Accueil Magazine La Presse Universelle : Resto d’amour La lutte contre la faim continue…

Universelle : Resto d’amour La lutte contre la faim continue…

L’association Universelle poursuit son militantisme social pour venir en aide aux  personnes sans domicile fixe ( SDF). Depuis un an,  le resto du cœur a ouvert ses portes, marquant ainsi un pas en avant vers la lutte contre la faim des sans-abri. Créée en 2014, cette ONG apolitique et non lucrative s’active dans le but de soutenir les personnes SDF en leur garantissant un repas par jour et en les aidant à quitter la rue pour avoir un toit et une vie digne. La préparation des repas se faisait dans les maisons du noyau fixe de l’association qui compte dix membres. Mais depuis que le resto a vu le jour, ce travail caritatif a gagné en organisation et en efficacité. Le resto du cœur est situé à El Menzeh 9. Il doit son activité à l’association, aux donateurs fidélisés et aux bénévoles.  « Il s’agit d’un resto destiné à garantir le repas quotidien des SDF. Le travail est assuré par cinq employés. Ce nombre peut être étoffé d’une minute à l’autre par un jeune à peine sorti d’un centre intégré ou par un SDF qui manifeste une volonté déterminée de changer sa vie pour le mieux et de se réintégrer dans la société », indique M. Nizar Khadhari, président de l’association. Ce resto propose au public des menus dont le prix est à la portée de tous. L’idée étant de gagner en clientèle et de garantir ainsi des recettes totalement destinées au budget de l’association. « Les nécessiteux y mangent à titre gratis », note –t-il.

Les SDF ou les oubliés…

La focalisation de l’association sur les SDF est plus que justifiée. C’est que cette catégorie est dépourvue de toute loi spécifique à même d’assurer sa protection. Certes, on y retrouve les séniors, les femmes et les personnes en situation de handicap qui sont, tous, protégés par les ministères de tutelle. Or, les hommes et les femmes, âgés entre 18 et 50 ans, n’ont aucun vis-à-vis.  « Aussi, nous activons-nous à les aider à améliorer leurs vies », souligne M. Khadhari.

D’après le président de l’association, le nombre des SDF — et contre toute attente — est en baisse et se limite, en Tunisie, à quelques centaines tout au plus. «  Il faut distinguer les SDF des démunis ! Ces derniers disposent tout de même  d’un toit. En Tunisie, poursuit-il, le nombre des SDF n’est point énorme. Nos onze cellules dénombrent parfois une vingtaine dans un gouvernorat à forte population comme Ben Arous, une quinzaine dans la banlieue-nord de Tunis et une seule personne à Nabeul. Dans le sud où la solidarité sociale fait la force de nos compatriotes, le phénomène des SDF n’existe quasiment pas. A Tunis, le nombre des SDF décroît. Dans la zone de la mosquée El Fath, au centre-ville de Tunis, par exemple, nous distribuions 25 plats quotidiennement. Actuellement, on n’en offre que 6 ». Il ajoute : « Cela dit, la précarité, elle, est une autre paire de manches. Il y a des familles nécessiteuses qui sont dans le besoin d’une aide salvatrice. Nombreuses sont les familles qui n’ont pas de quoi manger… ». M. Khadhari saisit l’occasion pour attirer l’attention sur les malades psychologiques et autres, psychiatriques, abandonnés à leur sort dans la rue. «  Ces SDF ne le sont pas forcément de leur propre gré. On en trouve qui fouillent dans les poubelles pour chercher de la nourriture parce qu’ils ne sont pas vraiment conscients de ce qu’ils font. La place de ces personnes est à l’hôpital psychiatrique et non dans la rue car ils ont besoin d’être pris en charge », insiste-t-il.

