Les clients se sont fait rares dans la matinée d’hier et ne se bousculaient pas au portillon. Malgré les réductions de 20%, 30% et 50% comme exigées par le ministère du Commerce, les prix de base sont élevés et n’impactent pas assez sur le prix d’achat après soldes. Sans doute, le weekend sera plus faste et animé…
Il fut un temps où les soldes en Tunisie étaient attendus avec un engouement et des attentes indescriptibles il y a encore une décennie. Depuis, les bonnes habitudes ont disparu, si bien que la population se demande s’il y a véritablement des soldes, vu la maigreur de leur portefeuille et un pouvoir d’achat qui s’effrite à force d’être anéanti par l’inflation et l’envol du cours des devises. Traditionnellement, les soldes saisonniers ont lieu deux fois par an et durent au moins six semaines.
Place donc à celles de l’été en espérant que les prix ne donneront pas d’emblée des sueurs froides au client qui se jettera dans les magasins au premier jour, pour faire des affaires. Mal lui en a pris car le client est pris de vertige à voir les prix pratiqués sans commune mesure avec les moyens financiers dont il dispose. Si bien qu’un jeune homme qui se balade dans un centre commercial, les mains dans les poches, avoue que « les prix sont élevés et hors de portée ». Dans la collection masculine, les tee-shirts « fashion » et plus stylés affichent désormais les prix de ceux des chemises et des polos, aperçus il y a encore 5 ans. Impensable. Pour s’offrir un polo ou une chemise manches courtes de marque importée d’Espagne ou de Turquie, il faut débourser 45 dinars, au bas mot après soldes ! Alors, les vendeurs de prêt-à-porter s’évertuent à jouer sur l’affichage et les couleurs pour attirer une clientèle qui se dissipe, loin de la frénésie acheteuse habituelle.
Ruses commerciales
Sans que ce ne soit interdit et plutôt légal, les commerçants n’hésitent plus à recourir à des ruses et astuces commerciales, même avec le recours au double étiquetage présent en bonne et due forme et selon la réglementation en vigueur. Pour ne pas décourager la clientèle, les vendeurs jouent sur l’affichage des prix sur les panneaux, tantôt avec le taux de réduction lorsqu’il y a un mélange de polos et de chemises de différentes qualités et façons, tantôt avec une indication de prix en apparence attrayante.
Des efforts restent à faire…
Il est regrettable de remarquer que certains commerçants nouvellement implantés dans un centre commercial, ou ayant une boutique qui a pignon sur rue, se désistent à pratiquer des soldes. Pendant que d’autres ont tout un stand réservé à la nouvelle collection, généralement hors de prix. Les clients bien avisés attendront la 2e démarque pour avoir des prix plus attractifs, même au risque de ne pas trouver la bonne taille ou la pointure convenable. Pour preuve, il faut compter pas moins de 300 dinars pour s’offrir une petite tenue de qualité composée d’un tee-shirt, d’un bermuda et de chaussures basiques. La première démarque laisse le client sur sa faim et l’oblige à passer son chemin, préférant les articles de friperie.
Les soldes appelés juridiquement « ventes avec réduction des prix » sont régis par la Loi N° 98-40 du 2 juin 1998 relative aux techniques de vente et à la publicité commerciale qui fixe les conditions de déroulement des soldes. Ainsi, le taux de réduction minimum par rapport au prix de référence a été fixé par arrêté du ministre du Commerce, se portant à 20%. Les soldes de 15% ou 10% sont nécessairement interdites. A cet égard, les horlogers pratiquent des soldes minimalistes de 20%, quand les vendeurs de produits technologiques et des smartphones n’adhérent pas du tout à cette expérience commerciale censée renflouer les caisses et pallier le manque de ventes sur l’année… Il faut dire que la concurrence de la vente en ligne, qui a explosé depuis que l’accès à Internet s’est démocratisé, porte un coup dur à l’activité des boutiquiers et des magasins.
crédit photo : © Salma Guizeni