Le travail des deux artistes fait un focus sur les injustices persistantes dans la Tunisie post-2011. En effet, elles explorent différentes formes de recherche de la «réalité», ainsi que d’émotions liées aux injustices sociales persistantes qui affectent le pays et ses communautés.
«The Transformation of Silence», une exposition qui vaut vraiment le déplacement. Elle réunit les travaux des deux artistes tunisiennes, Héla Ammar et Souad Mani, et se poursuit jusqu’au 14 octobre 2022 à la Chapelle de Saint-Monique à Carthage.
Inaugurée le 22 septembre 2022, cette exposition est le fruit de recherches conduites par la commissaire Marianna Liosi, dans le cadre du programme de bourse 2021 sur la mémoire et la justice, offert par le Merian centre for advanced studies in the Maghreb (Mecam) à Tunis, en partenariat avec le Ministère fédéral allemand de l’éducation et de la recherche, et la collaboration de La boîte. Un lieu d’art contemporain et Ihec Carthage.
Souad Mani y expose une grande partie de ses recherches de longue haleine autour des territoires transformés et les paysages industriels, réalisés entre Gafsa (Sud de la Tunisie 2010-2017) et Martigues (Sud de la France 2020-2022), des traces de ses deux résidences artistiques Under the Sand et Plastigo.
Artiste plasticienne transmédia, Souad Mani vit et travaille à Sousse. Son travail est transdisciplinaire, il se déploie à travers des expérimentations techno-poétiques. Dans une approche géo-picturale et géo-relationnelle, elle aborde les interrogations autour du statut de l’œuvre, de l’artiste et du spectateur à l’ère des intelligences collectives et des objets connectés.
De la photographie, de la vidéo, en passant par le land art et les data visualisations, les œuvres de cette artiste examinent les transformations possibles d’un médium ou d’un paysage. Son travail a été exposé à la Biennale des photographes du monde arabe contemporain à l’Institut du monde arabe, à Casa arabe et au Mucem, Marseille. Elle a participé à différents festivals en Tunisie, Espagne, Italie, France, Allemagne et Tchèque, et a participé à diverses expositions collectives en Tunisie.
Héla Ammar vit et travaille à Tunis. En plus de sa formation en arts visuels, elle est docteure en droit. Ses photographies et ses installations traitent des enjeux de la mémoire. L’identité et les communautés marginales sont des thèmes récurrents dans son travail. Une sélection de ses photographies et installations fait partie de la collection permanente du British Museum, Londres, de l’Institut du monde arabe, Paris, et du Musée de la Fondation A. Slaoui, Casablanca. Son travail a été présenté dans diverses biennales et expositions internationales, telles que Reflections au British Museum, Londres (2021), The refugee week, présenté par le Shubbak Festival au Victoria and Albert Museum, Londres (2019), Beyond borders à la Fondation Boghossian, Bruxelles (2019), Kerkennah#01, Kerkennah (2018), la Biennale des photographes du monde arabe contemporain, Institut du monde arabe, Paris (2017), Rencontres de Bamako, Mali (2017, 2015), Biennale Dak’art, Dakar (2016, 2014), Dream City, Tunis, (2017, 2012, 2010).
Dans «The Transformation of Silence», le travail des deux artistes fait un focus sur les injustices persistantes dans la Tunisie post-2011. En effet, elles explorent différentes formes de recherche de la «réalité», ainsi que d’émotions liées aux injustices sociales persistantes qui affectent le pays et ses communautés.
«Issus de sentiments personnels et sociétaux de rage, de frustration et de désillusion, divers travaux de Héla Ammar et Souad Mani fonctionnent comme des déclarations de dissidence et des actions politiques. Elles donnent un aperçu des défis auxquels la société civile tunisienne doit faire face, qu’il s’agisse de l’héritage, de l’injustice, de la migration massive ou de la grave pollution. Simultanément, les œuvres jouent comme des ‘‘glitches’’ (failles) dans le système social et politique actuel qui peuvent ouvrir l’espace pour une prise de conscience et un changement», lit-on dans un texte introductif.
L’exposition est visible jusqu’au 14 octobre et ouverte au cours de la semaine de 11h00 à 17h00, les samedis de 10h00 à 13h00 et fermée les dimanches. Les visites sont assurées par le médiateur Farouk Kamoun.
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