Accueil A la une Polémique autour de Lamine Nahdi : Les années passent et Lamine demeure

Polémique autour de Lamine Nahdi : Les années passent et Lamine demeure

Lamine Nahdi désavoué par le public ? Qui l’eût cru ! Une première dans l’histoire de ce grand comédien, de ce roi incontestable de la comédie… De mémoire de festival nous n’avons jamais assisté à une telle polémique après un spectacle. Une vidéo devenue virale où le public «sortant» est interrogé par un journaliste sème la zizanie. Une vidéo diffusée (en un laps de temps !) dont le montage trahit le point de vue. Un complot ou un public qui s’est trompé de genre théâtral ?

Avant d’aller plus loin, nous tenons Lamine Nahdi pour une icône de la comédie en Tunisie, pour le plus grand faiseur du rire en Tunisie qui a bien mérité son trône du roi de la comédie et qui a affronté deux régimes autoritaires, celui de Bourguiba et celui de Ben Ali, en distillant dans ses vannes tout ce que le commun des Tunisiens pensait tout bas. Du film «Farda welkat okhtha» jusqu’à «Fi hek essardouk erraychou» en passant par «Mekki et Zakia», Lamine Nahdi est resté inégalable, force est de le croire ! Dans son effectif, 45 spectacles à Carthage, tous complets. Toutes nos considérations pour l’homme, pour l’artiste et pour sa carrière.

Savoir monter une vidéo

Voici que ce 29 juillet de l’an 2022, alors que Lamine Nahdi interprétait «Nmout Alik», une partie du public a commencé à quitter le théâtre romain. En un temps record, une vidéo devient virale sur les réseaux sociaux. Dans cette vidéo, on voit une partie du public mécontent expliquer les raisons qui l’ont poussée à quitter les gradins du théâtre. D’aucuns disent que c’est trop politique et qu’ils n’ont pas trouvé Lamine qui les faisaient rire. D’autres conseillaient à l’artiste de se retirer. Soit ! Tout le monde a le droit d’exprimer son avis. Jamais travail journalistique n’a été exécuté et diffusé avec cette vitesse. Même par les médias spécialisés. La vidéo pèche aussi par un manque de professionnalisme, dans la mesure où elle ne prend pas l’avis de la partie du public qui est restée jusqu’au bout. Et, pour comble, le montage de cette vidéo a achevé de nous convaincre que c’est un parti pris destiné à porter préjudice et non pas à informer objectivement. En fait ( la vidéo qui dure presque 17 minutes) utilise la technique de montage qui annonce au début des phrases choquantes (facon teasing) puis développe ensuite les mêmes idées en les fouillant. Sauf que ce genre de montage est destiné à fixer un seul point de vue et à l’ancrer dans la tête du spectateur. Cela permet aussi de reprendre les débuts de phrases choquantes pour doubler leur effet. Trop flagrant. Dans ce bas monde, il y a des techniques de montage beaucoup plus subtiles, mais il faut faire des études sérieuses pour les maîtriser. De plus, nous n’arrivons pas à définir ce genre de journalisme qui demande au public de donner une note de zéro à dix ? D’ailleurs, c’est l’absence de professionnalisme de cette vidéo qui nous a mis la puce à l’oreille. Dans notre métier, il nous arrive de ne pas apprécier des créations artistiques mais, à notre sens, entre critiquer et descendre en flammes un artiste, il y a le respect de la personne qui a porté sur ses épaules ce spectacle jusqu’au bout.

Complot ou quiproquo ?

Interrogé, Dali Nahdi pense qu’il s’agit d’un complot contre Lamine Nahdi. Sinon, pourquoi ce spectacle a fait, selon lui, dix représentations pleines au Théâtre municipal sans aucun problème ? Il se demande si les gens sont venus pour ressortir. Qui est derrière tout ca ? La concurrence ou un parti politique très critiqué dans la pièce ? Mais qui serait assez puissant pour vider le Théâtre romain surtout avec cette technique ?

A notre sens, le public de Carthage est tout simplement venu pour rire. Un public qui ne sait pas faire la différence entre un monodrame qui est le genre théâtral de «Nmout Alik» et le «one man show» (qui, lui, fait rire) du genre «Mekki et Zakia». En d’autres termes, c’est un public qui est venu voir Lamine Nahdi dans «Farda welkat okhtha» de Ali Mansour et qui le retrouve dans «Arab» de Fadhel Jaïbi. En d’autres termes, le public de Carthage s’est «auto-filtré» ce soir-là. Cela n’enlève rien à la stature de Lamine.

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