Le programme national de réformes du gouvernement Najla Bouden a été présenté dans la soirée du 3 juin. «Pas moins de 400 cadres et experts ont veillé, depuis novembre 2021, à son élaboration, en collaboration avec toutes les parties concernées. Les réformes proposées sont purement tunisiennes et seraient en mesure d’aider à faire sortir le pays de la crise financière et économique actuelle», déclare La Kasbah dans un communiqué.
Najla Bouden, première Cheffe de gouvernement de l’histoire de la Tunisie et du monde arabe, a jusqu’ici assuré, malgré les critiques virulentes qu’elle ne cesse d’essuyer. Bravo à la dame. Reste, cependant, le plus difficile, la mise en œuvre dudit programme qui requiert la conjonction des efforts de tous, du souffle et du sang-froid.
Faisant bien les choses, cette fois-ci, pas moins de treize ministres ont tenu, mardi 7 juin, une conférence de presse pour présenter les réformes détaillées par secteur d’activité et par département ministériel. Un travail de communication institutionnelle nécessaire et un service après-vente de bon aloi.
Malgré une situation politique compliquée, l’exécutif va de l’avant. Et il a bien raison de le faire. Il s’agit désormais de la survie d’une nation. La déclaration de banqueroute sur le modèle libanais plane sur la tête des Tunisiens tel un vautour en train de foncer sur sa proie.
Mais il y a un mécontent, prévisible, on serait tenté d’ajouter: l’Union générale tunisienne de travail. Faisant de l’opposition méthodique à toute réforme une raison de vivre, l’Ugtt s’y déclare opposée, parce que, selon les sorties médiatiques de ses dirigeants, il porte atteinte au rôle social de l’Etat.
Le syndicat qui répand les bruits, conformément à une stratégie de surenchère bien rodée, qu’il est du côté des ouvriers et des classes populaires, ne cesse de porter préjudice, justement, à ceux qu’il prétend défendre. Qui a le plus souffert de l’inflation galopante ? De la cherté de la vie ? De la perte du pouvoir d’achat ? Ce sont d’abord et surtout les plus démunis.
Le système économique et social, en vigueur depuis plus d’un demi-siècle, est agonisant, n’étant plus en mesure de suivre les défis sans cesse grandissants.Ce sont des faits et des chiffres qui le prouvent. Mais comment dire et se faire entendre par la haute hiérarchie de l’Ugtt, que les subventions ne seront pas suspendues mais mieux ciblées, que certaines entreprises publiques sont un puits sans fond dont il faut stopper l’hémorragie, que supprimer les « autorisations », c’est fermer la porte au clientélisme et à la corruption, assainir le climat des affaires et encourager les investissements.
Au lendemain de la révolution, lorsque la République était en péril, lorsque l’opposition, tous courants confondus, ne pesait pas lourd, c’est bien l’Ugtt qui est montée au créneau pour défendre les acquis de la Tunisie moderne. Une position courageuse et largement célébrée par une partie de la population, mais qui a été punie, entre autres, par de graves agressions physiques sur la place Mohamed-Ali, un certain 4 décembre 2012.
Par la hauteur de vue de ses conseillers politiques, la centrale syndicale était souvent au rendez-vous, adoptant la bonne posture. En revanche, ceux chargés des dossiers économiques et sociaux devraient revoir leurs prises de position. Par une raideur forcenée, ils auraient porté lourdement atteinte aux intérêts fondamentaux des Tunisiens.