Soixante ans d’indépendance inégale et onze ans de révolution accidentée, mais le foot n’a pas bougé. Le plus cher, toujours, au cœur des Tunisiens. Le plus propice aux passions, aux pulsions. Aux extrêmes euphories, aux pires déceptions. Coûteux, qui plus est, très coûteux, et avare, très avare, en résultats. Le plus désolant, voire improductif en talents. Un seul titre africain ? Et à Tunis même, pour notre équipe nationale et six sorties au premier tour du Mondial en six seules qualifications. Quant aux champions historiques, nos historiens se lassent, sèchent à force de répéter la même poignée de noms.
Pourquoi cette fidélité «à sens unique», cet amour fou sans contrepartie ?
Le foot est Art universel, aujourd’hui science et brillance, disons, qu’avec le temps et l’exemple, les Tunisiens en ont définitivement intégré le goût.
Le foot est, surtout, objet de vive concurrence entre les nations. Ambition patriotique, synonyme de réputation, de fierté, en commençant par Gammoudi, et en en poursuivant par Mellouli et Ons Jabeur, nos compatriotes y ont également pris goût.
La question qui turlupine, maintenant, pourquoi le foot, seul, reste-t-il «en deçà» ? Pourquoi le sport le plus aimé, le plus pratiqué, le plus coûteux, le plus dépensier, reste-t-il encore et encore, loin de réaliser, ne serait-ce, que les plus modestes de ses ambitions ?
Nombre de réponses ont été tentées lors du dernier retour bredouille de Qatar 2022. Les mêmes, néanmoins, qu’à chaque déception. La faute à l’entraîneur, un peu aux joueurs, au final à la fédération ; juste, mais en partie. Et toujours insuffisant.
La bonne réponse, ici ? Peut-être un rappel à tout le parcours du ballon rond, et spécialement aux périodes de bonne gouvernance générale. Fin 60 et 70 par exemple. A cette époque, tout fonctionnait «de pair» sous la vigilance de l’Etat. Economie, social, culture et sports. Le football dans la belle, dans la juste foulée. A-t-on, de nouveau, songé, depuis ?