Jamel M’Sallem, président de la Ltdh, à cœur ouvert à La Presse : « La Ligue exige de participer à l’élaboration de la nouvelle loi électorale »

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Tranchant, clair et mesuré dans ses propos et dans les approches qu’il développe au nom de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme (Ltdh), qu’il préside depuis quelques années, Jamel M’sallem exprime sa conviction profonde et celle des militants et des cadres de la Ligue que la campagne d’intimidation et de menace dont ils sont la cible ne peut que renforcer leur engagement à persévérer dans la voie de la consécration des droits de l’homme et des libertés publiques et individuelles.
Jamel M’sallem n’élude aucune question posée par La Presse. Il parle, en effet, du référendum du 25 juillet, de l’Isie qu’il veut réellement indépendante et neutre afin de faire réussir les législatives anticipées du 17 décembre prochain, de la nécessité de mettre au point une commission indépendante qui aura pour mission d’élaborer la nouvelle loi électorale, «une commission qui rompe surtout avec les pratiques de la commission consultative défunte présidée par le doyen Sadok Belaïd», insiste-t-il.

Tranchant, clair et mesuré dans ses propos et dans les approches qu’il développe au nom de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme (Ltdh), qu’il préside depuis quelques années, Jamel M’sallem exprime sa conviction profonde des militants et des cadres de la Ligue que la campagne d’intimidation et de menace dont ils sont la cible ne peut que renforcer leur engagement à persévérer dans la voie de la consécration des droits de l’homme et des libertés publiques et individuelles.

Jamel M’sallem n’élude aucune question posée par La Presse. Il parle, en effet, du référendum du 25 juillet, de l’Isie qu’il veut réellement indépendante et neutre afin de faire réussir les législatives anticipées du 17 décembre prochain, de la nécessité de mettre au point une commission indépendante qui aura pour mission d’élaborer la nouvelle loi électorale, «une commission qui rompe surtout avec les pratiques de la commission consultative défunte présidée par le doyen Sadok Belaïd», insiste-t-il à souligner.

M. le président, vous venez de faire l’objet, en compagnie du vice-président de la Ligue Me Bassam Trifi, l’objet d’une campagne médiatique de lynchage sans précédent qui est allée jusqu’à vous adresser des menaces de mort. Comment réagissez-vous à ces comportements ?

La Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme ne peut que dénoncer avec force et vigueur ces campagnes d’intoxication qui ont dépassé toutes les limites et dont les auteurs qui ne nous sont pas inconnus font fi des règles élémentaires des droits de l’homme, de la démocratie, de la tolérance, de l’acceptation de l’autre et du respect du droit à la différence.

Les menaces de mort qui sont adressées à ma personne et visent également nommément mon collègue Me Wissem Trifi, vice-président de la Ligue, ne peuvent que renforcer notre conviction que la Ligue est sur la bonne voie et qu’inciter ses cadres et ses militants, à travers l’ensemble du pays, à poursuivre leur action militante en vue de faire triompher les valeurs universelles des droits de l’homme.

En fait, qu’est-ce que les facebookers vous reprochent et pourquoi ils vous accusent d’être contre le processus du 25 juillet bien que la Ligue ait participé au dialogue national tenu sous la présidence du doyen Sadok Belaïd ?

En réalité, ceux qui nous attaquent injustement et vont jusqu’à nous menacer de mort  nous reprochent notre position ferme et énergique contre les actes de violence qui ont été perpétrés dernièrement à l’encontre des personnes opposées au processus du 25 juillet.

Pour être plus clair, et parce que la Ligue a exercé sa mission comme indiqué dans son statut et conformément à la ligne de conduite intangible qu’elle suit depuis sa création en 1977, on nous accuse d’être contre le projet de reconstruction nationale piloté par le Président Kaïs Saïed. Ils oublient intentionnellement que les militants de la Ligue ont voté le plus démocratiquement la participation de la Ltdh au dialogue national et nous avons pris part aux quatre réunions tenues sous la présidence du doyen Sadok Belaïd. Malheureusement, moi-même ainsi que les responsables de la Ligue qui ont participé à ces réunions nous n’avons pas réussi à avoir accès au contenu du projet de Constitution proposé par le doyen Belaïd au Chef de l’Etat. Nous avons découvert comme tout le monde les deux versions de la Constitution en date du 30 juin et du 8 juillet 2022 soumises au référendum du 25 juillet dernier.

