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Dialogue national : Sur fond de tiraillements et de déclarations incendiaires

• Le dialogue national, tel que conçu et voulu par le Président Kaïs Saïed, continue à s’imposer comme le premier dossier national qui préoccupe les Tunisiens
• En dépit des déclarations de Noureddine Taboubi et de Sami Tahri, on attend encore que les structures de décision de l’Ugtt expriment la position officielle et définitive de la centrale de la place Mohamed-Ali
• Le doyen des avocats implique la profession sans consulter les sections régionales

«Le dialogue national démarrera dans les heures à venir», «l’Ugtt ne sera pas un faux témoin, le dialogue doit être global et inclusif et ses résultats ne doivent pas être programmés à l’avance», «la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme (Ltdh) refuse toute forme de participation formelle», «les organisations nationales participeront au dialogue national à condition…», etc., ce sont là les déclarations, les petites phrases, les mises au point et les révélations sur lesquelles se réveillent quotidiennement les Tunisiens sur le sujet le plus passionnant de l’actualité en Tunisie au cours des dernières semaines, à savoir l’organisation du fameux et tant attendu dialogue national censé apporter, au cas où il aurait lieu finalement, la solution à la crise politique, économique et sociale dans laquelle se morfond la Tunisie depuis près de 11 ans, c’est-à-dire depuis  la révolution de la liberté et de la dignité et non depuis l’avènement, comme le soutiennent certains, de la dynamique ou du processus du 25 juillet 2021 et l’instauration de l’état d’exception dans le pays.

Et ces déclarations et révélations émanent des partisans déclarés du processus du 25 juillet mais qui ne savent pas toujours officiellement s’ils seront invités par le Président Kaïs Saïed à y prendre part ou non. Elles proviennent également de ceux qui s’opposent à tout ce que le Président de la République entreprend depuis le 25 juillet et qui posent leurs conditions, pour accepter de participer au dialogue national sans savoir eux aussi s’ils y seront conviés.

Qui parle au nom du Président, qui parle au nom de l’opposition ?

Et les Tunisiens de rester médusés face aux positions contradictoires et à la guerre des déclarations que mènent les principaux acteurs du paysage politique et civil national à propos de l’éventualité ou non de l’organisation du dialogue national, un événement qui est sur le point de devenir un non-événement, voire un feuilleton qui ne passionne plus personne.

Ainsi, quand Me Brahim Bouderbala, bâtonnier des avocats, annonce que le dialogue national «va démarrer dans les heures qui viennent avec la participation de ceux qui soutiennent le processus du 25 juillet» et quand les avocats relevant de la section régionale du barreau à Kasserine répondent à leur doyen en affirmant que «la profession doit se tenir à l’écart des tiraillements politiques et que le barreau ne doit en aucune manière prendre part à un dialogue dont les résultats sont connus d’avance», on peut se poser la question : qui parle au nom des avocats et de quelle crédibilité dispose Brahim Bouderbala pour s’exprimer au nom des avocats sans que le barreau ne se réunisse pour prendre une position claire et transparente au nom de la profession ?

Du côté de l’Ugtt et en dépit des déclarations incendiaires presque quotidiennes de Noureddine Taboubi et Sami Tahri, on attend toujours la position officielle de la centrale syndicale ouvrière.

On apprend, en effet, du côté de la place Mohamed-Ali, que la position officielle des syndicalistes vis-à-vis du dialogue national tel que conçu et voulu par le Président Kaïs Saïed «sera annoncée, comme l’a précisé le secrétaire général, la semaine prochaine à l’issue des réunions du Conseil des secteurs et de la commission administrative nationale».

Toutefois, dans l’attente que les structures de décision de l’Ugtt se prononcent, le secrétaire général de l’Ugtt ne s’empêche pas d’assurer : «L’Ugtt rejette un dialogue factice qui se réduirait à une simple photo à but communicationnel».

Quant à la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme (Ltdh), ce sont Jamel M’Sallem et Bassam Trifi, respectivement président et vice-président de l’Organisation, qui se relaient sur les plateaux TV et radio pour dire aux Tunisiens une petite phrase qui donne lieu à toutes les interprétations possibles: «La Ligue est disposée à participer à tout ce qui pourrait aider à sortir de la situation actuelle, à condition que cela soit sur la base d’une vision participative engageant toutes les parties et sans cadre imposé et préétabli».

De son côté, l’Unft, par la voix de sa présidente, Me Radhia Jerbi, exprime sa disposition à participer au dialogue mais à condition qu’il soit inclusif et que ses conclusions soient issues du dialogue lui-même et non prêtes d’avance.

Les organisations nationales vont plus loin et annoncent dans un communiqué commun : «L’Ugtt, l’Utica, la Ltdh et l’Ordre des avocats exigent que leur participation ne soit  pas pour la forme et qu’ils participent réellement à l’élaboration des réformes».

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