Accueil Actualités Accompagnement des PME | Moez Soussi, Expert en évaluation des politiques économiques et des projets, à La Presse : « les PME ont réussi à se positionner dans tous les secteurs de l’économie»

Accompagnement des PME | Moez Soussi, Expert en évaluation des politiques économiques et des projets, à La Presse : « les PME ont réussi à se positionner dans tous les secteurs de l’économie»

 

La conjoncture économique par laquelle passe le pays est accablante non seulement pour les PME et les porteurs de projets d’auto-emploi, mais aussi pour tout type d’entreprise désirant investir. En effet, sur le plan macroéconomique, les déterminants de l’investissement, à savoir le taux d’intérêt, le niveau de revenu par tête et le taux de croissance ne sont pas favorables pour une dynamique d’investissement.

Quelles sont les principales difficultés auxquelles sont confrontées aujourd’hui les PME et les porteurs de projets d’auto-emploi pour décrocher un financement auprès des banques ?

Les rapports sur les PME en Tunisie qui fournissent des données et des analyses sur l’état du secteur et les défis auxquels sont confrontées les entreprises sont assez nombreux.  Nous pouvons citer le cas du rapport sur l’état des PME en Tunisie (2019) réalisé par le ministère de l’Industrie et des PME qui, en plus d’avoir fourni des données sur le nombre d’entreprises, leur répartition géographique, leur taille et leur secteur d’activité, identifient également les principaux défis auxquels sont confrontées les PME en Tunisie, à savoir : l’accès au financement, la concurrence étrangère et la lourdeur administrative.

A son tour, la Banque africaine de développement (BAD) a réalisé en 2020 une étude sur la compétitivité des PME tunisiennes. Cette étude a fourni une analyse de la compétitivité des PME tunisiennes. Elle a identifié les principaux facteurs qui limitent la compétitivité des PME en Tunisie, notamment la faible productivité, le manque de formation et de compétences, le faible accès au financement et la faible utilisation des technologies numériques.

La Banque mondiale a élaboré un rapport sur le climat des affaires en Tunisie en 2020 afin de réaliser une analyse du climat des affaires en Tunisie, y compris pour les PME. Les principaux obstacles qui limitent l’investissement et la croissance des entreprises en Tunisie s’identifient aux restrictions réglementaires, à la corruption, au manque d’infrastructures et aux défis liés à l’accès au financement.

La Société financière internationale (SFI) a à son tour réalisé en 2021 une étude sur le financement des PME en Tunisie. L’analyse de l’accès au financement des PME en Tunisie a fait ressortir que les principaux défis sont liés à l’accès au financement.

Il est clair que toutes les études portant sur la situation des PME en Tunisie mettent en exergue le problème d’accès au financement et le considèrent en tant que facteur très contraignant impactant négativement la compétitivité des PME. En plus des difficultés structurelles, la conjoncture économique par laquelle passe le pays est à son tour accablante non seulement pour les PME et les porteurs de projets d’auto-emploi, mais aussi pour tout type d’entreprise désirant investir. En effet, sur le plan macroéconomique, les déterminants de l’investissement, à savoir le taux d’intérêt, le niveau de revenu par tête et le taux de croissance ne sont pas favorables pour une dynamique d’investissement. Sur le plan climat des affaires, la situation n’apparaît pas meilleure. Selon la 21e enquête annuelle menée par l’Institut de la compétitivité et des études quantitatives (Itceq) portant sur le climat des affaires et la compétitivité des entreprises, dont le rapport est rendu public en février 2022, le financement bancaire, dont le score s’établit à 38.6 points sur 100, constitue une contrainte structurelle selon les chefs d’entreprise. Ce financement représente un obstacle majeur qui entrave le développement de l’activité de l’entreprise.

Dans le même sens d’idée, la Banque mondiale élabore une base de données portant sur la facilité de faire les affaires en mesurant des indicateurs portant sur 10 domaines, y compris « l’obtention de prêt ». Cette base classe la Tunisie dans un rang de 104 sur 190 pays avec un score de 50 points sur 100. Ce qui complique les choses, c’est que dans le domaine création d’entreprise, la Tunisie est classée 19e, témoignant d’une incohérence entre les procédures de facilitation de la création d’entreprises et les blocages au niveau de l’accès au financement.