Justement, à propos du référendum du 25 juillet à la campagne duquel la Ligue n’a pas pris part, quelle est votre position concernant les résultats auxquels il a abouti ?

Pour que les choses soient claires dès le départ, la Ligue des droits de l’homme ne s’est pas portée candidate auprès de l’Isie pour participer à la campagne référendaire, à l’instar d’autres partis politiques, associations et organisations de la société civile qui ont reçu l’autorisation de mener leur campagne en incitant les électeurs à dire oui ou non au projet de Constitution soumis à leur vote.

La Ligue a choisi de s’impliquer dans l’opération référendaire par le biais de ses observateurs qui ont suivi tout au long de la journée du 25 juillet 2022, le jour du référendum, les différentes phases du vote.

Il ont été 15 observateurs à avoir sillonné, ce jour-là, les gouvernorats de Tunis capitale, de l’Ariana, de Siliana et de Sidi Bouzid, pour voir de visu comment l’opération vote s’est déroulée et pour constater tous les manquements ou dérapages.

Dans les rapports qu’ils ont soumis à la Ligue, ils n’ont pas observé de violations graves ou de dérives de nature à remettre en question les résultats préliminaires annoncés par l’Isie en attendant ce que le Tribunal administratif va décider concernant les recours qui lui ont été soumis.

Pour ce qui est des résultats du référendum marqués notamment par un oui massif, voire écrasant, nous considérons à la Ligue qu’ils étaient prévisibles au vu du taux de participation au vote et de la faible campagne référendaire aussi bien de ceux mobilisés pour encourager les électeurs à voter oui que de ceux qui militaient pour le non.

Certaines voix, notamment au niveau des organisations de la société civile, ont  appelé au recomptage des voix exprimées lors du référendum, estimant que les chiffres donnés par l’Isie ont été gonflés?

Quelle approche se fait la Ligue de cette question  ?

Lors du Congrès national de la Ligue tenu les 30 et 31 juillet dernier, nous n’avons pas examiné cette question.

La priorité examinée par les participants au conseil a concerné la campagne d’intimidation et les menaces d’agression qui ont ciblé les responsables de la Ligue.

Nous avons réaffirmé notre engagement irréversible à nous opposer à toute les formes de violence, de haine et  d’intolérance ou de discorde entre les Tunisiens.

Beaucoup d’acteurs opérant sur la scène politique nationale appellent le Président à adopter une démarche participative pour ce qui est de l’amendement ou de la mise au point d’une nouvelle loi électorale en prévision des élections législatives programmées pour le 17 décembre prochain.
Quelle est l’approche que la Ligue va choisir ?

D’après ce que nous avons compris au niveau de la Ligue des déclarations du Président de la République, il paraît qu’il s’agira d’une nouvelle loi électorale.

Nous exigeons que la Ligue soit consultée dans le processus d’élaboration de la nouvelle loi électorale sur la base de laquelle se dérouleront les législatives anticipées du 17 décembre prochain.

Nous appelons également à ce que ces législatives soient pilotées par une instance des élections réellement indépendante et effectivement neutre.

L’élaboration de la nouvelle loi électorale doit être dirigée par une commission réellement indépendante et qui fonctionnera sur la base d’autres normes différentes de celles qui ont présidé à la formation et à l’action de la défunte commission consultative dirigée par le doyen Sadok Belaïd, une expérience que personne ne voudrait voir se renouveler. La Ltdh exhorte aussi le Président de la République à organiser par la même occasion une nouvelle élection présidentielle sur la base de la Constitution du 25 juillet 2022.

Comment la Ligue a-t-elle réagi aux déclarations inacceptables de l’ambassadeur américain désigné à Tunis avant que sa nomination ne soit acceptée par l’administration tunisienne?

Pour nous, c’est un acte d’ingérence intolérable dans nos affaires intérieures que nous condamnons énergiquement au vu de notre attachement indéfectible à la liberté et à l’indépendance de la décision nationale, loin de toutes les formes de pression à caractère politique et plus particulièrement à caractère économique, dans la mesure où la crise économique dans laquelle se morfond notre pays depuis plus d’une décennie et l’incapacité, voire l’incompétence, manifeste des gouvernements qui ont géré la Tunisie depuis la révolution autorisent certains parmi nos partenaires s’arrogent le droit de nous donner des leçons dans le domaine des droits de l’homme et d’intervenir dans nos affaires en prétendant nous apprendre à gérer notre pays.

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