Accueil Editorial Ne dites pas un jour qu’on ne savait pas

Ne dites pas un jour qu’on ne savait pas

Editorial La Presse

C’EST un choc, mais non une surprise. L’agence de notation américaine Moody’s a une nouvelle fois dégradé la note souveraine de la Tunisie. Caa2 est l’une des plus mauvaises pouvant être accordées à un débiteur de la part des agences de notation.    

Sous cette notation, la très sérieuse et écoutée agence estime que « les obligations sont spéculatives, de piètre qualité et sujettes à un risque de crédit élevé ». L’agence y ajoute une perspective négative. Cette expression signifie que sauf extraordinaire, la note sera de nouveau dégradée à court terme. Et la dégradation signifie plus d’inflation, moins de devises, moins de crédits bancaires internes, y compris pour les particuliers et les entreprises.

Le risque Tunisie se situe ainsi au bas de l’échelle. Ajoutons que le risque n’est pas une faillite comme on peut le lire ici ou là. Ce terme ne convient pas aux pays. Mais signifie le défaut de paiement. Ne plus être capable de rembourser ses échéances de dettes. Cette insolvabilité empêchera tout endettement futur. Sauf s’il s’agit d’emprunts disons politiques, généralement bilatéraux.

Les raisons qui ont conduit à cette situation sont connues. De même que les remèdes pour redresser la situation. Tout le monde sait ce qu’il faut faire mais continue à regarder ailleurs. Les diagnostics ont été posés par les experts, les anciens ministres, les gouverneurs de la Banque centrale. Les hommes qui ont fait de la Tunisie, à une certaine époque, un exemple à suivre, sont toujours là. Ce n’est donc pas un déficit de compétences qui est en cause, mais de bonnes décisions. Les mauvaises décisions prises en cascade ont conduit à l’impasse actuelle.

Quelle option se présente pour la Tunisie ? Une seule : dépenser à hauteur de ses recettes pour ne pas continuer à creuser le déficit du budget de l’Etat. Si celui-ci demeure élevé, cela signifie qu’il faut s’endetter, emprunter, pour payer le train de vie de l’Etat, les salaires des fonctionnaires, les déficits des entreprises publiques. Pris en otage, le pays est dans ce cercle vicieux.

Ainsi est la situation. Le grand déni et la fuite en avant, à l’encontre de tout bon sens, seront chèrement payés. Et les difficultés ne pourront être surmontées qu’au bout de plusieurs années, des années difficiles…Lorsque par la force des choses, on en sera là, personne n’aura le droit de dire alors qu’il ne savait pas.

  

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