Le site archéologique d’Oudhna constitue un chef-lieu de culture et de civilisation. Il est désormais un centre de vie et de détente pour tous les Tunisiens, à commencer par les habitants de la banlieue sud de Tunis, du fait de la proximité géographique. Cette métamorphose intervient suite à l’inauguration par l’Agence de mise en valeur du patrimoine et de la promotion culturelle (Amvppc) d’un nouvel espace d’accueil au même site archéologique. Situé à 30 kilomètres au sud-ouest de Tunis, dans la vallée d’Oued Miliane, ce site porte le nom de la colonie qui fut peuplée par des vétérans de la XIIIe légion romaine « Udhina ». À l’époque médiévale, les nouveaux occupants n’ont pas créé une nouvelle ville sur le site et se sont contentés de l’exploitation des monuments antiques existants. Cette période a légué d’importantes quantités de céramiques islamiques qui remontent surtout aux Xe-XIe siècles. Classé parmi les plus grands et importants sites archéologiques de la Tunisie, le site compte des dizaines de monuments, dont seulement quelques-uns ont été mis au jour. Parmi les plus importants, on trouve « le capitole, le principal temple de la ville qui fut consacré à la triade capitoline : Jupiter, Junon et Minerve », selon l’Amvppc. La cité archéologique abrite également trois temples distincts : « le principal, dédié à Jupiter, accolé à deux secondaires, ceux de Junon et de Minerve et ouvrant tous sur le forum. En plus du temple, disposé à l’étage et considéré parmi les plus grands temples d’Afrique du Nord, il existe aussi deux autres niveaux », d’après la même source.
Thermes publics et privés
Force est de constater que les grands thermes publics sont constitués de deux niveaux : un niveau supérieur, ouvert au public, où se trouvent les différentes salles chaudes et froides, et un niveau inférieur consacré au stockage du bois pour le chauffage. Il s’agit d’un grand édifice de plan symétrique et de type impérial, dont la superficie avoisine les 10.000 m2. Il existe également des thermes privés : ceux de la famille des Laberii, dont le nom est inscrit sur une mosaïque qui pavait le sol du frigidarium et représente une scène mythologique : Orphée charmant les animaux et les thermes des Amours pêcheurs, près de la maison d’Ikarios. Les caractéristiques de ce site entrent dans la case des spécificités archéologiques et civilisationnelles du pays. Lesquelles spécificités sont en mesure de faire le printemps du tourisme culturel tunisien. Si bien que la Tunisie compte 38 musées publics gérés par le ministère des Affaires culturelles, 27 musées publics gérés par d’autres ministères, 50 musées privés et 14 sites archéologiques ouverts au public, selon l’Institut national du patrimoine.
L’heure du réveil a sonné pour le reste des sites et musées
Faisant l’objet d’importants travaux, le site archéologique d’Oudhna contient aujourd’hui des équipements modernes à la pointe de la technologie, un restaurant et un café donnant sur les plaines verdoyantes entourant le site et un point de vente destiné à l’exposition des produits artisanaux et culturels inspirés du patrimoine national. Il a été, de surcroît, procédé à la mise en place d’un pont métallique facilitant l’accès au site et permettant aux usagers de profiter d’une vue panoramique alliant paysages naturels époustouflants et poétiques de l’espace archéologique. Œuvrant à promouvoir le site archéologique d’Oudhna, l’Amvppc avait plus tôt procédé au financement des fouilles et des opérations de restauration et d’entretien, au raccordement du site au réseau d’électricité et d’eau potable, à l’amélioration de l’aspect sécuritaire et à la mise en place de panneaux indicatifs et explicatifs, ainsi que d’unités sanitaires. Misant sur une discipline scientifique qui a existé depuis les temps les plus anciens de l’humanité, en Égypte, en Mésopotamie, en Chine, en Grèce, les porteurs dudit projet semblent être déterminés à pousser les Tunisiens, notamment les jeunes générations, à s’intéresser à leurs prédécesseurs et aux vestiges laissés par eux. D’autant que l’identité culturelle d’une société contemporaine dépend étroitement de son passé lointain. Les responsables concernés aux commandes des musées nationaux et régionaux et du reste des sites archéologiques sont appelés à s’armer d’innovation et de créativité pour faire de ces espaces culturels de vrais centres de vie dans un pays où les horizons se rétrécissent comme peau de chagrin.