Au fur et à mesure que les jours passent, l’on découvre, à travers les déclarations des avocats de certaines personnes arrêtées ces derniers jours, que les arrestations et les perquisitions ont été effectuées sur ordre des parquets spécialisés.
Et l’on apprend aussi que les personnes arrêtées sont traitées par les enquêteurs conformément aux normes en vigueur. Pourtant, les dénonciations de ceux qui n’ont pas eu accès au contenu des dossiers se poursuivent en attendant que les autorités judiciaires s’expriment publiquement et éclairent l’opinion publique nationale et aussi internationale.
S’il y a un premier enseignement à tirer par le citoyen lambda, c’est-à-dire celui qui n’est pas au secret de ce qui se passe dans le paysage politique national post-25 juillet, en analysant les différentes déclarations, positions et aussi «révélations de connaisseurs autoproclamés au secret des dieux», c’est bien celui de reconnaître qu’on est, près d’une semaine depuis le déclenchement de la série d’arrestations ayant visé «les gros poissons», dans le flou total dans la mesure où personne ne sait qui croire, essentiellement parmi les avocats qui parlent au nom des personnalités arrêtées dont certaines n’ont pas été encore entendues par les juges d’instruction en charge de leurs dossiers, voire par les agents de la Garde nationale chargés eux aussi de les interroger.
Ainsi, entre les déclarations de Samir Ben Amor, avocat de son collègue Lazhar Akremi, affirmant que les conditions de détention de son client «sont précaires et qu’il est maltraité sur instructions venant d’en haut», d’une part, et celles, d’autre part, de Me Nizar Ayed, défenseur de Kamel Ltaïef, arrêté dans la même foulée, affirmant sur les ondes de Radio Diwan FM que son client bénéficie d’un traitement ordinaire conforme aux normes en la matière, l’on se trouve dans l’embarras de saisir pourquoi et quel objectif veulent atteindre les avocats de ces personnalités entendues pour le moment dans la même affaire et aussi par les mêmes enquêteurs.
Les procédures respectées jusqu’ici
Plus encore, on découvre maintenant que les langues se sont déliées, que les procédures d’arrestation ou d’écoute des personnalités arrêtées jusqu’ici n’ont pas été bafouées comme indiqué lors des premières heures de l’annonce des arrestations par certains avocats qui ont réussi à occuper la scène médiatique et à faire valoir leurs versions dans le silence observé par les parquets ayant ordonné les arrestations en question que certains n’ont pas manqué de considérer comme préoccupant.
Dans ce sillage, Me Hamadi Zaâfrani, avocat du procureur de la République révoqué Béchir Akremi, révèle : «L’arrestation de mon client le dimanche 12 février et la perquisition de son domicile ont été opérées sur la base d’une autorisation de la part du parquet relevant du pôle antiterroriste».
Le même avocat ajoute : «Nous n’avons pas été empêchés en tant qu’avocats de défense d’être présents avec lui lors de son interrogatoire par les agents relevant de la brigade antiterroriste».
Pour conclure, Me Zaâfrani précise que son client a été traité dans «le strict respect», ajoutant : «Nous attendons l’expiration des délais légaux s’il va être libéré ou si le juge d’instruction va prolonger sa garde à vue».
Quant au premier président de la Cour d’appel, Taïeb Rached — lui aussi parmi les 57 magistrats révoqués — arrêté dimanche dernier, son avocate Me Nadia Chaouachi insiste sur le fait qu’elle a été autorisée par les enquêteurs à assister à l’audition de son client. Elle indique que son client s’est montré totalement coopératif avec les enquêteurs de la brigade sécuritaire chargée de l’interroger, leur disant textuellement «faites votre travail».
Elle précise aussi qu’hier, jeudi 16 février, les cinq jours de garde à vue devaient expirer et qu’on attendait la décision du ministère public pour savoir s’il va être libéré ou non.
La course aux pronostics ne mènera nulle part
Pour ce qui est des réactions quotidiennes des partis politiques dont certains dirigeants ont été arrêtés ou auprès des observateurs et des analystes, de toutes les tendances, l’on peut observer que rares sont ceux ou celles qui ont décidé de ne pas se précipiter et de faire des déclarations le plus souvent «incendiaires et d’indignation» stigmatisant les arrestations et dénonçant les conditions dans lesquelles elles ont été effectuées sans se donner la peine de savoir réellement si les procédures y afférentes ont été respectées et sans écouter les données produites même par les membres des familles des personnalités arrêtées dans la mesure où plusieurs ont déclaré que les arrestations et les perquisitions ont été effectuées sur ordre des parquets spécialisés.