Durant des décennies, ce culte s’est déroulé sans incidents, et bien au contraire, cet événement est devenu un marronnier pour les médias Tunisiens qui mettent chaque année à l’honneur la communauté juive et ses traditions. En dépit de l’attentat de la synagogue le 11 avril 2002, les visiteurs de ce lieu saint des juifs n’ont jamais été inquiétés par l’insécurité. Le pèlerinage annuel s’est toujours déroulé sans accrocs.
Terrible, tragique, honteux, criminel, terroriste, barbare, il n’y a pas mots assez intenses pour qualifier ce qui s’est passé. Évidemment il n’est pas possible de dire que la fête continue et que la vie normale sur l’île a repris son cours. Il serait indécent et irrespectueux envers les victimes et toutes celles et ceux qui ont vécu cet épisode de violence inouïe, que d’affirmer qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter.
Inutile de disserter longuement. Les faits sont là, un individu, appartenant à la garde nationale, dont on ne connait pas encore les motivations, a tiré sur son collègue, a dérobé son arme, s’est rendu aux alentours du lieu de pèlerinage juif d’El Gheriba à Djerba. Il a tiré sur des pèlerins et a fait plusieurs victimes. Terrible, tragique, honteux, criminel, terroriste, barbare, il n’y a pas mots assez intenses pour qualifier ce qui s’est passé. Évidemment il n’est pas possible de dire que la fête continue et que la vie normale sur l’île a repris son cours. Il serait indécent et irrespectueux envers les victimes et toutes celles et ceux qui ont vécu cet épisode de violence inouïe, que d’affirmer qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Évidemment que la Tunisie, comme d’ailleurs l’ensemble des pays du monde son face à des risques sécuritaires. En attendant les résultats de l’enquête, nous ne dirons jamais assez qu’une menace sournoise est toujours présente, celle du terrorisme et de ces fameux loups solitaires dont on ne sait jamais à quel moment ils passeront à l’action.
Ne pas dédramatiser, ne pas sombrer dans l’autoflagellation
Toutefois, l’élimination de l’assaillant avant que le bilan ne s’alourdisse témoigne de la préparation de nos forces de sécurité à tous les scénarios possibles et imaginables. Il faut dire que depuis une décennie au moins, la police et l’armée ont appris, au prix de dizaines de victimes, à gérer ces situations.
Sans dédramatiser, mais également sans tomber dans l’autoflagellation qui ferait le bonheur des plus extrémistes, il y a lieu de rappeler que le pèlerinage juif à la plus ancienne des synagogues du Maghreb est un événement annuel (suspendu quelques années seulement pour des raisons d’instabilité) qui attire des milliers de fidèles du monde entier, et quoi qu’on en dise, par des moyens parfois détournés, certains viennent même d’Israël.
Les fidèles, sous les auspices et la protection des autorités tunisiennes, célèbrent l’anniversaire du décès de deux rabbins très connus des juifs du Maghreb. Durant des décennies, ce culte s’est déroulé sans incidents, et bien au contraire, cet événement est devenu un marronnier pour les médias Tunisiens qui mettent chaque année à l’honneur la communauté juive et ses traditions.
En dépit de l’attentat de la synagogue le 11 avril 2002, les visiteurs de ce lieu saint des juifs n’ont jamais été inquiétés par l’insécurité. Le pèlerinage annuel s’est toujours déroulé sans accrocs.
Djerba terre de coexistence
Djerba, un modèle de tolérance et de coexistence le restera sans aucun doute encore pour des centaines d’années. Dans un étude intitulée « La synagogue de la Ghriba à Djerba. Réflexions sur l’inclusivité d’un sanctuaire partagé en Tunisie » réalisée en 2018, les chercheurs Dionigi Albera et Manoël Pénicaud écrivent : « le pèlerinage annuel est polysémique. Il se configure depuis au moins un siècle comme une célébration collective qui réunit et ressource une communauté juive régionale (surtout d’Afrique du Nord, auparavant ; plutôt tunisienne, avec ses prolongements diasporiques de nos jours), et en même temps il admet également la participation de fidèles appartenant à une autre religion (notamment des musulmans).
C’est ce conglomérat hétérogène que nous avons étudié, en essayant de montrer comment dans l’espace-temps de ce pèlerinage se dessine un champ qui permet aux contraires d’exister conjointement, en nourrissant une ambiguïté qui fait aussi la force et la richesse symbolique de ce sanctuaire…À côté de ces pratiques silencieuses, et souvent liées à l’intimité et au secret des cœurs, fleurissent les discours de fraternité judéo-musulmane ».
Mais un arbre qui tombe, fait malheureusement plus de bruit qu’une forêt qui pousse.