Plus de 8.000 cadres supérieurs, 4.000 ingénieurs, 2.300 enseignants-chercheurs, 1.000 médecins et pharmaciens et 450 informaticiens ont quitté le pays en 2018, d’après l’Office des tunisiens à l’étranger.
Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques la Tunisie était classée en 2020 à la deuxième place en matière de fuite des cerveaux, après la Syrie. Et le fléau va crescendo. S’attardant sur l’origine du mal, l’Association tunisienne des grandes écoles (Atuge) fait état de mauvaises conditions de vie en Tunisie. Les personnes interrogées citent, dans la même optique, la corruption, la bureaucratie, l’instabilité politique, le taux d’inflation, et les meilleures opportunités professionnelles et financières à l’étranger (un salaire souvent multiplié par dix).
Dans le secteur informatique, tout particulièrement, l’exode des compétences est de plus en plus phénoménal. Et les chiffres sont effrayants, puisque l’on parle de milliers de cerveaux perdus. En payent le lourd tribut les entreprises et l’économie tunisiennes, somme toute, le pays.
L’incompétence du pouvoir, mère de tous les maux
Ce que se refuse cependant à admettre la raison, c’est que tant de fracassants désastres puissent être attribués à la seule incompétence ou encore à la stupidité du pouvoir. Lequel pouvoir au lieu de rectifier le tir, poursuit le conditionnement en réduisant de manière drastique le niveau et la qualité de l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle.
Au lieu de retenir les talents et les compétences, ce même pouvoir produit des individus incultes qui n’ont qu’un horizon de pensée limité, donc une pensée bornée à des préoccupations matérielles, médiocres.
Obsolescence de l’homme, l’autre tragédie
Ce pouvoir continue à faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste. Pis, il fait en sorte que le fossé se creuse entre le peuple et la science. Encore plus tragique, on cautionne une information publique anesthésiée de tout contenu à caractère subversif.
Résultat : L’homme de masse, ainsi produit, est et sera traité comme ce qu’il est : un produit, un veau, et il doit être surveillé comme doit l’être un troupeau.
Pour ce pouvoir, tout ce qui permet d’endormir la lucidité des gouvernés, l’esprit critique, est bon socialement. Autrement, ce qui risquerait de l’éveiller doit être combattu, ridiculisé, étouffé…
Toute doctrine remettant en cause le système doit être désignée comme subversive.