Il y a lieu de souligner que les petites entreprises et essentiellement les nouveaux porteurs de projets sont les plus confrontés aux difficultés de financement. Parmi eux, selon l’enquête de l’Itceq, 76% considèrent le coût du crédit comme une contrainte majeure. En creusant davantage sur les causes à ces difficultés d’accès au financement pour les PME et les porteurs de projets d’auto-emploi, nous pouvons citer les principales causes suivantes : manque de garanties : les banques exigent souvent des garanties pour accorder un prêt, telles que des biens immobiliers ou des comptes bancaires importants. Les PME et les porteurs de projets d’auto-emploi peuvent avoir du mal à fournir de telles garanties, ce qui rend le processus de demande de prêt plus difficile. Le rôle de la Sotugar pour appuyer la participation à l’autofinancement ne permet pas de répondre à tous les besoins et ne peut pas couvrir tous les domaines d’investissement, notamment ceux dans les nouvelles technologies.

Une faible historique de crédit et incohérence du dispositif institutionnel du financement : les nouvelles créations et start-up peuvent avoir une histoire de crédit limitée ou inexistante, ce qui peut rendre les banques réticentes à leur accorder un prêt. Il faut encore souligner que les banques ne sont pas les institutions de crédit les mieux appropriées pour financer les créations, notamment des petites entreprises. Il faudrait plutôt disposer d’un tissu d’institutions monétaires non bancaires spécialisées dans le financement des activités innovantes et à risque élevé, à savoir les Sociétés d’investissement à capital risque (Sicar).  Les Sicar par définition stimulent l’innovation et la création d’emplois en offrant des fonds propres aux entreprises qui ont un potentiel de croissance élevé, mais qui rencontrent des difficultés à trouver du financement auprès des banques ou des investisseurs traditionnels. Pour la Tunisie, les Sicar ne sont que des prolongements aux institutions bancaires mères et ne remplissent pas leurs vraies missions. Un endettement élevé : les banques peuvent être réticentes à prêter de l’argent à des PME qui ont déjà un niveau d’endettement élevé, car cela augmente le risque de défaut de paiement. Selon la Banque centrale de Tunisie en 2020, le taux d’endettement moyen des PME est d’environ 44% du chiffre d’affaires, ce qui témoigne d’une forte vulnérabilité des PME à l’égard des conditions de l’emprunt et du coût de financement. Un plan d’affaires inadéquat : les banques peuvent examiner attentivement le plan d’affaires des PME ou de porteurs de projets d’auto-emploi pour évaluer la faisabilité et le potentiel de succès du projet. Si le plan d’affaires est inadéquat ou s’il contient des lacunes, cela peut rendre difficile l’obtention d’un financement.

Un contexte économique difficile : dans un contexte économique difficile, les banques peuvent être plus strictes en matière de prêts et moins disposées à prendre des risques sur des projets qui pourraient ne pas être rentables ou stables à long terme.

En somme, les PME et les porteurs de projets d’auto-emploi rencontrent dans le contexte actuel plusieurs obstacles pour élaborer un plan d’affaires solide et crédible permettant d’augmenter leurs chances de réussite dans la recherche de financement.

Malgré ces défis, il existe des initiatives pour soutenir le financement des PME en Tunisie, telles que le Programme de soutien au financement des PME (PSF-PME) mis en place par la Banque européenne d’investissement, en collaboration avec des banques tunisiennes, qui offre des prêts aux PME à des taux d’intérêt avantageux et avec des conditions de remboursement flexibles. Il existe également des institutions de microfinance en Tunisie qui peuvent offrir des prêts plus petits et plus accessibles aux porteurs de projets d’auto-emploi et aux petites entreprises.

Quels sont, d’après vous, les facteurs de blocage qui persistent toujours chez les entrepreneures et au sein des PME ?

Il faut rappeler que le tissu des PME représente plus de 90% de l’ensemble des entreprises en Tunisie. Malgré tous les obstacles, les PME ont réussi à se positionner dans tous les secteurs de l’économie et à remplir un rôle primordial dans la création de la richesse et de l’emploi.  En revanche, les capacités restent bridées à cause de plusieurs facteurs de blocage, dont nous citons : la bureaucratie et la complexité des procédures administratives, la création et la gestion d’une entreprise en Tunisie peuvent être entravées par la complexité des procédures administratives, qui peuvent décourager les entrepreneurs et les PME. Les PME tunisiennes doivent généralement faire face à une réglementation complexe et à un processus administratif souvent long et fastidieux. Les délais pour obtenir des permis et des autorisations sont souvent longs, ce qui peut décourager les entrepreneurs et ralentir la croissance des entreprises. En consultant le rapport de l’Index of Economic Freedom 2021, publié par Heritage Foundation, la Tunisie est classée 96e sur 178 pays évalués en termes de liberté économique. Le score de la Tunisie est de 59,7 points sur 100, ce qui la place dans la catégorie des économies «modérément libres».

