Mise en œuvre du projet « Sehaty » dans les régions : Des initiatives salvatrices

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Souvenons-nous encore du fameux plan de réforme sanitaire, théoriquement engagé il y a six ans et resté sans suite, au temps de Mohamed Salah Ben Ammar, alors ministre de la Santé dans le gouvernement Mehdi Jomâa ? C’était, donc, un grand chantier «ambitieux» raté.

Près de deux millions de Tunisiens n’ont aucune couverture sanitaire, alors que presque trois quarts de la population ont du mal à avoir accès à des soins de qualité dans nos hôpitaux. Toutefois, l’on paye assez cher des consultations médicales et on continue à consommer des médicaments coûteux, voire hors de portée. Ceci fait état d’un vieux constat, maintes fois dénoncé, mais qu’on n’arrive pas à améliorer.

Un secteur à deux vitesses

Et combien de fois la corporation est sortie de ses gonds et a hissé haut la voix, sans succès. Sur la même lancée, la société civile avait, elle aussi, agi pour le bien-être du pauvre patient, lequel étant, plus souvent, le maillon faible de la chaîne. L’Association tunisienne de défense du droit à la santé (Atdds) n’a épargné aucun effort pour attirer l’attention sur ce problème de santé publique. Elle n’a pas, également, manqué de remettre en cause un système de santé à deux vitesses. Mais rien n’a changé. Sans même lever le petit doigt, le ministère de tutelle semble sombrer dans une inquiétante léthargie. Seules certaines organisations nationales ont, à chaque fois, pris des initiatives salutaires et fait en sorte que nos hôpitaux puissent fournir les soins nécessaires. On ne badine pas avec la santé du citoyen ! Dans cette optique, trois organisations, à savoir Médecins du monde, Mourakiboun et Cideal, en partenariat avec le ministère de la Santé et avec le soutien financier de l’Union européenne en Tunisie, ont annoncé, il y a à peine deux jours, le lancement de 12 projets associatifs soutenus par le projet «Sehaty (ma santé)», auxquels est allouée une enveloppe de 2 millions de dinars. Inscrits dans le cadre du programme «Essaha Aziza», ces chantiers visent, selon leurs maîtres d’œuvre, «à améliorer la santé des Tunisiens et Tunisiennes par un meilleur accès à des services de santé primaire de qualité ». Engagé sous les auspices des directions régionales de la santé et les délégations régionales de l’Onfp, «Sehaty» profitera à 500 mille personnes. Ainsi, l’objectif consistera à améliorer la santé de la population dont celle plus vulnérable, en lui assurant le droit d’accès à des prestations médicales de qualité.

Une vingtaine de régions bénéficiaires

De par ces projets, Médecins du monde et ses partenaires comptent parcourir les quatre coins du pays et débarquer dans une vingtaine de régions de la Tunisie. Et la caravane multidisciplinaire a tendance à sonder le terrain, afin d’identifier les besoins et mieux cerner les carences dont souffrent ces régions. La médecine de spécialité y a toujours été le parent pauvre. Au total, trois thématiques sont choisies pour mener à bien cette douzaine de projets : droits et santé sexuelle et reproductive, santé mentale et soutien psychosocial, inclusion du genre et du handicap. A Jendouba, au Kef, à Tataouine, à Sousse, à Kairouan, à Gafsa et Tozeur, à Zaghouan, à La Manouba, à l’Ariana, à Nabeul, à Djerba, à Sfax et à Tunis, à Gabès et à Zarzis, la formation et la sensibilisation seront de mise. Il y aura également des consultations mobiles et à domicile sur le suivi de grossesse et la contraception, des ateliers sur la santé sexuelle, reproductive et mentale et bien d’autres activités de soutien, de prise en charge et d’accompagnement à l’intention des femmes en situation de précarité socioéconomique et des adolescents déprimés. Ce sont de véritables projets d’assistance médicale qui tentent de rapprocher les soins de ceux qui en ont besoin. Au terme d’une conférence de presse, tenue jeudi dernier à Tunis, Lucie Jaeger, coordinatrice du projet Sehaty, a déclaré: «La société civile joue un rôle clé pour améliorer l’accès aux soins de santé des populations les plus vulnérables, et pour lever les barrières qui les empêchent parfois de jouir pleinement de leurs droits». Un témoignage qui met du baume au cœur. De tels projets sont de nature à pousser le ministère à rétablir la carte sanitaire sur de nouvelles priorités et des besoins en équipements et spécialités médicales qu’on ne trouve aucunement ou pas assez dans plusieurs régions. Faute d’intervention à temps ou d’assistance médicale en urgence, les cas de mort fatale sont légion. C’est que notre santé ne se porte pas bien. Pourtant, on n’en finit pas de demander une réforme du secteur et une restructuration des institutions sanitaires. Il y a plus de dix ans que cela aurait dû être fait. Surtout que bien des recommandations furent formulées et annotées dans le livre blanc du secteur. Alors qu’il ne restait, à l’époque, que de passer à l’action. Mais, en vain, tout est parti en fumée.

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