Changement climatique : La société civile a son mot à dire

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Finie la Cop 27 en Egypte, mais le débat sur le changement climatique continue à défrayer la chronique. Car, il n’est pas uniquement question d’un sérieux défi environnemental qui se pose à l’échelle universelle, mais aussi d’un engagement politique et économique qui devrait aller de pair. Ce dont, la société civile a son mot à dire !

Conformément à ses engagements au protocole de Kyoto et à l’accord de Paris, l’Etat tunisien dispose de sa propre CDN, contribution déterminée nationale, reconnue comme une feuille de route fixant un plan d’action climatique, aux fins de réduire les émissions de gaz à effet de serre et s’adapter aux aléas du climat. D’ailleurs, chaque partie à l’accord de Paris, dont la Tunisie, est tenue d’établir une CDN et de la mettre à jour tous les cinq ans.

Un chantier de longue haleine !

En fait, le cas tunisien recommande, ainsi, « de promouvoir un pays résilient censé atténuer les vulnérabilités et renforcer les capacités d’adaptation de ses écosystèmes, de sa population, de son économie, de ses territoires, à même d’assurer un modèle de développement socioéconomique inclusif et durable ». Un chantier de longue haleine qui requiert autant des ressources financières. Selon le point focal national au ministère de l’Environnement, ces fonds verts nécessaires à toutes ces réalisations sont estimés à environ 19,4 milliards de dollars d’ici à 2030. Et dont la majeure partie, soit 74%, serait, alors, investie dans des projets d’atténuation. Donc, une politique bas carbone dont l’intensité ne doit pas dépasser 45% d’ici à 8 ans. Selon le rapport de la Banque mondiale, la Tunisie est fortement vulnérable au changement climatique. Elle pourrait subir les effets néfastes de l’augmentation des températures, de l’aggravation de l’aridité, du recul des précipitations et de l’élévation du niveau de la mer. Sans pour autant négliger les contrecoups sur la dégradation de ses écosystèmes et la pression exercée sur son agriculture.

Tout récemment, l’Unité nationale de coordination sur les changements climatiques au ministère de tutelle vient d’accorder ses violons, insistant sur l’accélération de l’exécution de sa CDN 2021-2025, et ce, avec le concours du Pnud, programme des Nations unies pour le développement. Et ce n’est pas tout. L’implication du secteur privé dans des projets d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques semble aussi de mise. «Il s’agit notamment de renforcer les capacités nationales et sectorielles pour favoriser l’accès aux mécanismes de financement aux niveaux national et international », lit-on dans le communiqué de l’Unité. Cela étant, sans se passer du rôle des communes et de la société civile, en tant qu’alliés dans l’œuvre du développement local et régional. On ne peut applaudir d’une seule main, dit l’adage.

TYI s’invite au débat climatique

Jeune et active, «Tunisian Youth Impact (TYI)», association créée, il y a, à peine 4 ans, s’est, plus tôt, lancée dans la cour des grands. Depuis 2018, elle s’est assigné l’objectif de soutenir les jeunes et les femmes aux affaires publiques, ainsi que la défense des principes d’égalité, de gouvernance et de développement durable. Elle compte faire de ces causes son cheval de bataille. Justement, l’association sait de quoi elle parle. Elle s’invite au grand débat sur le climat. L’année dernière, elle a dû monter son premier projet intitulé « Villes tunisiennes résilientes », avec en toile de fond l’ancrage de la justice climatique dans nos villes et cités les plus vulnérables, où toute la communauté et les acteurs clés sont appelés à y mettre du leur, faisant face aux impacts d’un climat si capricieux et instable. Pour ce faire, il a été, alors, question de se focaliser sur l’encadrement et la sensibilisation : «J’ai remarqué qu’il y a une faible connaissance sur le CC. D’autant plus que les compétences censées faire face à ce fléau sont aussi négligeables. Egalement, les efforts en matière de sensibilisation, formation et appui financier et technique au profit des femmes rurales sont ponctuels voire inexistants », lance Hassiba Belguith, chef du projet et chevronnée dans le domaine. Elle a su gérer pas mal de projets liés aux activités de subsistance «Livelhoods», dont les communautés cibles sont souvent des producteurs pauvres et vulnérables, tels que les petits marins pêcheurs, agriculteurs et femmes rurales.

A cela s’ajoute l’élaboration d’un cadre juridique et institutionnel local, de nature à se mettre en réseau et renforcer l’action commune en matière de climat. A quoi s’en tient «TYI», de par sa profonde conviction que l’essentiel n’est pas de faire la loi, mais de l’appliquer. Dans ce sens, elle a tenu à mener un plaidoyer dans les cinq gouvernorats déjà sélectionnés (Ben Arous, Le Kef, Jendouba, Béja et Kasserine) en tant que sites de son projet. Droit à l’information environnementale l’emportant ! Et là, l’appui de l’ONG hollandaise « Hivos » dans la réalisation de ce projet n’est plus à démontrer. En avril dernier, l’association «TYI» avait sous-tendu son initiative par le lancement d’un second projet
« Fina Klima » basé sur l’intégration de l’approche genre dans la quête de financement climatique en Tunisie. D’ailleurs, Mme Belguith avait dispensé, en novembre dernier à Mhamdia (Ben Arous), une formation ciblée, afin d’apprendre aux jeunes actifs dans la commune les pré-requis des changements climatiques. Belguith nous a indiqué que l’accent a été mis sur les solutions climatiques locales que la femme rurale pourrait adopter pour s’y adapter. «Une telle formation a fait valoir le rôle de ces jeunes dans la prise de décision à l’échelle locale », a-t-elle encore souligné.

La femme se joint au combat

Et le phénomène lié au dérèglement du climat n’en finit pas de faire l’objet d’un débat collectif au sein de ladite association. Une de ses jeunes membres, Emna Sohlobji, juriste en droit international et experte en genre, est, on ne peut plus, claire et précise : «La cause climatique en Tunisie devrait être envisagée dans une approche tenant compte du genre car les femmes en sont les catégories sociales les plus vulnérables». Mais, il n’y a pas que « TYI » qui s’engage à relever ce défi. Beaucoup d’organisations nationales ont déjà scandé le slogan de la protection de l’environnement et continué de militer pour une Tunisie mieux adaptée à son climat. Et c’est de bonne guerre !

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