La faible qualité de l’éducation entrepreneuriale se focalise sur les programmes éducatifs en Tunisie qui ne mettent pas suffisamment l’accent sur l’éducation entrepreneuriale, ce qui peut conduire à un manque de connaissances et de compétences nécessaires pour créer et gérer une entreprise.

Le manque de soutien des réseaux d’entrepreneuriat : les entrepreneurs et les PME peuvent bénéficier d’un soutien supplémentaire de la part des réseaux d’entrepreneuriat, tels que des incubateurs, des accélérateurs ou des associations d’entrepreneurs, mais ces ressources ne sont pas toujours disponibles ou accessibles en Tunisie.

A votre avis, quelles sont les pistes et solutions concrètes à même de relancer le financement de ces différentes catégories d’entrepreneurs ?

Bien évidemment, les solutions existent par rapport à ce que nous avons développé plus haut, et pour être méthodique, nous les présentons sous forme de réponses aux problèmes que nous avons soulevés. Il faut juste insister sur le fait que relancer l’investissement en général et l’entrepreneuriat dans les PME en particulier ne doit pas se contenter de mesures standard et macroéconomiques. Il est nécessaire d’insister sur des pistes et solutions concrètes qui répondent aux différentes catégories d’entrepreneurs et qui tiennent compte des spécificités des secteurs.

Premièrement, il est urgent de simplifier les procédures administratives et de réduire la bureaucratie pour faciliter la création et la gestion d’entreprises. L’état d’esprit qui domine l’administration est d’être « le commis de l’Etat », alors que le business et le monde des affaires ont plutôt besoin d’une administration réactive, active et branchée solution.

Deuxièmement, il faut promouvoir l’accès au financement par la mise en place de programmes de garantie de prêt, de subventions ou de prêts à taux d’intérêt réduits notamment pour les nouveaux porteurs de projets à défaut de garantie matérielle et investissant dans les activités innovantes. Les créations de plateformes de financement participatif peuvent être d’un grand intérêt pour apporter un financement dans un esprit de mutualisation.

Troisièmement, il est obligatoire de favoriser l’éducation entrepreneuriale. Dans ce cadre, il est nécessaire de renforcer les programmes éducatifs pour inclure une éducation entrepreneuriale et acquérir des compétences en matière d’étude et de montage de projets. Cela accorde plus de chance d’élaborer des études bancables respectant la viabilité technique et financière et facilitant en conséquence l’accès au financement.

Quatrièmement, le développement des réseaux d’entrepreneuriat, tels que des incubateurs, des accélérateurs et des associations d’entrepreneurs pour offrir aux entrepreneurs un soutien supplémentaire. Le réseau entrepreneurial doit s’ouvrir sur le nouvel élan que peut offrir l’Economie sociale et solidaire en présentant des modèles d’affaires type et en créant des moyens de financement adéquats.

Cinquièmement, lutter contre les stéréotypes de genre. Réellement, la femme entrepreneur n’a pas les mêmes chances que son collègue homme. Il est indispensable de continuer à sensibiliser le public et les institutions à l’importance de l’égalité des genres dans le domaine de l’entrepreneuriat et la nécessité de lutter contre toute forme de discrimination.

Sixièmement, encourager la coopération entre le secteur public et le secteur privé pour soutenir les entrepreneurs en offrant des partenariats public-privé, des subventions et d’autres formes de soutien financier et technique. De notre point de vue, la mise en place de ces solutions peut contribuer non seulement à relancer le financement des différentes catégories d’entrepreneurs, mais en plus à soutenir la croissance et la création d’emplois.

Quel regard portez-vous sur les principales mesures initiées par le gouvernement en vue de soutenir et accompagner les PME impactées par les crises successives (Covid-19, guerre en Ukraine, crise économique et financière en Tunisie…) ?

Le Covid-19 a eu un impact significatif sur les PME en Tunisie, comme dans de nombreux pays du monde. La cause principale revient à la réduction de l’activité économique à la suite du confinement et aux restrictions de déplacement, en particulier dans les secteurs qui concernent en grande partie les PME, tels que le tourisme, le transport, la restauration et le commerce de détail. Pour cause, les PME ont connu des difficultés de trésorerie en raison de la baisse de leur chiffre d’affaires et de l’augmentation des coûts fixes. Ces difficultés ont été exacerbées par des retards de paiement des clients et des fournisseurs.

