Comment, après la révolution, les libertés et les droits servent à contourner le Droit et la liberté, les exemples pullulent, on le sait maintenant. On le vit encore. On le subit.
Il y a, d’abord, l’exemple de la Constitution. Celle qui, sous l’apparence de l’unité, a tracé le chemin de la discorde. Enrayé toute gouvernance. Approfondi les cassures,les fractures. Celle restée vaguement dépendante d’idéologie. Celle basculée, finalement, droit, dans les mesures d’exception et les, désormais, incertitudes de l’après-25-Juillet.
Il y a aussi l’exemple des partis et des lobbies.Ô combien courants, fréquents, dans l’ex-Arp. Des intérêts lourds, officiels ou non déclarés, gros pontes du commerce et de la contrebande y trouvaient, y trouvent toujours, latitude, protection et refuge à partir de lois dûment et prestement votées. Sous la dictature, la famille régnante confisquait directement les biens du peuple. Là, ses représentants légitimes s’en emparent en « toute légalité ».
Le plus récent, enfin : les textes et libertés dont se prévalent et usent, médias, artistes, intellectuels, sportifs voire (le conflit Chebba- Fédération) pour, soi-disant, défendre valeurs, droits légitimes, acquis, alors que ceux-ci n’excluent pas le risque de déraper, insensiblement ou à dessein, dans l’abus et la violation des droits. Le cas d’espèce ce Ramadan : « Baraa », le nouveau feuilleton de Sami el Fehri, qui traite, quasiment sur un « ton neutre », du mariage « orfi » en Tunisie…Insulte à la femme tunisienne symbole absolu d’émancipation et de modernité voilà plus de soixante ans, crie-t-on de partout. « C’est ma liberté d’expression, mon droit de choisir mes sujets », répond l’auteur et directeur d’ « El Hiwar ». La vérité est que cela ne « couvre » ni n’excuse tout à fait. La vérité est que les mariages « orfi » ne sont plus qu’une minorité dans notre pays, que ceux qui les pratiquent ne sont que des délinquants au regard de la loi, et qu’il n’y a nul besoin d’en faire des films, il suffit simplement d’en aviser les autorités.
La vérité, pour conclure, est que ce « baraa » de Sami el Fehri fonctionne uniquement pour le « buzz » et le marché. Et que ce faisant, hélas, il peut « réaiguiser » de mauvaises fibres, d’anciennes croyances. Notre société demeure conservatrice. Et le calvaire de l’islam politique n’a pas encore épuisé tout son effet. On n’expose pas le pays à de tels risques pour du « buzz », de la « distraction », pour un gain personnel d’argent.
On ne s’amuse pas avec ça !