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Produits de première nécessité : La spirale infernale des prix

 

On assure que rien ne manquera en prévision du mois de ramadan. C’est tant mieux. Mais ce qui fera de ce ramadan une exception, c’est bien de laisser ceux qui se préparent à spéculer avec leurs produits sur le dos, écrasés par leur cupidité et par la soif de gain d’un argent facile qu’ils empochent grâce à la crédulité de ceux qui n’ont pas le courage et la volonté de se priver pour ne pas faire le jeu de ces affameurs.

Il faudrait relever que nous ne sommes pas les seuls à enregistrer une inflation galopante qui fausse tous les calculs en raison des problèmes que vit actuellement le monde. Des pays des plus nantis  essaient d’imaginer des solutions pour sortir de cette spirale infernale qui frappe  de plein fouet les consommateurs et fait régner une ambiance morose qui, immédiatement, répercute ses méfaits sur le milieu ambiant politique ou économique.

Mais les experts, de vrais experts, ont fini par comprendre que cette spirale est favorisée par l’imagination fertile des grandes surfaces qui nourrissent cette inflation avec des prix à la consommation de plus en plus élevés. En France, par exemple, on a tout simplement demandé officiellement à ces grandes surfaces de contribuer par un effort visant à aider les consommateurs à faire face à cette inflation, surtout au niveau des produits de première  nécessité.

Rien à voir !

Ce même appel a été lancé il y a quelques semaines chez nous. Qu’a-t- on fait pour y répondre ? Ces prix qu’affichent ces chaînes n’ont rien à voir avec ce que nous voyons dans les commerces, écoulant les mêmes produits venant des mêmes producteurs. L’écart est immense et il y a de quoi se demander si ces grandes surfaces ont saisi le message qui leur a été lancé par la plus haute autorité de l’Etat pour revenir à de meilleurs sentiments et aider les consommateurs en cette période de crise.

Il faudrait dire que ces commerces dont l’enseigne est présente un peu partout sur le territoire national et depuis la pandémie du Covid-19 ont commencé à enregistrer des résultats qui ont faussé leurs prévisions. La vente en ligne, les points de vente du producteur au consommateur et autres trouvailles, pour essayer de faire sortir le consommateur éreinté  de cette situation, ont frappé de plein fouet ces supermarchés.

Subterfuges.. !

Il n’en demeure pas moins que les promesses faites pour essayer d’aider les consommateurs en étudiant les prix, surtout au niveau des produits frais, des volailles, de la viande rouge ou des poissons, sont restées lettre morte. Ils l’ont peut être fait durant un, deux, trois jours, un peu plus un peu moins, mais pour en être convaincu, il faudrait suivre cette courbe des prix qu’ils ont imposée et qui n’augure rien de bon. On a, certes, enregistré quelques baisses dans le secteur des détergents, des cosmétiques, des  balais et des serpillières, mais peu d’efforts là où le consommateur peine pour pourvoir à sa subsistance.

Autre subterfuge, l’apparition de «marques» propres à ces grandes surfaces qui sont  arrivées en grande pompe sur le marché et qui couvrent de plus en plus de produits. Cela va des conserves au papier toilette et dont les prix et les emballages choisis surprennent. Le litre, les cinq  litres, accessoirement les trois litres étaient les mesures habituelles. Voilà qu’apparaissent des quantités intermédiaires qui, visuellement, ressemblent parfaitement à celles auxquelles nous sommes habitués. Est-ce la réflexion d’une étude marketing qui a imposé ces choix ou sont-ce des faux-fuyants pour… leurrer le consommateur ? Il n’y a malheureusement pas d’autres mots pour expliquer ces choix étranges qui, de toutes les façons, sont difficiles à expliquer.

La chasse aux spéculateurs

Certaines grandes surfaces sont-elles devenues productrices, ou ont-elles fait le choix de vendre des produits qu’elles font fabriquer exclusivement pour elles ? Dans ce cas, comment calcule-t-on la marge ? Quelle est la part, l’avantage du consommateur? Peut-on dire que cela aide cette clientèle qui fonce tête baissée pour grouper ses achats et, en même temps, bénéficier de la confiance qu’accorde telle ou telle firme ? Indépendamment de cet aspect de la question, a-t-on le droit de bénéficier d’une double marge ? Personne ne le sait et comme ceux qui ont pour mission d’étudier le marché et ses changements pour défendre les consommateurs n’ont pas encore pris position à ce propos, il est difficile  de se prononcer sur cette question, tout en sachant que les remous que vit le pays incitent aux dépassements et que ceux qui font la chasse aux spéculateurs sont ceux-là même qui devraient s’occuper de ce genre de dépassements.

L’Organisation tunisienne d’informer les consommateurs (Otic) a fait paraître dernièrement un communiqué demandant l’application stricte et sans faiblesse de la loi  du 20 mars 2022 relative à la lutte contre la spéculation et les manipulations des factures émises au niveau des marchés de gros, d’intensifier la lutte contre les dépôts anarchiques, tout en appelant à fixer des prix plafonds pour un certain nombre de marchandises de première nécessité. Il est vrai que les concentrés de tomates se sont inexplicablement envolés, que les huiles végétales connaissent turbulences et arnaques récemment dévoilées, en dépit d’une nette baisse pour l’une d’entre elles, que les bananes que l’on continue d’importer malgré la situation de notre balance commerciale sont hors de prix, tout comme les agrumes, dont nous sommes producteurs, sont devenus des fruits presque hors de portée. Ne parlons pas des dérivés du lait comme le yaourt ou les fromages de marques locales qui sont rangés, depuis un bon bout de temps, au rang des souvenirs,  pour une bonne frange de la population et ceux qui sont dans l’incapacité d’en acheter, non pas pour les déguster mais par obligation médicale.

La taxe de 100 millimes !

Nous avons assisté, tout à fait par hasard, à une scène qui en dit long sur ce qui ressemble plus à un harcèlement qu’imposent certains fabricants de yaourts aux consommateurs, qu’à autre chose : un gamin tendait à la caissière neuf cent millimes pour acheter un yaourt. Elle lui a demandé cent millimes de plus pour avoir son ticket de caisse qui, automatiquement, quel que soit le produit acheté, répercute la nouvelle taxe instaurée. Il ne les avait pas. Il abandonna le pot et s’est faufilé vers la sortie.

Cette taxe, si  elle  aide le pays à sortir la tête de l’eau, c’est tant mieux. Mais il faudrait, après avoir dressé le bilan de cette nouvelle expérience,  essayer de l’étudier, en fixant un prix plancher pour lequel cette taxe est applicable. Il est également judicieux que les commerces de produits alimentaires de luxe appartenant à de véritables chaînes s’y soient alignés. Les grandes surfaces ont un rôle de premier plan à jouer dans cette phase délicate. Le minimum de solidarité leur est demandé. Elles ont le moyen de le faire.

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