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Femmes rurales : Droit au déplacement sécurisé

Il va sans dire que les conditions de transport non sécurisé portent un préjudice moral, mais aussi physique aux femmes dont le travail est sous-évalué.

Le salut de l’activité agricole demeure tributaire de la participation de la femme rurale au travail de la terre et la cueillette des fruits. Représentant le plus grand réservoir de la main-d’œuvre bon marché pour les propriétaires terriens, les femmes sont contraintes d’être au four et au moulin aussi bien à la maison avec les exigences de leurs époux et de leurs enfants que dans les champs agricoles où elles subissent les caprices et les diktats de leurs employeurs.

62% de la main-d’œuvre sont des femmes

M. Radhouen Fatnassi, membre de la section tunisienne des droits de l’Homme à Kairouan, nous précise dans ce contexte que 62% de la main-d’œuvre exerçant dans le secteur agricole sont des femmes et 38% sont des hommes : «En outre, 9% de ces femmes n’ont aucune assurance, ni sécurité sociale».

Ainsi, ces «Nissa Essouani», âgées entre 16 et 70 ans, se déplacent quotidiennement dans des camionnettes entassées les unes sur les autres, pour aller effectuer diverses tâches pénibles (sarclage, plantation, récolte, cueillette, moisson, battage, etc.), et ce, pour un salaire de misère entre 8 et 10D pour une journée de dur labeur de 7h00 à 16h00. Il va sans dire que ces conditions de transport non sécurisé portent un préjudice moral, mais aussi physique aux femmes dont le travail est sous-évalué.

D’ailleurs, beaucoup d’accidents ont eu lieu ces dernières années et ont été provoqués par des chauffeurs toujours pressés et empruntant des pistes non contrôlées par les agents de la garde nationale. Ainsi, on a enregistré un grand nombre de décès de travailleuses agricoles et des blessures handicapantes à vie. Et ces ouvrières sont condamnées à se taire car les chauffeurs qui assurent leur transport sont, dans leur grande majorité, des proches de leurs entourages (frère, cousin, voisin, etc.).

Accidents quasi-quotidiens

Donc, le transport de ces femmes continue de faire des victimes, tel cet accident qui a eu lieu il y a quelques semaines sur la route régionale n°46 reliant la délégation de Oueslatia et El Fahs dans le gouvernorat de Zaghouan. Une femme est décédée et cinq autres blessées, dont deux dans un état critique. La victime, 50 ans, était assise dans la benne arrière du camion.

Par ailleurs, on ne peut oublier le grave accident qui a eu lieu sur la route régionale au niveau de Tfifila (délégation de Aïn Jloula), provoqué par une collision entre deux camionnettes, dont l’une transportait du bétail. Cette collision était due à l’excès de vitesse et à un dépassement interdit sur une route mal entretenue, pleine de virages et de dos d’âne. Au total, deux hommes et 14 femmes ont subi beaucoup de fractures et de graves blessures et un chauffeur, âgé de 60 ans, a trouvé la mort au moment de la collision. En outre, tous les moutons ont péri.

Témoignages

Parmi le accidentées, nous avons rencontré Meriem, âgée de 40 ans et qui présentait de multiples contusions au niveau des épaules. Elles nous: «Après avoir assuré pendant plusieurs mois la cueillette des fruits dans les champs agricoles, nous voilà en train de cueillir le romarin des montagnes de Oueslatia. Ainsi, pour la totalité de 100 kilos de romarins que j’entasse dans les hottes que je mets sur mon dos, je perçois 20D.

Tous les jours, nous travaillons de 7h00 à 16h00, et ce, pour subvenir aux besoins de nos familles». Parmi les blessés, une mère dont 2 enfants sont handicapés et d’autres cas sociaux qui font ce travail de récolte de romarin depuis plus de 5 ans pour un maigre salaire et sans aucune assurance. Cela, face à l’indifférence des employeurs qui se contentent, en général, de payer les premiers soins aux services des urgences puis vont à la recherche d’autres saisonnières.

Somme toute, il faudrait que les responsables à tous les niveaux pensent à appliquer tout l’arsenal juridique et la batterie des lois en faveur de la femme rurale, ce qui permettra désormais d’indemniser les travailleuses agricoles en cas d’incapacité physique ou de maladie.

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