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Passerelles de l’amitié : Dialogue à sens unique ?

Le maire de Palerme Leoluca Orlando à la communauté musulmane de la Ville : « Merci d’aimer Palerme »

Leoluca Orlando est le maire de Palerme, en Italie, depuis juin 2016. Il est diplômé en droit public et exerce la profession d’avocat ainsi que celle de professeur à l’université de Palerme. Il a reçu de nombreux prix, notamment le Prix civique européen «pour sa lutte contre le crime organisé et son engagement en faveur d’un renouveau civique dans sa ville» et le Prix Bayard Rustin des droits de l’Homme “pour avoir apporté à Palerme la liberté d’une société civique harmonieuse et pour avoir partagé « les leçons de Palerme » avec des citoyens et des gouvernements de sociétés luttant contre des menaces similaires qui visent la démocratie et les droits de l’homme». Il est l’homme du dialogue et le bâtisseur des ponts culturels.

Comme tous les ans, à l’occasion du mois de Ramadan, le maire de Palerme partage le dîner d‘iftar avec la communauté musulmane de la ville et notamment la tunisienne et la marocaine. Hier soir, l‘iftar, le repas du soir consommé par les musulmans pour rompre leur jeûne quotidien pendant le mois de Ramadan, a été célébré à la Villa Niscemi, l’une des villas les plus somptueuses de Palerme, remontant au XVIIe siècle et qui fut la résidence des princes de Valguarnera de Niscemi, aujourd’hui  siège institutionnel de la ville de Palerme.

Pour la première fois, la cérémonie s’est déroulée dans un lieu institutionnel à l’invitation du maire Leoluca Orlando et du président du « Conseil des cultures », Adham Darawsha.

Pour l’occasion, la « salle des carrosses » a servi de lieu de culte islamique où les représentants des différentes communautés célébraient la prière du soir, c’est-à-dire celle qui décrète la fin du jeûne quotidien.

En plus du maire et du président du Conseil, étaient également présents les conseillers, les consuls généraux de Tunisie et du Maroc et les représentants de toutes les communautés religieuses, les représentants de l’église, Mgr Lorefice et les représentants de la communauté roumaine, vaudoise et les communautés évangéliques orthodoxes et hébraïques. L’appel à la prière a été lancé par l’imam italien Francesco Macaluso, tandis que la prière a été présidée par l’imam marocain Abdelrahaman Mostafa.

Après la prière, toutes les communautés ont béni un olivier qui a été planté à Villa Niscemi, comme signe permanent de cette initiative et ensuite elles se sont déplacées au siège institutionnel de la municipalité où ils ont partagé les plats préparés par les représentants du Conseil des cultures et par les communautés du Bangladesh, de Tunisie, du Maroc, du Pakistan, des Tamouls, des Philippines, de Pologne et du Cap-Vert.

«Ce fut un moment historique de participation et de partage, a déclaré le maire Leoluca Orlando, qui a impliqué les communautés musulmanes et toutes les communautés religieuses présentes sur le territoire, confirmant encore une fois que la capitale sicilienne est la capitale de l’hospitalité, de la paix et de l’intégration. Pour cela, je remercie le président du Conseil des cultures et toutes les communautés présentes qui sont devenues les protagonistes de cette cérémonie d’une autre nouvelle pièce importante à ajouter à la mosaïque de Palerme ».

«Je tiens à remercier le maire Leoluca Orlando qui a ouvert la «maison» de tous les Palermitains à la communauté islamique, brisant ainsi un tabou, ainsi que toutes les communautés qui ont voulu partager ce grand moment spirituel avec les musulmans de Palerme », a déclaré Adham Darawcha. Le concept selon lequel les musulmans sont chez eux à Palerme a été réitéré. Ce fut également très agréable de voir toutes les communautés représentées au Conseil et dans la ville, de participer à cette soirée qui a scellé un fait nouveau entre toutes les communautés religieuses basé sur des valeurs de paix et de coexistence. Un autre résultat obtenu grâce à l’engagement du Conseil et de l’administration à construire des ponts de dialogue et d’amitié ».

Mais ce dialogue interculturel et interreligieux ne peut exister si de l’autre côté de la Méditerranée, les institutions tunisiennes ne s’activent pas et ne réagissent pas à ces appels lancés par les institutions siciliennes. Le « ministère des Affaires religieuses », ministère de tous les cultes, Mme la présidente de la Ville de Tunis et les représentants des différentes institutions nationales, doivent impérativement tenir compte de ces appels continus et de cette volonté de vouloir construire des ponts, lancés par le maire de Palerme Leoluca Orlando et par toutes les institutions siciliennes et italiennes et participer activement aux fêtes religieuses de la communauté chrétienne de Tunisie. Ceci ne pourra que renforcer les liens millénaires qui unissent la Tunisie à la Sicile, fortifier la paix, le dialogue et le respect mutuel et réciproque entre les musulmans de Sicile et les chrétiens de Tunisie.

La balle est désormais du côté tunisien !

*Président de la « Chaire Sicile pour le dialogue des cultures et des civilisations »

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