Accueil A la une Reportage – Le tourisme à Djerba : Un surbooking estival

Reportage – Le tourisme à Djerba : Un surbooking estival

Des hôtels pleins et des visiteurs remplissant les lieux de visite de Djerba viennent démentir un sombre pronostic avancé à la suite de la fusillade du 9 mai. Tout porte à croire que les annulations sont peu nombreuses et que la saison sera bonne.

Tant dans la zone touristique de Djerba où s’étendent les plages privées des hôtels que dans la médina de Houmet Essouk, le chef-lieu administratif de l’île, la présence plutôt massive des touristes étrangers viennent démentir les appréhensions exprimées il y a vingt jours d’annulations en masse visant la destination Tunisie. Au moment où une attaque perpétrée, le 9 mai dernier, par un sécuritaire aux abords de la synagogue millénaire de la Ghriba, lors du pèlerinage annuel juif, avait fait cinq morts et plusieurs blessés.


À Djerba, le sentiment que ce drame est bien loin domine actuellement. Notamment chez les touristes venus d’Allemagne, de France, de Pologne, d’Italie, des personnes majoritairement de troisième âge, qui ne se privent ni de baignades, malgré le temps frisquet, ni de promenades à l’intérieur des terres, ni de balades dans le circuit de Street art, nommé Djerba Hood. Ce parcours de fresques peintes en 2014 sur les murs d’Erriadh, à quelques mètres de la synagogue et rafraichies à l’occasion du Sommet de la francophonie en novembre dernier. Un vrai musée à ciel ouvert qui fascine toujours les visiteurs de toutes nationalités.

« Ne vous privez pas du charme de l’île ! »

« Nous connaissons actuellement une saturation des réservations à Djerba. Nous avons dû créer deux nouvelles maisons d’hôtes à Beni Khedache, de près de 100 lits, pour pouvoir accueillir les amoureux de l’ile. Tous les lieux de visite ont été sécurisés. Ne vous privez surtout pas de la beauté et du charme de Djerba », a déclaré, Said Ben Zayed, le Gouverneur de Médenine, à l’ouverture de l’assemblée générale de l’Alliance des agences de presse méditerranéennes (Aman), qui s’est tenue à Djerba les 24 et 25 mai. Le gouverneur s’adressait en particulier aux représentants des quinze agences de presse méditerranéennes présentes à cette rencontre.


Ces bons pronostics pour la saison estivale (juin, juillet et août) sont confirmés par plusieurs acteurs et animateurs du tourisme à Djerba. Car pour Ahmed Amine Turki, consultant auprès de quatre agences de voyage et guide national, les atouts de la Tunisie restent les mêmes : « Proximité géographique de l’Europe, régularité des vols, et prix très concurrentiels par rapport à d’autres destinations méditerranéennes ».
Ahmed Amine Turki, qui n’a pas quitté l’ile depuis plus de vingt jours, a continué à organiser ses excursions ici sans relâche.
« Rares sont ceux parmi mes clients, qui évoquent l’attentat. Aucun n’a demandé à son agence d’être rapatrié d’urgence », affirme-t-il.
Annulations uniquement parmi le marché Casher
René Trabelsi, fervent défenseur de l’ile, sa terre natale, ancien ministre du Tourisme et organisateur de voyages, rencontré le jour de notre départ à Djerba pour assister au colloque organisé dans le cadre de l’assemblée générale de l’AMAM (Voir notre article publié le 27 mai), le 23 mai, n’a pas quitté non plus la Tunisie depuis la fusillade de Djerba. Accompagné d’un groupe de touristes français d’une trentaine de personnes, il s’apprêtait à revenir à Djerba.
« Les conséquences de ce drame sont plutôt locales, concernant la communauté juive de la hara, car beaucoup parmi les juifs de Djerba étaient à la Ghriba le 9 mai. Les enfants notamment sont encore traumatisés et le gouvernement a dépêché des psychologues pour les prendre en charge. Certes, l’enquête avance très vite, il faudrait que ses résultats soient transparents. Il y a eu probablement une faille au niveau du renseignement ».

L’ancien ministre vient de rendre visite aux familles des deux policiers tués dans l’attaque : « En se sacrifiant, ils ont sauvé par leur courage et leur patriotisme, des dizaines et des dizaines de vies humaines. Leurs familles m’ont adopté ! ».
Réformer le secteur, revoir les produits
Spécialisé dans les séjours casher, René Trabelsi a relevé que c’est le marché juif qui a été impacté. « Nous avons enregistré des annulations pour ce weekend end de la pentecôte juive. Par contre l’autre filière formée de visiteurs d’autres communautés religieuses n’a pas connu de défections », fait-il remarquer.
Pour renforcer encore plus l’image d’une ile de paix et de solidarité deux évènements culturels auront lieu ici dans les prochains jours. « Djerba Labess », toute la journée du 4 juin, avec des spectacles de chant offerts entre autres par Saber Rebai et Alpha Blondy. Et la septième édition de « Djerba, Terre de paix et de tolérance », organisée à l’initiative de l’Association Hibiscus Djerba les 17 et 18 juin. Ce rendez-vous qui célèbre l’entente entre les trois religions monothéistes présentes sur l’ile avec ses soirées dansantes et chantantes, tombe à pic avec les circonstances actuelles.
« Certes, la reprise du secteur touristique se fait sentir. C’est peut-être le moment où jamais pour évoluer si nous voulons faire avancer nos produits. Il faudrait que les procédures administratives et les démarches pour obtenir des autorisations soient plus flexibles afin de permettre aux acteurs dans ce domaine d’animer les plages, les rues, les stations balnéaires, l’île entière. Le touriste ne vient plus pour rester confiné dans sa chambre ! », insiste René Trabelsi.

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