Inauguration du Laboratoire d’innovation public de l’ENA : Renforcer la créativité dans le secteur public

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Ce laboratoire, le premier au niveau national destiné aux agents publics, est un espace d’innovation et de créativité pour le secteur public et vise à contribuer à la modernisation des politiques publiques.

Dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord de coopération conclu entre la présidence du gouvernement et l’Agence de coopération allemande (GIZ), l’École nationale d’administration (ENA) a inauguré, mardi 6 décembre 2022 à son siège, son laboratoire d’innovation publique.

A cette occasion, une cérémonie a été organisée en présence du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, M. Moncef Boukathir, de la cheffe du comité général de la fonction publique, Mme Fadhila Dridi, le chef de la coopération allemande auprès de l’ambassade d’Allemagne à Tunis, M. Fritz Jung, la directrice de l’ENA, Mme Khaoula Laâbidi, et la cheffe du projet «Appui à la modernisation du système de formation et d’évaluation de la fonction publique (MFP)», Mme Jasmin Freischlad.

Une première au niveau national

Dans une déclaration accordée à La Presse, Mme Laâbidi a indiqué que ce laboratoire, le premier au niveau national destiné aux agents publics, est un espace d’innovation et de créativité pour le secteur public et vise à contribuer à la modernisation des politiques publiques, et ce, à travers des méthodes de recherche et d’apprentissage innovantes.

«Souvent, on connaît les laboratoires soit dans l’aspect recherche et enseignement supérieur, soit dans l’aspect innovation dans le secteur privé. C’est pour la première fois qu’on a créé un laboratoire d’innovation pour le secteur public et au niveau national. Ce laboratoire se veut être un espace de coconstruction entre différentes parties prenantes c’est-à-dire qu’on va associer le secteur privé, le secteur public et la société civile afin de réfléchir et de coconstruire sur des solutions innovantes pour des problématiques réelles qui existent, bel et bien, dans les services publics rendus au citoyen et dans les politiques publiques… C’est un espace permettant d’encadrer les porteurs d’idées innovantes dans les divers domaines de la politique publique», a-t-elle souligné.

Dans ce même cadre, Mme Laâbidi a ajouté qu’il s’agit d’un espace capable d’adopter les méthodes et les méthodologies innovantes de créativité (design thinking, intelligence collective…, et toute autre approche nouvelle). Il va donc servir pour diffuser la culture de l’innovation et de la créativité dans le secteur public pour créer un réseau d’experts dans ce domaine et aussi pour mettre en place un système de veille de meilleures pratiques innovantes au niveau national et international…

«Ce laboratoire va aussi permettre d’accompagner et de soutenir les candidats à la prime de l’innovation administrative, de faire connaître, d’implémenter et d’expérimenter leur projet innovant afin d’établir des liens de partenariat et de coopération nécessaires avec les laboratoires d’innovation publique qui existent dans le monde. Et à ce niveau-là, il n’est pas inutile de noter qu’on a déjà fait le benchmarking et on s’est inspiré de bonnes pratiques au niveau de l’Amérique, de l’Asie et des pays de l’Europe qui ont adopté cette approche d’innovation publique», a-t-elle souligné.

La coconstruction, maître des mots

De ce fait, le laboratoire de l’innovation publique permettrait de répondre aux spécificités de ces activités d’innovation et de créativité. Au sein de cet établissement, il existe plusieurs espaces dédiés à différentes activités : les B2B, les B2C, il y a aussi des espaces conviviaux de réflexion, de workshop, des équipements intelligents… Il va représenter et regrouper des compétences de diverses spécialités pour tester, expérimenter et reproduire des solutions concrètes, toujours dans une logique de coconstruction entre les différentes parties prenantes.

«Il va aussi permettre d’utiliser les méthodes innovantes avec plus de fragilité, de créativité et il va capitaliser sur les initiatives des différents partenaires. C’est aussi un levier de formation et de transformation, et ce, dans le but d’améliorer les services publics, leur rendement, leur qualité, la conception ainsi que l’élaboration des politiques publiques», a affirmé Mme Laâbidi.

A une question sur les compétences qui comptent réellement pour ce laboratoire, la directrice de l’ENA a précisé que ces dernières seront sélectionnées selon le domaine de réflexion et la problématique sur laquelle on va se pencher pour innover et trouver des solutions. «Dans ce cadre, on va regrouper un mixte public-privé-association, puis on va utiliser les experts et profiter de l’expertise au niveau national et international tout en passant par les différents partenaires (notamment les bailleurs de fonds qui appuient l’ENA au niveau technique, financier et en expertise internationale) et les différentes collaborations», a-t-elle encore souligné.

Une boîte à solutions prête ?

Sur le terrain, tous les jours, le citoyen rencontre différentes problématiques dans les services rendus par le secteur public. Pour trouver une solution radicale à ces problématiques et moderniser la fonction publique, l’ENI vise à trouver des solutions innovantes qui répondent aux besoins réels et spécifiques, cas par car. Donc, il ne s’agit pas d’une boîte à solutions prête qui sera appliquée machinalement. Il s’agit d’une série de solutions personnalisées selon la nature de chaque problématique. «De ce fait, on va associer les différentes parties qui connaissent cette problématique pour réfléchir ensemble et trouver des solutions adéquates et innovantes. Si ça fonctionne correctement, on va la généraliser et l’implémenter dans les différents secteurs publics», a-t-elle précisé.

S’engager dans la RSO

En ce qui concerne les futurs projets, Mme Lâabidi a indiqué que l’ENA s’engage dans une nouvelle ère de réformes depuis deux ans où elle a commencé à exécuter le plan d’action 2021-2025. A cet égard, outre cette création de ce laboratoire d’innovation, il y a aussi la certification prochaine de l’ENA selon l’ISO 21001 (on a commencé toutes les étapes nécessaires pour avoir la certification qualité de l’organisation et de la formation). Le deuxième projet le plus important, c’est l’inscription de l’ENA et son intégration dans la RSO (Responsabilité sociétale des organisations). Pour être impliquée dans la transition écologique et énergétique, l’ENA va installer des panneaux photovoltaïques. «Nous serons la première école de formation des agents publics qui va intégrer cette transition pour abaisser ses frais de consommation d’électricité et pour soutenir cet effort national de transition énergétique».

L’autre projet n’est autre que l’approche digitale. En effet, l’ENA est impliquée dans un grand projet avec la partie coréenne pour la digitalisation et la numérisation de tout le système de formation.

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