Moutons de sacrifice – Prix très élevés pour les ménages tunisiens : Hors de portée des bourses

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Comme souvent, certains ménages tunisiens sont amenés à prendre des avances sur leurs revenus ou s’octroyer des crédits pour s’acheter le précieux mouton du rite musulman. Malgré les bonnes promesses…

Comme annoncé récemment sur les colonnes de La Presse, les prix pratiqués pour la vente des moutons de sacrifice oscillent entre 600 et 950 dinars. D’année en année, les prix grimpent sans qu’on n’ait pu trouver de parade véritable et efficace. La consommation de viande en Tunisie est devenue chère. La mauvaise conjoncture économique et sanitaire entrevue ces dernières années n’a pas facilité les choses. Un vendeur de bétail l’affirme à qui veut bien l’entendre : «Il est bien loin le temps où l’on importait des moutons de Libye pour ajuster les prix, il n’y a que du bétail tunisien». Le manque de moutons se ressent sur le prix qui ne fait qu’augmenter au moment même où l’on crie sur tous les toits et dénonce le faible pouvoir d’achat du Tunisien.

A dix jours de l’Aïd El Idha, les acheteurs se font rares, très rares. Pourtant, on n’hésite pas, du côté des vendeurs, à envahir quartiers et cités de Tunis avec les moutons pour les installer dans de petits enclos parfois même devant une boucherie. A la Cité Hédi-Nouira à l’Ariana, un groupe de vendeurs et d’éleveurs de bétail s’est associé pour remplir d’une trentaine de moutons un petit jardin qu’ils ont pris la peine de clôturer. On y voit les moutons brouter l’herbe, la paille et mordre les feuilles des palmiers et leurs écorces. Au grand plaisir et petit bonheur des enfants de passage qui admirent le spectacle. Parce que cette fête est aussi celle des enfants. Mais ce n’est sûrement pas la fête des prix, puisqu’on est pris de tournis à entendre ceux proposés sur place.

En demandant le prix, on tombe des nues, puisque le mouton le moins cher est proposé à 680 dinars après marchandage, quant au plus cher… Selon le gabarit et le poids du mouton, on peut atteindre facilement les 1.000 dinars par tête ovine. Il n’est pas question d’acheter tout de suite et la plupart préfèrent patienter et attendre que les prix baissent. Mais rien n’est garanti. Souvent les meilleures affaires se font la veille de l’Aïd où l’on trouve forcément des vendeurs de bétail qui veulent céder leurs derniers moutons et vendre tout leur cheptel, en finalité quitte à consentir des remises importantes et vendre à perte…

Un mouton à tout prix

Mais les Tunisiens qui font de cette fête l’événement principal de l’année n’en ont cure et se plient en quatre pour acheter le mouton. En attendant, la nouvelle du prix référentiel de la vente des moutons de sacrifice, fixé à 14 dinars le kilo vif (tous poids confondus), est appréciée par les citoyens qui estiment «qu’elle n’a augmenté que de 1 dinar par rapport à l’an dernier, ce qui est acceptable». Le Tunisien ne fait jamais dans la demi-mesure quand il s’agit d’exercer sa foi et consent même à débourser l’équivalent  d’un salaire modeste pour l’achat du mouton de l’Aïd El Idha.

Même si on recense 1,5 million de têtes de moutons en Tunisie cette année selon les officiels, les prix tardent à baisser sur le terrain et ne prêtent pas au sourire. Il y a moins de cinq ans, on pouvait s’acheter un mouton «bon» pour le sacrifice à 500 Dinars, chose impensable aujourd’hui.

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