Enseignement | Conflit entre ministère et syndicats : Le bras de fer n’a que trop duré

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Décidément rien ne semble arrêter l’élan des deux fédérations de l’enseignement de base et celle de l’enseignement secondaire. Aucune force ni autorité, d’où qu’elle provienne, n’est en mesure d’assouplir leurs positions intransigeantes. Ni les réactions indignées des parents, ni celle des organisations civiles et encore moins celle des associations ou des autorités officielles ne peuvent parvenir à les faire plier ou à leur faire adopter une attitude plus compréhensible et plus raisonnable.

Le fait d’évoquer le conflit entre le ministère et les Fédérations générales de l’enseignement de base (Fgeb) et de l’enseignement secondaire (Fges) par les médias provoque l’ire des responsables syndicaux. Ces derniers refusent qu’on les critique ou qu’on juge leur mouvement comme malvenu ou préjudiciable. 

Travail syndical authentique

Tous ceux qui manifestent leur désapprobation de la malencontreuse démarche syndicale sont, automatiquement, considérés comme des ennemis du droit syndical et de la “lutte pour les droits des travailleurs”. Pourtant, tout le monde est opposé à ce qui se passe et à l’aggravation de la situation dans le secteur de l’enseignement. Les agissements de certains responsables syndicaux vont à l’encontre de la volonté et des aspirations de tous les Tunisiens. Ceux-ci s’étonnent de constater un tel entêtement de la part de ces gens qui donnent l’impression d’être dans un autre monde et complètement déconnectés de la réalité. 

Personne ne pourra admettre que cette minorité peut, à elle seule, avoir raison alors que tous les autres ont tort. 

Personne, non plus, ne peut nier l’idée qu’il y a des priorités et des urgences à prendre en compte et que l’heure n’est pas aux querelles ou aux combats de coqs. Donc, il ne faut pas amalgamer les prises de positions citoyennes qui rejettent cette mainmise des syndicats sur notre système éducatif et le travail syndical authentique.

C’est pourquoi il est normal de valoriser cet éveil citoyen et cette prise de conscience de l’opinion publique concernant l’obligation de sauver ce qui reste de l’édifice du système de l’enseignement. Il n’y a aucun mal à condamner avec toute la force qu’il faut l’obstruction systématique de toutes les voies de progrès de notre école.

Quand on note avec intérêt la formation d’un front uni pour mettre fin à cette dérive on peut espérer, un jour, convaincre ces irréductibles. 

Eveil de la société civile

Pour ce faire, il est utile de recourir à tous les moyens légaux. Déjà, l’intervention du Chef de l’Etat lors d’une audience accordée au ministre de l’Education a mis les choses au point. Que ces responsables syndicaux relisent le Code du travail ! Le boycott administratif (qui consiste à retenir les notes) n’entre pas dans le cadre de la grève. Ni même le boycott des examens trimestriels et à plus forte raison les examens nationaux.

En outre, la levée de boucliers de la part de la majorité de la société civile est un signe très positif. Des organisations pour la défense des élèves ou des parents d’élèves, de la famille et de l’éducation, etc. sont montés au créneau pour demander aux deux Fédérations d’arrêter ce jeu de massacre qui n’a que trop duré. Parmi ces organisations, il y a celles qui ont menacé de porter l’affaire devant la justice. D’autres se sont adressées, directement, à la présidence de la République et à la Centrale syndicale. 

Par ailleurs, une nouvelle organisation syndicale a vu le jour, dernièrement, dans le but de contribuer à rectifier le tir et à remettre l’action syndicale sur la bonne voie.

En somme, il est temps que chacun comprenne qu’il y a des limites à tout et que le fait de s’en prendre ainsi à nos élèves ne peut plus rester sans suite. Si les responsables syndicaux décident seuls des mesures nuisibles à nos enfants, ils doivent en assumer les conséquences et, par suite, en rendre compte auprès de la société.

Ce qui est absurde, par contre, c’est de voir que ces responsables syndicaux minimisent la mesure de rétention des notes et considèrent qu’elle n’a aucun impact négatif. Ce qui est totalement faux. Ils oublient délibérément que cette mesure constitue l’un des principaux maillons de la chaîne d’évaluation du rendement de l’élève. Qu’ils se renseignent auprès des  pédagogues.

Des mesures décriées par les enseignants

De plus, lorsque ces syndicats retiennent les notes, ils empêchent la tenue des conseils de classe qui est aussi un autre outil d’évaluation du parcours scolaire de l’élève. Malheureusement, ce scénario se répète chaque année. Pis encore, ces Fédérations ne reculent pas devant ce qu’ils appellent avec fierté “les mesures d’escalade” et “tous les moyens” pour mener leur “combat”. En suspendant la menace de boycott des examens du deuxième trimestre, ils croient avoir fait une concession de taille. Ils oublient qu’ils gardent d’autres mesures plus extrêmes telles que la reconduction de ces dispositions pour le prochain trimestre (le troisième). Rien ne les rebute. Ils ont les mains libres et ne craignent personne puisqu’ils se considèrent au-dessus de tout y compris au-dessus des lois. En réaction aux propos du Chef de l’Etat, ils réaffirment, justement, qu’ils persisteront dans leur action quoi qu’il en coûte.

Ce faisant, on aimerait exprimer tous nos respects aux syndicalistes authentiques (et nous savons qu’ils sont nombreux pour les avoir côtoyés). Malheureusement, ils sont à classer dans la majorité silencieuse. Tout comme les nombreux enseignants qui ne cachent plus leur désapprobation quant aux dérives de certains responsables syndicaux.

Malgré les appels des deux Fédérations lancés aux enseignants pour appliquer les mesures de boycott, ceux-ci sont de plus en plus nombreux à refuser de se plier aux consignes. Ils ne voient plus l’utilité de s’en tenir à ces mesures de plus en plus décriées.

Les efforts des autorités et le temps énorme perdu dans des négociations stériles ont causé des torts et ont nui à la crédibilité du travail syndical. En effet, on ne peut pas négocier dans un climat de tension et sous la contrainte. D’autre part, il n’y a pas de négociations sans concessions. Aucune des parties en présence n’a le droit d’imposer sa vision et de refuser toute autre approche.

Pourtant, tout est clair devant tout le monde. Qui ne connaît pas les difficultés financières par lesquelles passe le pays ? Quel Tunisien n’accepterait pas de les prendre en compte ?

Les syndicats font-ils l’exception ?

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