Politiquement, plutôt en «demi-teinte» ce début de printemps 2022. A la fois dans la réserve et la réaction, la riposte et la baisse de ton. Les décrets présidentiels se poursuivent, certes, mais avec des colères sans suites, et sans vrais débats. Les deux derniers, qui «refondent» l’Isie, retentissent sec depuis Carthage. Baffoun, seul, en perd patience, et c’est normal, il est le plus visé et le plus atteint. Pour le reste, que des commentaires, brefs. Finis les chauds combats. Jusqu’aux supposés tenaces «citoyens contre le coup d’Etat». Curieusement retenus. Sans la grinta d’usage, sans les mots hauts. Ennahdha a l’habitude de ces pauses subites. Elles l’aident, en général, à affûter d’autres «arguments». Ses alliés de dernière heure, centristes et démocrates en fin de parcours, prennent, en revanche, plus ou moins le relais. Après «un second parlement», ils jurent maintenant d’un «second gouvernement». Et ce sont Messieurs Jawher M’barek et Néjib Chebbi qui le révèlent au public. Ghannouchi, ses «frères lieutenants», les «dirigeants d’echchoura», attendent, eux, comme de coutume, observent, prudemment, de loin. Pas même la réélection d’Emmanuel Macron en France n’a suscité de réel intérêt. Kaïs Saïed a fait le nécessaire diplomatique. Il a félicité le vainqueur. Quant au gouvernement, on sait à quoi il a à faire face, voilà plus de deux mois. Plus spécialement à la montée de l’inflation et aux négociations avec le FMI.
Quid de la rue ? De l’opinion ? Même chose. La tête ailleurs.
Terrible hausse des prix, et difficultés sans précédent de passer coup sur coup «épreuve» de l’Aïd après celle du Ramadan. Cette réélection de Macron signifiait, pourtant, beaucoup pour nous. Et d’abord, et avant tout, d’éviter le renvoi de nos émigrés et l’annulation de nos visas. C’était, sans le dire, derrière les propos clairement affichés d’Eric Zemmour, ce que projetaient, ferme, en cas de victoire, le Rassemblement national et sa candidate Marine Le Pen. C’étaient les pires lendemains préconisés par l’extrême droite française à l’encontre de nos compatriotes de l’Hexagone. Le second mandat de Macron signe, en plus, une garantie. Le Rassemblement national a perdu aux urnes, mais il compte désormais treize millions de partisans. Enorme chiffre. Enorme opposition. Etudes législatives s’annoncent en juin, tout autre qu’acquises cette fois-ci. Les immigrés restent à portée, encore dans le risque. Macron se charge d’y veiller. Macron pour cinq années, encore, à l’Elysée, signifie bien d’autres choses au regard de la Tunisie. La France est, de loin, notre premier partenaire économique et un allié de longue tradition. Dans les circonstances délicatissimes que nous vivons, avec l’appui d’un président main tendue à l’Afrique, homme de culture, universaliste, européen de principe et de projet, nous aurions, à vrai dire, si peu à craindre et davantage à espérer. Joyeuse fête, les amis. Joyeux lendemains.