Les PME ont été obligées de réduire le personnel provisoirement et définitivement pour faire face à la baisse de leur activité. Pis encore, les banques ont durci les conditions d’octroi de crédit en raison de l’incertitude économique causée par la pandémie.

Avant de pouvoir se rétablir des conséquences de la pandémie, la guerre russo-ukrainienne s’est déclenchée en 2022 pour perturber les équilibres déjà fragiles aux plans des échanges de produits alimentaires, des céréales et de l’énergie. L’impact sur les PME se transmet principalement par les perturbations des échanges commerciaux et de fluctuation des prix des matières premières et des produits finis.  La guerre a perturbé les chaînes d’approvisionnement internationales, entraînant des retards et des coûts supplémentaires pour les entreprises tunisiennes. Cela a également eu un impact sur les exportations tunisiennes, car certains pays impliqués dans le conflit ont réduit leurs importations.

Face à ces impacts, le gouvernement tunisien a mis en place plusieurs mesures pour soutenir les PME. Ces mesures comprennent des subventions, des reports d’échéances fiscales et sociales, des facilités de financement et d’autres mesures visant à encourager l’investissement dans les PME. Est-ce que ces mesures ont été suffisantes ? Bien sûr que non ! Compte tenu de l’ampleur des problèmes et du manque des ressources de l’Etat qui, lui encore, souffre de grands déséquilibres budgétaires.

Il faut tout de même rappeler qu’avant le Covid-19, les PME connaissaient des crises profondes et structurelles résultant de politiques industrielles inappropriées qui n’ont pas misé sur la compétitivité structurelle et la valorisation du capital humain. Les PME tunisiennes s’implantent généralement dans des domaines à faible valeur ajoutée et ne réussissent pas à mettre en œuvre un plan efficace de transfert technologique et de soutien à l’innovation.

Avant même l’apparition de la pandémie en 2020 et en référence aux statistiques de l’Agence pour la promotion de l’industrie et de l’innovation en 2018, il a été confirmé que 1.868 institutions ont été fermées entre 2011 et 2015, ce qui a entraîné la perte de plus de 100.000 emplois, principalement en raison de plusieurs facteurs, notamment la hausse excessive du taux d’intérêt, la croissance du marché parallèle, la montée de la pression fiscale, la détérioration de l’échelle sociale, la baisse de la valeur du travail, l’effondrement du dinar, la non-maîtrise de l’inflation, la croissance de la bureaucratie et de la corruption…etc.

Naturellement, la pandémie du Covid-19 a aggravé l’ampleur de la crise et ses répercussions. Dans les circonstances de la crise, l’Etat s’est empressé de prendre un certain nombre de mesures circonstancielles pour en limiter les effets, mais la stagnation et la récession se sont prolongées, et les difficultés se sont enchaînées avec l’émergence de vagues fréquentes de la pandémie. Le gouvernement s’est empressé de prendre 23 mesures, dont les objectifs peuvent être classés aux points suivants, dont il faut veiller à réduire la charge financière des établissements (retarder le dépôt des déclarations fiscales, rééchelonner les dettes fiscales sur une durée de sept ans, suspendre les pénalités de retard…), permettre aux établissements d’obtenir des prêts pour fournir les liquidités nécessaires, créer un mécanisme de garantie des nouveaux prêts au profit du secteur industriel sur une durée de sept ans, dont un différé de deux ans d’un montant de 500 millions de dinars.

Il faut allouer une dotation additionnelle de 300 millions de dinars pour soutenir les ressources de la ligne d’appui et de paiement des petites et moyennes entreprises ainsi que créer un fonds d’investissement d’un montant de 500 millions de dinars, à l’initiative de la Caisse des dépôts et consignations, pour soutenir les institutions actives dans les domaines stratégiques qui préservent leurs travailleurs. Créer également un fonds d’investissement d’un montant de 100 millions de dinars, à l’initiative de la Caisse des dépôts et consignations, pour racheter les apports des fonds d’investissement au profit des entreprises actives dans les domaines stratégiques qui connaissent des difficultés.

