers les grandes surfaces», témoigne-t-il. Souissi en appelle aux autorités, afin de sauver les emplois et venir en aide aux petites entreprises qui opèrent dans le secteur. Il demande, dans ce cadre, à mettre fin à la monopolisation du secteur par une poignée d’entreprises. «Quelques entreprises seulement se partagent le marché des titres repas en Tunisie, et ce, en raison des cahiers des charges drastiques auxquels seules les grandes sociétés peuvent répondre. Face au silence radio du ministère du Commerce, face à l’hégémonie d’une poignée d’entreprises, nous sollicitons l’aide de l’Etat afin de sauver nos petites entreprises», déplore-t-il.
En effet, le témoignage de Lotfi Souissi ne fait que souligner les conséquences des difficultés inquiétantes de l’Etat sur le tissu économique, lesquelles conséquences peuvent être dévastatrices s’il n’y a pas une prise de conscience générale de l’ampleur de la crise des finances publiques.