Accueil Société Programme SALAM : Quand les écoles s’engagent dans le développement durable…

Programme SALAM : Quand les écoles s’engagent dans le développement durable…

Pour permettre à ses élèves de s’engager dans une approche éco-citoyenne dès leur plus jeune âge, l’école française George-Sand de Nabeul s’est engagée dans une démarche de développement durable en rejoignant le programme SalaM, qui vise la sensibilisation à l’éducologie à destination des écoles primaires.

En collaboration avec le Laboratoire de l’économie sociale et solidaire (Lab’ess), qui est un espace d’innovation sociale dédié à la création et au développement des acteurs de l’ESS (économie sociale et solidaire) en Tunisie, l’école française George-Sand de Nabeul vient d’organiser, mardi 10 mai 2022, une demi-journée de sensibilisation au développement durable et à la consommation responsable à travers la distribution, la lecture et le débat d’une bande dessinée produite par Lab’ess à cet effet, outre l’animation d’un atelier éducologique de bombes de graines qui a pour but la reconnexion à la terre, la sensibilisation et la réflexion sur le rôle des pollinisateurs et la chaîne alimentaire.

Qu’est-ce que SALAM ?

Le projet SalaM (Structurer et agir en liaison avec les acteurs de Méditerranée), qui a été initié en 2020 par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères français, en partenariat avec les Services de coopération et d’action culturelles (Scac) de Tunisie, d’Algérie, de Libye, du Maroc et de Mauritanie, vise à financer des initiatives concourant à la réalisation d’engagements pour une nouvelle ambition en Méditerranée, tout en renforçant les capacités des organisations issues de la société civile (OSC) dans ces cinq pays, et ce, afin de valoriser leur potentiel et de susciter des collaborations à l’échelle régionale. Dans le cadre de cette initiative, 10 micro-projets ont été sélectionnés (dont l’Arche), portés par de jeunes acteurs du changement mobilisés sur des initiatives en lien avec l’Objectif de développement durable numéro 12, qui explore comment agir pour l’environnement en modifiant nos modes de consommation et de production.

«Pour cette demi-journée, outre les élèves de l’école française George-Sand (âgés entre 9 et 11 ans), l’idée de ce projet consiste aussi à inviter d’autres élèves issus de l’école publique à se joindre à l’événement dans le but de faire profiter les deux parties bénéficiaires de la pluriculturalité et l’universalité du projet… C’est aussi comment leur proposer des loisirs éducatifs verts pédagogiques, afin de leur permettre de créer leur propre occasion pour renouer avec la nature, reprendre contact avec elle et les sensibiliser sur ces enjeux car, aujourd’hui, tout le monde est conscient que l’éducation à l’environnement est un outil indispensable pour changer le comportement des enfants et les aider à devenir de véritables acteurs du développement durable», a souligné Linda Meganem, co-fondatrice de L’Arche–Jardin Éducologique et animatrice de cet atelier, dans une déclaration accordée à La Presse.

Le jeu et l’apprentissage

Mme Meganem a ajouté que cet atelier s’organise en complément d’une lecture d’une bande dessinée de sensibilisation, réalisée par Lab’ess dans le cadre du programme SalaM. Une action qui a été suivie d’un deuxième atelier éducologique, durant lequel on a expliqué l’histoire des bombes à graines et leur impact sur l’environnement, outre une réalisation manuelle des bombes à graines, pour en finir avec un sondage groupé (recueillir le ressenti des élèves) et la réalisation d’une planche de dessin.

« C’était une expérience très enthousiaste durant laquelle on a constaté que l’écart entre les écoles françaises et celles tunisiennes n’est pas de l’ampleur annoncée, étant donné que les enfants issus des deux établissements, tellement engagés et sensibles à la problématique environnementale, on leur rapporte quelques notions techniques sur l’environnement et non pas un vrai savoir… A cet égard, après avoir été informés sur les concepts théoriques, ces élèves ont reçu surtout des techniques d’animation dynamique, pratiques et très pédagogiques propices à l’apprentissage facile », a-t-elle encore souligné.

Nécessité de généraliser l’expérience

Pour sa part, Neila El Ghali, directrice de l’école primaire Hbib El Karma à Nabeul, a indiqué qu’il sera bénéfique de généraliser cette expérience dans les écoles publiques, mais, malheureusement, il n’existe pas encore de programme scolaire lié aux thématiques de l’éducation à l’environnement et au développement durable dans notre pays. Et donc, les enseignants essaient de découvrir leur nouvelle carte de route tous seuls… C’est comme si qu’on est placé sur un terrain qui n’est pas familier où on doit redécouvrir à nouveau notre métier, apprendre de nouveau à gérer, reproduire quelque chose qui pourrait être bénéfique pour l’élève…

«N’ayant pas accès à des écoles tunisiennes publiques à cause de la complexité des procédures administratives,  Lab’ess a proposé à l’Ecole George-Sand de prendre en charge cette action d’éducation environnementale en milieu scolaire qui consiste, entre autres, à inculquer aux enfants dès leur plus jeune âge les notions environnementales ainsi que les gestes écocitoyens à mener au quotidien pour assainir et rendre propre leur cadre de vie. Pour ma part, je vais essayer par tous les moyens possibles de copier cette expérience dans l’établissement où j’exerce pour assurer le développement de l’écocitoyenneté dans les écoles publiques, car parler de l’environnement avec les enfants et les élèves a une importance tout particulière, parce que cela permet d’intervenir un stade crucial de leur vie », a-t-elle affirmé.

L’heure de la réforme a sonné

Sur un autre plan, Mme El Ghali a précisé qu’on le veuille ou non, dans les établissements publics, c’est une connaissance qu’on essaie d’injecter d’une manière ou d’une autre à l’heure où nous sommes sûrs et conscients que le débit de l’apprentissage et de l’assimilation n’est pas le même d’un élève à un autre. «Dans sa forme actuelle, cette situation, qui ne cesse d’accroître la pression sur le système éducatif, qui à son tour peine à répondre aux besoins des élèves et à assurer la continuité de leurs études, continue de frapper l’enseignement public, qui ne cesse de perdre du terrain face à l’éducation privée. L’heure est, donc, venue pour réformer ce secteur et instaurer la justice sociale afin d’assurer une école gratuite qui garantit l’égalité des chances et qui doit rester comme elle a toujours été un “ascenseur social”… Ce chemin passe obligatoirement par la réconciliation de l’enfant avec une école citoyenne, l’abandon des méthodes et des pratiques qui poussent à une accumulation des connaissances, lesquelles sont rapidement oubliées,…et faire de l’école un acteur qui doit fournir les outils de construction d’une société moderne… », a-t-elle encore souligné.

Charger plus d'articles
Charger plus par Meriem KHDIMALLAH
Charger plus dans Société

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *