Réseau Méditerranée Nouvelle Chance-MedNC : Nouvelle impulsion pour l’employabilité des jeunes

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C’est une chance pour une nouvelle vie, de meilleurs horizons, pour les jeunes Tunisiens qui désirent accéder à l’emploi même s’ils ont décroché de l’école.

Même si un jeune a échoué dans son parcours scolaire, il y a d’autres formes d’intelligence inexploitées et laissées en veilleuse qu’il peut exploiter, notamment pour celui qui a du talent et un fort potentiel économique et attractif sur le plan social.

C’est un peu l’état d’esprit qui anime les décideurs gouvernementaux en matière d’emploi et leurs partenaires européens. Sous la thématique «L’urgence d’œuvrer pour l’avenir de la jeunesse en Méditerranée», une conférence annuelle de l’Institut européen de coopération au développement s’est déroulée à Tunis du 23 au 25 novembre 2022 afin de soutenir la coopération et le partenariat entre différents acteurs et intervenants, pour bénéficier des expériences réussies dans le domaine de lutte contre le phénomène du décrochage scolaire ou de formation. Dans ce contexte, une conférence de presse s’est tenue jeudi dernier qui a rassemblé de nombreux partenaires du réseau méditerranéen MedNC.

L’exécution de projets, le maître des mots…

A l’ouverture de cet événement dédié à la jeunesse tunisienne, Nasreddine Nsibi, ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, n’a pas manqué de relever certains retards institutionnels accusés dans les projets pour la jeunesse, malgré la promulgation d’une loi cadre en 2018 pour développer son employabilité. Il a appelé à la mise en place d’un dispositif institutionnel de qualité qui vise à améliorer la politique de gouvernance et le pilotage au moyen de tableaux de bord, en vue d’assurer le suivi et la concrétisation des projets envers les jeunes. En fin de discours, le ministre a fait part de son étonnement que des étudiants diplômés n’ont pas reçu leurs diplômes, alors qu’ils commencent, déjà, leur carrière professionnelle…

Revenant sur la récente affaire de falsification des diplômes, M.Nsibi a affirmé qu’elle est en train d’être combattue sur tous les fronts pour ne pas entamer la bonne réputation des universités tunisiennes.

En outre, le ministre a apprécié le niveau de coopération et de partenariat avec l’Institut européen de coopération et de développement en tant qu’institution ayant une expérience dans les programmes d’inclusion économique pour les jeunes dans 15 pays. Il a souligné son rôle dans le renforcement des capacités des acteurs du secteur de la formation professionnelle et de l’emploi et le soutien des efforts du gouvernement tunisien et du ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle dans le domaine de la prestation de services, dans le but d’améliorer les possibilités de leur réinsertion dans les parcours de formation professionnelle et dans le cycle économique et la vie sociale. Mais le champ d’action principal reste l’exécution de projets destinés aux jeunes Tunisiens qui n’ont pas accompli tout leur parcours scolaire et sans baccalauréat national en poche.

400 millions de dinars pour la nouvelle chance 

Pour en savoir plus, on a sollicité Lamjed Mahmoud, responsable au sein du ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle et président du projet «La nouvelle chance», destiné aux jeunes de 18-30 ans, dont principalement les étudiants en matière de services et ceux issus de la formation professionnelle, lequel projet se veut à la fois éducatif et professionnel, mais aussi de vie. Ce projet vient suppléer celui de l’école de la deuxième chance, institué par le ministère de l’Education nationale il y a 4 ans, qui concerne la tranche des jeunes de 12-18 ans.

Il a révélé que ce projet, d’une durée de 3 ans et financé à hauteur de 400 millions de dinars, concerne dans une première étape les villes de Kairouan et Sousse. Et d’ajouter : «L’idée du ministère de tutelle est de développer et de conférer aux institutions chargées de l’emploi de réaliser d’autres possibilités d’intervention. Il s’agit de travailler sur le développement de l’employabilité, à travers des mécanismes d’experts et en favorisant la confiance en soi et l’estime de soi, auprès des jeunes Tunisiens. Pour devenir l’entrepreneur de soi et son propre moteur de la dynamique de changement. C’est une sorte de “self made man” ou un autodidacte comme on dit dans le jargon français… Ils seront 1.200 jeunes à bénéficier de ce programme vaste et ambitieux».

Réintégrer les jeunes dans le circuit économique

L’intégration des jeunes qui ont été coupés de tout parcours scolaire ou de formation et qui ne bénéficient d’aucun programme de réhabilitation est une nouvelle voie vers une meilleure qualification des ressources humaines.

D’après M. Nsibi, ce programme s’inscrit au cœur de la stratégie d’action du gouvernement dans le domaine de lutte contre le phénomène de la déscolarisation ou d’abandon du cursus de formation, sans même avoir obtenu un diplôme universitaire ou des qualifications professionnelles.

Le programme “nouvelle chance” vise à établir un système de réadaptation flexible qui garantit l’égalité des chances et qui soit compatible avec les besoins des décrocheurs. Il se veut capable de développer leurs qualifications et acquis, les préparant pour leur réinsertion dans la vie sociale et économique, et qui va les aider à construire leur parcours professionnel et social en s’inscrivant dans une formation professionnelle. Mais aussi celui de bénéficier d’un contrat de travail dans le secteur privé, ou créer un projet indépendant.

Ce forum s’est déroulé en présence du directeur général de l’Institut européen de coopération et de développement, M. Arnaud Britsch, et de M. Bertrand Ficini, sous-directeur du bureau de Tunis de l’Agence française de développement. M. Arnaud Britsch ne cache pas les ambitions de l’Ieec : «L’objectif qui nous rassemble est de permettre à chaque jeune méditerranéen d’accéder à une formation de qualité, d’avoir un métier qui corresponde à ses ambitions professionnelles». Car étant dans une situation vulnérable par rapport au reste du monde, un jeune méditerranéen a trois fois plus de risque d’être au chômage et donc «il faut lui trouver du talent pour mener à bien sa vie».

Pour sa part, l’Agence française de développement propose de prendre le pilotage de ce réseau par un travail qui repose sur trois piliers, dont celui de fédérer l’ensemble des acteurs de la formation professionnelle autour de débats communs et de porter l’inclusion de jeunes dans l’économie sur les métiers de référence. «Ces jeunes sont le visage de la Méditerranée et ils nourrissent nos actions par leurs rêves, pour cela, on les aide à se faire entendre», a conclu M.Britsch.

Ecole de la 2e chance

La jeune étudiante à Tunis, Emna Ben Abbès, 18 ans, a révélé que sa participation à cet événement avait pour objectif de savoir, où elle en était au niveau des études, évaluer ses capacités intrinsèques et ses ambitions en véhiculant ce témoignage : «J’ai trouvé au sein de l’école de la deuxième chance des personnes qui m’ont encadrée et je suis actuellement sur le chemin de réaliser mon rêve de devenir chef cuisinier». Savoir ce qu’on peut réaliser et ce qu’on veut devenir est une satisfaction en soi. Par la suite, une pièce théâtrale qui démontre les capacités artistiques des élèves issus de l’école de la deuxième chance s’est déroulée aussi. Valoriser les approches qui marchent, renforcer les capacités institutionnelles pour un défi commun sont d’autres messages véhiculés par les différents intervenants lors de cet événement.

Les membres du réseau méditerranéen nouvelle chance MedNC et ses partenaires se réunissent régulièrement pour développer ensemble des solutions innovantes et assurer l’insertion socioprofessionnelle des jeunes en Méditerranée.

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