Accueil A la une Abdelmajid Ezzar démis de la présidence de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche : Ghannouchi a-t-il perdu un autre bastion ?

Abdelmajid Ezzar démis de la présidence de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche : Ghannouchi a-t-il perdu un autre bastion ?

C’était dans l’air depuis qu’Abdelmajid Ezzar est poursuivi pour soupçons de corruption: l’Utap allait changer de président, ce qui revient à dire qu’Ennahdha allait perdre son emprise sur l’organisation des agriculteurs qu’elle contrôlait depuis les premiers mois de 2011.
Maintenant, c’est pratiquement fait : Abdelmajid Ezzar est déchargé de ses fonctions par les membres du Conseil central. Il s’accroche à son poste et menace de recourir à la justice

Les carottes sont-elles déjà cuites ou les dés sont-ils jetés au sein de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (Utap), c’est-à-dire Abdelmajid Ezzar est-il écarté pour toujours de la présidence de l’organisation des agriculteurs et des pêcheurs, un poste qu’il occupe officiellement depuis 2013 et officieusement depuis février ou mars 2011 bien avant les élections de la constituante le 23 octobre 2011 qui ont porté son parti Ennahdha au pouvoir à la tête  de la Troïka (Ennahdha, Ettakatol et le Congrès pour la République) qui a dirigé le pays de fin novembre 2011 jusqu’au début du mois de février 2014 à la suite de la démission du gouvernement Ali Laârayedh et la désignation par le Quartet du dialogue national du gouvernement Mehdi Jomâa ?

Une autre question planait, hier, sur le paysage politique national: Noureddine Ben Ayed, le vice-présiodent de l’Utap élu à la tête de l’organisation en remplacement de Abdelmajid Ezzar, désavoué (comme l’affirment Ben Ayed et ses partisans) par la majorité requise des membres du Conseil central, a-t-il gagné la bataille et la page Abdelmajid Ezzar, c’est-à-dire l’emprise nahdhaouie sur l’Utap, est-elle enfin tournée? Et pour être plus clair, l’opération noyautage ou carrément mainmise sur les organisations nationales a-t-elle démarré à travers le choix d’une nouvelle direction à la tête de l’organisation des agriculteurs qui s’affranchit de la domination d’Ennahdha pour choisir de collaborer avec le Président de la République qui boudait le président de l’organisation et qui était boudé lui aussi par le président de l’Utap démis de ses fonctions ?

J’y suis, j’y reste

Noureddine Ben Ayed, le nouveau président de l’Utap, est tranchant : «Mon accession à la présidence de l’organisation est légale suite à la décision des deux tiers des membres du Conseil central de retirer leur confiance à Abdelmajid Ezzar».

Il ajoute : «Cette décision est imputée à des défaillances de gestion.

Elle n’est pas motivée par des pressions politiques comme le laissent entendre les partisans d’Ezzar qui dénoncent des tentatives d’intervention dans la gestion de l’organisation par les présidences de la République et du gouvernement».

«Ezzar, précise-t-il encore, a été invité à démissionner à plusieurs reprises à la suite de la découverte de plusieurs dépassements d’ordre administratif et financier qu’il a commis, outre l’absence de bilans comptables sur la gestion financière des avoirs de l’Utap».

Abdelmajid Ezzar ne partage pas les déclarations de son vice-président et conteste vigoureusement la décison du Conseil central de l’organisation de le démettre de ses fonctions.

«Je suis toujours à la tête de l’organisation. J’exerce toujours mes activités dans mon bureau au siège de l’Utap, le travail se poursuit normalement au sein de l’organisation», déclare Ezzar aux médias.

Plus tranchant encore, il ajoute : «La réunion mercredi du Conseil central est illégale puisque le quorum n’a pas été atteint, conformément aux dispositions de l’article 8 du statut de l’organisation».

Il conclut en annonçant qu’un recours sera porté devant la justice en vue de départager les deux camps.

Il est à préciser que l’organisation des agriculteurs est considérée traditionnellement proche des pouvoirs en place et ce depuis que le premier gouvernement Bourguiba a réussi en 1956, dès les premiers mois de l’indépendance, à écarter ses anciens responsables réputés proches ou sympathisants du leader Salah Ben Youssef.

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