Testour, une journée chaude, le soleil brûlant qui fait mûrir les grenades dont on dit qu’elles sont les meilleures de la région, est à pied d’œuvre pour accueillir les premières journées du patrimoine culturel immatériel (17 octobre – 2 novembre 2022) au Centre culturel Café des Andalous.
10h00, sous la haute et célèbre horloge qui indique l’heure à l’envers, le village est en effervescence. Des ouvriers badigeonnent les devantures des magasins avec des couleurs imposées blanc pour les murs et bleu pour les portes et les fenêtres, et ce, afin de respecter le cachet du village. Même les arbres ont eu droit au coup de pinceau.
Le 17 octobre est une journée particulière. C’est la journée de la célébration de 20 ans d’existence de la Convention de l’Unesco relative au patrimoine culturel immatériel, dont les principaux objectifs sont la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, la sensibilisation au niveau local de ce patrimoine, l’encouragement à la créativité, le savoir-faire et la valorisation des expressions culturelles.
A l’entrée de la localité, le Centre culturel Café des Andalous, nouvellement restauré, les participants au Festival sont prêts pour fournir des explications sur leurs produits artisanaux qui font la renommée de la région, mais aussi de la Tunisie. Ramla Hsairi présente l’exposition documentaire « Charfia », consacrée à la pêche traditionnelle à la « Drina », une spécialité de l’île de Kerkennah.
« Al qarmid », tuile de fabrication centenaire dont s’est rendue célèbre Testour, est l’objet d’une exposition présentée par Ramla Hsaïri et d’un atelier animé par Rabeh Akez. Des documentaires sur ce savoir-faire sont diffusés en continu sur un écran de la salle du Centre.
Dans le patio, une artisane, assise en tailleur face à son « minsej », métier à tisser, fait une démonstration de la confection d’un «mergoum» réalisé à partir de la laine de mouton. L’artisane Meriem Oueslati fournit à l’assistance une panoplie de produits : tapis, couverture de poufs, etc. fait main.
Testour est connue pour la musique andalouse « Le malouf ». Un festival international annuel lui est consacré depuis 1967. La manifestation exige pour les musiciens et les chanteurs un code vestimentaire particulier : la « jebba » pour les hommes et le « qoftan » pour les femmes. On retrouve l’habit traditionnel dans les cérémonies de mariage et de circoncision, ainsi que les fêtes religieuses. Béchir Arfaoui, artisan chevronné, assis en tailleur, brode une « jebba » avec du fil de soie. Il expose plusieurs costumes aux couleurs attrayantes qu’il a lui-même confectionnés. Les jeux font aussi partie du patrimoine immatériel qu’il s’agit de sauvegarder et de transmettre aux nouvelles générations. Khaoula Chérif, chercheuse, travaille depuis des années sur ce projet. Elle présente une démonstration d’un jeu ancestral « la kherbga ». Deux groupes d’enfants en habits traditionnels s’adonnent à ce jeu qui consiste en un carré de sable sur lequel on déplace des cailloux, un jeu semblable au jeu de dés.
Côté culinaire, Testour dispose de plusieurs spécialités aussi riches que variées, réalisées avec des produits bios. Parmi les spécialités qui font la fierté des Testouriens, la confection des produits laitiers, notamment du fromage et particulièrement le « Testouri » qui a un goût unique.
Outre les ateliers et les expositions, le Festival propose, au cours de la séance de l’après-midi, dans une des salles du Centre, des conférences autour du thème : « Le patrimoine immatériel : diversification et richesse », dirigées par Nacer Baklouti. La conférence de Ramla Hsaïri a porté sur « Les pratiques de l’agriculture à travers les dictons » ; « Le lexique de la langue qachtaliya dans le dialecte des habitants de Testour », communication présentée par Khaoula Chérif et, enfin, Salah Felhi donne un exposé sur « Les arts équestres et les métiers de la selle du cheval ».
Cette manifestation, qui se poursuivra jusqu’au 2 novembre 2022, est organisée par l’Agence de mise en valeur du patrimoine et de promotion culturelle (Amvppc), en collaboration avec l’Institut national du patrimoine (INP), la Chambre nationale de l’artisanat, l’Association du patrimoine de Testour, l’Association de protection de l’horloge andalouse de Testour, le Festival de la grenade de Testour, l’Association culturelle andalousiat de Testour, l’Association de sauvegarde de la ville de Nabeul et l’Association des saveurs de mon pays.