Cependant, ces mesures financières n’ont pas été à la hauteur des attentes des PME et des enjeux auxquels elles sont confrontées. Elles sont circonstancielles et conjoncturelles et ne peuvent pas dans le contexte de crise et de l’urgence faire face à la situation des PME qui traversent des difficultés structurelles. En effet, plusieurs PME n’ont pas été éligibles au programme de sauvetage offert. Le retard dans l’entrée en vigueur de ces procédures a perturbé davantage la situation financière des institutions. Restreindre la possibilité de bénéficier de prêts aux établissements classés en section zéro ou en section un, c’est-à-dire aux établissements qui n’ont pas le moindre problème au niveau de l’allégement de la dette. Quant aux établissements classés en deuxième section, elles sont traitées au cas par cas. Cela accorde aux banques un pouvoir discrétionnaire qui ne répondrait pas toujours à la logique et aux impératifs des PME. En conséquence, de nombreuses PME ont été exclues du programme prévu.  Il faut limiter la restructuration aux subventions et au rééchelonnement des dettes bancaires, et si cette approche offre à l’institution une nouvelle opportunité de rembourser ses dettes, elle ne la décharge pas des lourdes charges financières. Il en résulte que la banque est la principale bénéficiaire de cette procédure qui lui permet d’apurer les anciennes dettes ou une partie importante d’entre elles, de recalculer et d’échelonner une nouvelle dette.

Globalement la portée limitée de ces mesures n’a pas aidé les PME à surmonter les défis post-Covid, d’autant plus que la scène économique au niveau international s’est empirée à cause de la guerre russo-ukrainienne face à laquelle l’Etat n’a pas pris de mesures particulières au profit des PME.

Les PME sont-elles disposées, aujourd’hui, à faire face aux défis du monde économique ?

Les PME tunisiennes sont confrontées à de nombreux défis économiques qui peuvent rendre leur compétitivité difficile. Cependant, il ne faut pas ignorer qu’elles disposent également de nombreux atouts qui peuvent les aider à faire face à ces défis. En effet, la Tunisie dispose de secteurs porteurs, tels que le textile, l’agroalimentaire, l’énergie renouvelable, les TIC, l’artisanat et le tourisme. Les PME tunisiennes peuvent ainsi profiter de ces secteurs pour développer leur activité et conquérir de nouveaux marchés. Il faut souligner que les besoins de raccourcissement des chaînes de valeurs qui s’imposent à l’Europe à la suite de la pandémie et de recherche de l’autonomie énergétique à la suite de la séparation russe soufflent du vent en poupe en faveur de l’industrie tunisienne et des PME.

Les PME tunisiennes ont généralement des compétences techniques prouvées et une main-d’œuvre habile et qualifiée. Elles peuvent ainsi produire des biens et des services de qualité, ce qui peut leur permettre de se différencier de leurs concurrents et de gagner des parts de marché. Malgré les difficultés d’accès au financement, les PME tunisiennes peuvent bénéficier d’un soutien financier rapide et efficace si une stratégie claire est élaborée et mise en place par le gouvernement tunisien et en s’appuyant sur des lignes de financement bien ciblées auprès des bailleurs de fonds nationaux et internationaux.

Cependant, les PME tunisiennes sont également confrontées à des défis, tels que la concurrence internationale, l’accès aux financements, la lourdeur administrative, la corruption et les problèmes d’infrastructure. Il est donc important que le gouvernement tunisien continue à mettre en place des politiques publiques et des dispositifs d’accompagnement pour aider les PME à surmonter ces défis et à se développer.

Selon vous, que faudrait-il mettre en place pour un développement plus soutenu des PME ?

Le développement soutenu des PME s’articule d’un côté autour de la nécessité de solutionner les problèmes structurels que nous avons mentionnés plus haut et qui sont liés à la capacité de l’offre, à l’intégration du progrès technique et au positionnement sur des chaînes de valeur à haute valeur ajoutée.

D’un autre côté, les PME doivent être capables de solutionner les difficultés liées au cycle d’exploitation, à la gestion de trésorerie et à l’accès au financement. Les PME doivent détenir des compétitivités prix et hors-prix pour être capables de saisir les opportunités qui s’offrent en investissant dans les nouvelles technologies, la transition énergétique, le développement informatique. Elles ont besoin d’intégrer la technologie, de développer les compétences en ressources humaines et de disposer d’un dispositif et des outils de financement appropriés.

Il faut rappeler que les PME, malgré les difficultés confrontées, ont fait preuve d’efficacité et de performance pour asseoir un modèle d’économie diversifié et résilient. En revanche, elles auront toujours besoin de programmes d’appui bien ciblés et pertinents mettant le sort des PME et leurs performances comme un objectif primordial lors des négociations des accords régionaux et territoriaux.  A titre d’exemple, les négociations entre la Tunisie et ses partenaires doivent respecter les impératifs de développement des MPE en tenant compte de l’accès aux marchés, des besoins en matière première et d’intégration du progrès technique. Les PME doivent être au centre des stratégies de développement car elles représentent la cheville ouvrière pour garantir la création d’emplois et réaliser une croissance durable et inclusive.

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