Ramadan 2023 est dans quelques jours. Ce mois marque une forte demande en produits de consommation qui s’accompagne d’une hausse sensible des prix. En effet, pour contrer ce phénomène, le gouvernement doit prendre les devants et anticiper afin d’assurer en premier lieu la disponibilité des denrées alimentaires et de veiller sur le bon déroulement du mois de jeûne, en second lieu. La régulation du marché national et la sécurisation de son approvisionnement en produits de base sont les éléments-clés du plan d’action du ministère du Commerce. La finalité espérée est d’endiguer les effets pervers de la spéculation et de ramener, en conséquence, les prix des aliments à leur valeur réelle, après la forte hausse de ces derniers mois. Il est question aussi d’assurer une prise en charge efficace des requêtes des citoyens. Car, comme à l’accoutumée, le mois sacré débarque avec son lot d’interrogations et de peines. Naguère synonyme de joie, Ramadan n’évoque, aujourd’hui, pour le commun des Tunisiens, que la dégradation de leur bourse, sachant que les prix des produits de large consommation sont jusqu’à aujourd’hui loin d’être maîtrisés.
Le Président de la République Kaïs Saïed a tenu, récemment, une réunion spéciale avec la ministre du Commerce et du Développement des exportations, Kalthoum Ben Rejeb, ayant porté sur la situation actuelle du marché, les perturbations dans la distribution de certains produits de consommation et le diagnostic du dysfonctionnement. Une manière de répondre favorablement aux doléances des citoyens dont le pouvoir d’achat peinait à faire face aux fluctuations de la mercuriale. Une réunion consacrée au suivi des prix et de l’état d’approvisionnement du marché en produits de forte consommation durant le mois sacré, ainsi qu’à l’orientation des interventions des services chargés du contrôle des marchés et de la protection du consommateur contre la spéculation.
D’ailleurs, comme l’a affirmé le Président de la République, seuls 5% des marchandises parviennent au marché de gros, le reste se perd entre les mains des spéculateurs. Et d’ajouter que «les circuits illégaux qui contrôlent les prix visent à exacerber les problèmes sociaux et ceci est prouvé par des aveux».
Il est clair que l’enjeu est au niveau de la décision politique que les pouvoirs publics sont appelés à prendre des mesures coercitives, si l’on veut mettre un terme aux lacunes et à la défaillance qui frappent de plein fouet le marché national en général et le réseau de distribution et d’approvisionnement alimentaires en particulier.
La crise qui provoque la pénurie des produits alimentaires destinés à la grande consommation est dans son ensemble intimement liée à la question du réseau de distribution qui fait défaut en Tunisie.
Parer à toutes les formes de pénurie et aux pratiques relatives à la spéculation et à la hausse vertigineuse des prix des produits alimentaires destinés à la grande consommation est une forte demande populaire.
Malheureusement, et depuis plus d’une année, cette faille est en train d’imposer ses ravages quant au manque drastique de distribution des plus basiques des produits alimentaires comme le lait, et au dysfonctionnement causé par cette absence en termes de pénurie et de spéculation des plus ahurissantes.
Et ce n’est pas nouveau puisque la Tunisie souffre depuis des années du dysfonctionnement des réseaux de distribution et d’approvisionnement alimentaire. Cette faille est due à l’absence d’une stratégie basée sur l’étude du marché et de ses insuffisances. Rien de cela n’a été fait pour asseoir une nouvelle démarche susceptible d’identifier les lacunes et les problèmes de distribution et d’approvisionnement alimentaires d’une manière rationnelle.
La Tunisie ne dispose pas encore d’une approche pour ce qui est de la gestion du marché national, ni d’une étude rigoureuse sur la réalité des circuits de distribution et d’approvisionnement alimentaires. La hausse vertigineuse des prix, la pénurie et la spéculation se nourrissent du dysfonctionnement criant du réseau de distribution et d’approvisionnement alimentaire. Le ministère de tutelle est interpellé impérativement à l’effet de réfléchir sur une nouvelle démarche à même de répondre à cette crise de distribution des produits alimentaires.
Résoudre le problème de distribution et d’approvisionnement alimentaires est devenu une urgence inéluctable.