Se délester de l’habit du marginal

Universelle coordonne avec le Samu social pour trouver des SDF et sauver ceux qui veulent reprendre une vie normale et digne. «  L’objectif de l’association ne se limite pas au seul repas mais de les faire sortir de la rue et de les aider à être actifs dans la société. Pour ces gens-là, nous apportons d’abord un toit, soit un logis dont le loyer est garanti par l’association le temps que la personne puisse acquérir une autonomie financière. Actuellement, nous assurons le loyer au profit de trois personnes en transition vers l’autonomie. Pour ceux qui sont dans l’incapacité de travailler, le loyer est payé par l’association à vie ! », indique le président de l’association. Il s’agit d’un véritable accompagnement pour quitter la sphère infernale de la marginalisation. La réinsertion sociale des SDF passe par la vie active. Universelle leur tend la main en leur trouvant un emploi. « Il suffit parfois d’un coup de pouce pour qu’un SDF reprenne une vie normale. Certains n’ont besoin que d’une CIN. D’autres, d’un emploi. Alors que d’autres n’ont besoin que d’une charrette pour travailler. Depuis 2014, Universelle a réussi la réintégration sociale de plus de 300 SDF », renchérit M. Khadhari.

Familles démunies, orphelins nécessiteux

et enfants en difficulté

Outre l’aide aux SDF, l’association consacre deux projets non moindres aux familles nécessiteuses et aux enfants placés dans les centres d’intégration et de protection.

Pour ce qui est du projet des familles nécessiteuses, il est essentiellement axé sur  les familles dont le père est décédé ou infirme. Le noyau fixe d’Universelle ainsi que ses onze cellules implantées dans plusieurs régions distribuent des dons sous forme de couffins de ramadan, des moutons à l’occasion de l’Aïd il Idhha, des fournitures scolaires, etc.  Cela dit, l’année 2023 démarre avec une nouvelle intervention en faveur de ces familles : le parrainage des orphelins démunis.  « L’idée étant, pour les bienfaiteurs, de garantir un don mensuel de 75dt par enfant et c’est la maman qui se charge de dépenser cette pension selon les besoins de son enfant. Nous soutenons une trentaine de familles dans le besoin. Les donateurs font toujours preuve de générosité infaillible.

Il suffit qu’une famille sollicite l’association pour une aide bien déterminée pour que les donateurs y répondent favorablement », explique M. Khadhari. Quant au projet d’Universelle, relatif aux centres d’intégration et de protection de l’enfance, il touche principalement les enfants pris en charge au centre d’Ezzahrouni. Dans cet établissement, des enfants en difficultés familiales et sociales, et âgés entre 6 et 18 ans, bénéficient de la protection et de l’encadrement psychologique et social. Au sortir du centre, certains encourent le risque de la délinquance. «  D’où le rôle de l’association qui consiste à faciliter l’intégration sociale de ces jeunes. En ce moment même où nous discutons, je suis dans l’attente d’un jeune qui viendrait travailler au resto du cœur et il n’est point le seul à recourir à nous », indique-t-il.

Généraliser l’expérience du resto du coeur

Ravi de voir les objectifs d’Universelle se réaliser au fur et à mesure du temps et que les bénévoles et les donateurs ne ratent aucune occasion pour prouver leur engagement, M. Khadhari ambitionne de décentraliser l’expérience du resto du cœur afin qu’elle touche un plus grand nombre de bénéficiaires et qu’elle contribue à lutter contre la précarité et le phénomène des SDF. Son ambition a toutes les chances de réussir notamment dans une société où l’élan de solidarité sociale est de taille.

«  Le Tunisien est solidaire de nature. Le projet social des restos du cœur dispose d’un terrain favorable surtout que des quantités énormes de nourriture sont gaspillées et jetées quotidiennement aussi bien par le secteur hôtelier et de restauration que par les entreprises commerciales. Ces dernières disposent de produits dont la date limite de consommation ne tarde pas à prendre fin.

Autant favoriser la coordination entre l’association et les institutions précitées et garantir un transport conforme aux normes de conservation des produits vers les personnes dans le besoin », suggère-t-il, enthousiaste. Les idées ne manquent pas et la lutte contre la faim ne serait que gagnée. Il suffit d’y croire et de mettre la main à la pâte.

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