Ennahdha promet de poursuivre, « tôt ou tard pour torture », tous ceux qui ont laissé le président du parti sans interrogatoire et sans l’autoriser à partir, pendant près de 14 heures.
La conférence de presse tenue hier par le parti Ennahdha dans ses locaux de Montplaisir a pris des airs de plaidoirie ou d’un exercice rhétorique particulièrement affectionné par les avocats.
C’est ainsi que Me Zeineb Brahmi, ex-députée du parti et présidente du bureau juridique d’Ennahdha, s’est largement étalée sur les affaires judiciaires en cours qui impliquent de près ou de loin le parti fondé et présidé par Rached Ghannouchi.
Tour à tour, Me Brahmi, comme devant un tribunal, évoque les affaires Instalingo, l’association Namaa (développement), le financement étranger de son parti, les réseaux d’envoi de Tunisiens dans les zones de conflit, tout y passe. Elle discrédite les sources, les accuse de délation et de calomnie, tout en assurant que dans le fond, l’ensemble des dossiers dans lesquels figure Ennahdha sont complètement vides. « Convoqué dans plusieurs affaires, le professeur Rached Ghannouchi, président de l’Assemblée des représentants du peuple, pose souvent la même question à ses enquêteurs : pour quelle raison vous m’avez convoqué ?», précise Brahmi. Elle explique notamment que Ghannouchi est parfois interpellé par ses enquêteurs sur des questions périphériques, qui ne l’impliquent et ne le concernent en rien.
D’ailleurs, Ennahdha promet de poursuivre, tôt ou tard, pour « torture », tous ceux qui ont laissé le président du parti sans interrogatoire et sans l’autoriser à partir, pendant près de 14 heures.
Pour elle, comme pour Imed Khemiri, porte-parole du parti, présent également lors de la conférence de presse, l’emballement de la machine judiciaire est étroitement lié aux « positions politiques hostiles au coup d’Etat du 25 juillet ».
Sur le plan politique, le porte-parole du parti renouvelle le refus de son parti à l’ensemble du processus entrepris depuis le soir du 25 juillet 2021. Pour lui, la crise politique se poursuit et s’accentue.
« Transformer le combat politique en un combat sécuritaire dirigé contre le parti Ennahdha est une erreur et une option historiquement vouée à l’échec », a déclaré Imed Khemiri.
Le porte-parole du parti accuse notamment le Chef de l’Etat, qualifié de « tête du pouvoir putschiste, d’avoir siphonné les piliers du régime républicain, en s’attaquant au parlement, au Conseil supérieur de la magistrature, à l’Instance supérieure indépendante des élections, au pouvoir judiciaire en révoquant plusieurs magistrats, et aujourd’hui, en s’attaquant au pouvoir local ».
Entendu il y a une semaine par le pôle judiciaire antiterroriste, dans l’affaire d’envoi de Tunisiens vers les zones de conflit, le patron d’Ennahdha Rached Ghannouchi, a été maintenu en liberté. Par ailleurs, Abir Moussi, présidente du Parti destourien libre, sera prochainement entendue en tant que témoin dans la même affaire par le pôle antiterroriste.
C’est en effet le PDL qui avait porté plainte contre Ennahdha dans cette affaire d’envoi de jeunes dans les zones de guerre. La plainte avait ciblé Ghannouchi (président d’Ennahdha), Ali Laârayedh (ex-chef du gouvernement et ex-ministre de l’Intérieur), Hamadi Jebali (ex-chef du gouvernement), et Habib Ellouz, membre de la constituante de 2011 à 2013.