Abstraction faite de toutes les considérations liées à la liberté d’expression et aux questions de la censure, il est évident que ce qui se passe au niveau de la production de fictions «tunisiennes » ne peut laisser indifférent.
Le téléspectateur est, depuis une dizaine d’années, la cible préférée des chaînes privées qui ont investi l’espace audiovisuel et imposé un modèle de programmes et de «créations» vraiment trop suspects.
Travail de matraquage
Ces chaînes jouissent d’une très grande marge de liberté qui n’est pas exploitée à bon escient et va, même, à l’encontre des intérêts des téléspectateurs. L’impression qui se dégage des orientations suivies par ces médias c’est, surtout, celle de l’allégeance à des parties qui n’ont rien à voir avec les aspects culturels et de l’élévation du niveau intellectuel des Tunisiens.
Pire, ils font tout à fait le contraire. Leurs agendas sont on ne peut plus clairs. Ils ont, effectivement, une mission. Celle de tout faire pour déstructurer la société tunisienne en la frappant dans ce qu’il y a de plus symbolique, à savoir les jeunes et la famille. Ce travail, malheureusement, a bien été mené tout au long de ces tristes années à travers des programmes d’une débilité déconcertante et des émissions pitoyables au plus haut degré.
Les responsables de ces chaînes ont réussi, grâce à leur matraquage et à des ressources financières aux origines inconnues, à formater les goûts de nombreux foyers et à les préparer à accepter toutes les fadaises qu’ils leur offrent.
La première étape de leur travail de sape finie, ils passent la vitesse supérieure. Celle qui consiste à s’attaquer au vif du sujet. Et là, il n’y a pas mieux que l’école. Le feuilleton dont on parle actuellement et qui a soulevé une grande polémique n’est rien face à ce qui se prépare.
Ces chaînes ont tous les moyens pour arriver à leurs fins. Elles disposent d’un terrain très favorable leur permettant de mettre en œuvre tous leurs projets sans pour autant être inquiétées. Tout est de leur côté. Il n’y a qu’à voir la levée de boucliers en faveur de la liberté d’expression et de création pour comprendre que ces gens surfent sur ces vagues avec assurance. Rien n’est en mesure de les arrêter ou de mettre fin aux dérives dont ils sont capables. Tout l’arsenal juridique et éthique est en leur faveur.
Par contre, aucune force n’est capable de s’opposer à leurs desseins. Car nos soi-disant élites sont pour ces valeurs de liberté, etc. Sans avoir vu cette production décriée, on est en mesure d’affirmer que derrière, il y a cette idée malveillante de nuire à l’institution éducative. Il n’y a pas le moindre doute. On propose aux jeunes des scènes violentes comme l’ont assuré ceux qui ont vu le feuilleton.
Or, ces jeunes ne sont pas bien préparés à faire la part de la fiction et de la réalité. Le risque de l’amalgame est élevé. Ces télévisions privées ont causé des dégâts dans les familles tunisiennes. Elles les ont quasiment domestiquées en leur fournissant leur «nourriture » infecte et en les poussant à s’habituer à toutes les stupidités qu’on leur débite.
Crimes et liberté !
Il est inacceptable de continuer à subir de telles œuvres sous prétexte qu’elles relèvent de la liberté de création et d’autres insinuations. Cela nous rappelle la célèbre réplique “liberté, que de crimes on commet en ton nom!”. Elle fut prononcée par une victime du régime de la Terreur en France au XVIIIe siècle.
Malheureusement, nos chaînes publiques n’échappent pas à cette mode. On voudrait, toutefois, rappeler à tous ceux qui s’enflamment contre les Tunisiens qui rejettent de telles productions que ce qu’ils appellent «création artistique» ou «ibdaa» n’est en fait que lubies. Ces gens veulent réaliser des projets qui ne touchent ni de près ni de loin le téléspectateur. Ce ne sont que des desseins personnels fantaisistes. Et ce qui est étrange, c’est qu’ils se sentent satisfaits de leur travail.
On est tous d’accord pour encourager tout ce qui est tunisien. Mais pas à n’importe quel prix. D’ailleurs, on ne comprend pas pourquoi il n’y a que des scènes de violence (tant au niveau de l’action qu’au niveau du langage et du lexique vulgaire utilisé à longueur des feuilletons).
Notre étonnement est d’autant plus grand quand on ne voit que des histoires de drogue, de délinquance et de tous les maux sociaux. On ne comprend pas, non plus, ce trop-plein de liberté dont usent les scénaristes qui ne tiennent compte ni de nos habitudes ni de nos traditions. Enfin, ces gens n’ont, apparemment, aucune conscience de leur noble mission. Celle-ci consiste, entre autres, à contribuer à affiner les goûts.
Dernier rappel. Le téléspectateur s’attend à être mieux servi et, surtout, qu’on ne se moque pas de lui sous des prétextes fallacieux.
Ce qui est proposé par ces chaînes TV (y compris les chaînes publiques) est inapproprié. Il relève du cinéma d’art et d’essai uniquement destiné à être projeté dans les salles de cinéma et non sur nos petits écrans.
Le téléspectateur tunisien a beaucoup plus besoin de programmes de divertissement et de sitcoms qui l’aident à surmonter les difficultés du quotidien et non d’élucubrations qui ne font qu’exacerber sa souffrance et son stress. Rien dans ces productions ne reflète le quotidien de ce téléspectateur. Celui-ci ne se retrouve pas dans ces scènes emberlificotées et ces discours distordus.