Sur un total de 390.000 habitants en milieu rural, 196.000 sont des femmes, dont la majorité sont privées de leurs droits fondamentaux et ne bénéficient ni de sécurité, ni d’assurance sociale, ni de droit à la retraite, ni à un salaire fixe.
Seules 10% d’entre elles en bénéficient, puisqu’elles travaillent dans des mutuelles et des sociétés de développement agricole. Mais la plupart des femmes rurales travaillent du matin au soir. Entre le fait d’aller chercher l’eau, couper du bois, abreuver les vaches, contrôler les poulaillers, préparer le repas, allaiter le petit dernier et laver le linge, elle se trouve le soir dans un piteux état et ne pense qu’à s’endormir…
Aucun moyen de loisir, de distraction, ni d’activité culturelle capable de la divertir. D’où un sentiment de lassitude des corvées quotidiennes et du diktat de l’époux, trop exigeant et égoïste.
Il va sans dire que cela crée beaucoup de tension au sein du milieu familial, des disputes et surtout beaucoup de violence. Ainsi, le nombre de femmes, que ce soit en milieu rural ou en milieu citadin qui subissent quotidiennement la colère et la violence de l’époux, augmente d’une manière inquiétante.
Beaucoup ont été blessées, ont perdu un œil et ont été traumatisées moralement et physiquement. Et rares sont celles qui osent porter plainte par peur du «qu’en dira-t-on?» ou par crainte d’être maltraitée au poste de police.
Cette agressivité de l’époux est aggravée par le chômage, la pauvreté et la peur d’un avenir incertain, d’où le recours au divorce avec tout ce que cela engendre de dépenses matérielles et de dégâts sur le plan moral des enfants, outre le fait que la femme se trouve, du jour au lendemain, sans foyer où loger ni soutien social et moral.
D’où l’importance de la création des centres d’hébergement et d’orientation des femmes victimes de violence, ainsi que leurs enfants.
A Kairouan, par exemple, le centre d’hébergement des femmes, «Arwa la Kairouanaise» vient de reprendre ses activités suspendues en 2020, faute de financement.
Rappelons que ce centre assure la protection, l’encadrement et la sensibilisation des femmes à leurs droits conformément à la loi organique 2017-58 du 11 août 2017, relative à l’éradication de la violence à l’égard des femmes. Notons que ce centre a été créé en partenariat avec le bureau régional de l’Unft Kairouan et l’Association tunisienne de gestion et de stabilité sociale «Tamss» sous la supervision du ministère de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Seniors. Et il a été financé par le Fonds des Nations unies de la population.
Disposant d’une capacité d’accueil de 11 lits (8 pour adultes et 3 pour enfants) et d’une équipe de 4 accompagnatrices spécialisées dans la prise en charge des femmes, ce centre convivial favorise leur autonomisation financière à travers des séances de formation dans les domaines de la couture, de la broderie, de la pâtisserie et de l’informatique.