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Avoir le courage de le faire

Editorial La Presse

 

Le budget 2023 est loin de faire l’unanimité. C’est un euphémisme. Mais les cris d’orfraie que l’on entend, ici et là, sont-ils justifiés ? Pour partie, oui. Lorsque l’Ugtt proteste, elle est dans son rôle. Egalement pour le patronat. Ou encore le consommateur moyen ou les couches défavorisées. Par contre, tout le monde sait que la contribution fiscale des écoles privées, des cliniques ou des professions libérales, en moyenne et sans les stigmatiser, est insuffisante.

En réalité, cette loi de finances n’a pas fait l’objet de débat. La seule concertation que nous avons pu identifier s’est déroulée au sein du Conseil national de la fiscalité. Or, première règle de gestion des affaires publiques : lorsqu’on entreprend de profonds changements, on doit sensibiliser tous les concernés, qu’ils soient partenaires sociaux ou économiques, ou encore opinion publique. D’évidence, cette règle n’a pas été respectée.

Deuxième règle non respectée non plus : les problématiques de fond, les faits générateurs de la crise actuelle ne sont pas traités. Ce qui a fait dire aux spécialistes: cette loi de finances n’a pas traité la maladie, mais ses symptômes.

Or, les problèmes sont connus. La Tunisie dispose de nombreux experts en économie qui ont fait leurs preuves, selon eux : ce n’est pas le train de vie de l’Etat qui est en cause, ou pas seulement, mais ses dépenses. La plus importante est la masse salariale qui est de 15% du PIB et qui augmente encore dans ce budget en valeur absolue. La deuxième source de dépenses, ce sont les versements effectués au profit d’entreprises publiques non performantes, pour des raisons que tout le monde connaît.

Le budget représente environ 37% du PIB, il est trop élevé par rapport à toutes les normes. Egalement pour les recettes fiscales espérées, 27% du PIB. Quant aux hypothèses, elles sont trop optimistes: taux de croissance de 1,8% et baril de pétrole à 89 dollars. Idem pour les hypothèses d’emprunt.

Les années qui ont suivi la révolution ont plombé les finances publiques. Le déficit du budget et les besoins financiers du Trésor se sont propagés dans l’économie par effet domino. A présent, arrivé à un point de non-retour, le pays a besoin de vraies réformes. Mais il ne suffit pas d’augmenter les recettes d’une manière volontariste. Il faut aussi réduire les dépenses, or celles-ci augmentent de 6%. Rendre les entreprises publiques plus performantes, privatiser celles qui sont commerciales et non stratégiques, vendre les participations minoritaires de l’Etat, revenir à des normes de gestion raisonnables dans l’ensemble du secteur public et pas seulement l’Etat.

Tout le monde connaît la situation. Après l’avoir dit, il faut maintenant avoir le courage de le faire.

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Un commentaire

  1. Brahim

    30 décembre 2022 à 21:54

    Chère consœur. Franchement, votre éditorial est remarquable. Vous avez décrit la situation budgétaire avec objectivité et conviction. A mon humble avis en tant que citoyen féru de la géopolitique et économique, je ne crois pas que les choses vont bouger face à un pouvoir dirigé par un « autiste ». Hélas! Et il serait temps de ne plus parler du passé révolu mais du triste présent marqué par d’innombrables difficultés. J’ai écouté le dernier discours du Président : il relève de la crise « psychiatrique » tant sur le fond que sur la forme . C’est désespérant !

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