Passé des réseaux sociaux à la scène avec son one man show, Mahdi Bachtarzi cultive un vrai talent d’humoriste qui a de l’avenir. Avant son spectacle à Nabeul dans le cadre de la manifestation «Romdhane fi Jeelen2» à Jeelen Art à Nabeul, le 14 mars, il nous a accordé cet entretien.
Vous avez démarré sur les réseaux sociaux avant de passer sur scène… C’est un déménagement psychologique pour vous… Comment l’avez-vous vécu ?
C’est un vrai switch que de passer des réseaux sociaux à la scène, mais il y a eu un vrai travail de fond qui s’est effectué en crescendo. Ce que je trouve remarquable, c’est que nous avons gardé l’esprit de ces vidéos de départ appréciées par les gens. J’essaie de reprendre ce travail mais de manière revisitée et plus propice au «live». Je parle de mes aventures, de Mahdi qui est passé des années collège aux années lycée puis à la faculté avec cette nostalgie toujours présente et j’essaie d’avoir un regard sur moi-même, sur la société tunisienne. Un regard basé sur l’autodérision.
Votre passage en live s’est-il accompagné par le trac, puisque au départ vous vous cachiez derrière une caméra ?
Maintenant, je suis éjecté au-devant de la scène, devant un public. C’est une double responsabilité. Cela dit, ce qui m’a aidé c’est mon expérience d’animateur radio à Express FM et à Rtci. Pour moi, c’est une continuité mais il y a toujours le trac…
Vous croquez parfaitement le portrait du bipède tunisien…
Le Tunisien a une personnalité particulière faite de contraste d’un bout à l’autre. C’est une ambivalence très tunisienne qui n’est pas de la schizophrénie mais c’est culturel et paradoxal ou paradoxalement culturel. Cette mixité nous donne une identité propre à nous et qui est unique.
C’est très difficile de faire rire les gens en ces temps durs… Où allez-vous puiser votre inspiration ?
C’est dans les personnages de tous les jours. Mon inspiration je la trouve dans mon caractère observateur. J’essaie de guetter chaque détail et j’appréhende les choses avec beaucoup de minutie. J’ai une sorte de scalpel social.
Aujourd’hui, les mots risquent d’être interprétés de mille façons… Comment vous manipulez vos mots pour ne pas tomber dans le racolage humoristique ?
Aujourd’hui, on ne peut pas rire de tout. Je suis assez regardant à ce que j’écris et à ce que je dis. Je respecte toutes les catégories d’âge qui suivent mes spectacles, surtout les adolescents qui sont influençables. J’essaie d’être correct tout en disant ce que j’ai à dire. L’humour est aussi une manière d’éduquer un peuple.